Jeux paralympiques 2022: Arthur Bauchet, le premier titre d’une longue série ?

Dès l’arrivée de la descente, Arthur Bauchet s’est tourné vers l’écran pour regarder son temps. Risqué quand on arrive à pleine vitesse et d’ailleurs, le français nous a presque gratifié d’un salto avant en percutant, derrière lui, les protections gonflables. "Ça montre où était mon esprit, vraiment tourné vers le résultat, rit-il. Le plaisir était à 100% sur la piste. J’ai plus pensé au résultat qu’à m’arrêter… mais bon, après, les matelas sont vachement agréables !"
Le tricolore de 21 ans, qui, "quoi qu’il arrive derrière, a déjà réussi [ses] Jeux", avait déjà à son palmarès quatre médailles paralympiques en argent, acquises à Pyeongchang, en 2018, à seulement 17 ans. "Ces Jeux sont dans ma tête depuis pas mal de temps. Ce titre, c’est ce qui me manque", disait-il avant la compétition. "C’est fou, entendre la Marseillaise, jubile aujourd’hui le jeune homme. Tout le monde est là pour ça. Tout le monde la cherche cette médaille d’or, et il n’y en a qu’une !"
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"Je sais que mes jambes en fin de Jeux ne seront plus les mêmes"
Et c’est aussi un soulagement pour le déjà septuple champion du monde, qui souffre d’une paraparésie spastique. Une maladie dégénérative. "C’est une atteinte de la moelle épinière, explique-t-il. Sous les genoux, je n’ai plus le réseau nerveux qui passe à 100%. Ça crée des faiblesses musculaires, mes muscles tremblent tout seuls en dessous des genoux et je ne contrôle pas. J’ai aussi de grosses douleurs type crampes qui viennent se rajouter." Et cela empire généralement au fil des efforts. C’est pourquoi il comptait "essayer de prendre ce qu’il y a à prendre dès le début, car je sais que mes jambes en fin de Jeux ne seront plus les mêmes". Il a même une trottinette électrique sur le site, qui "fait des jaloux", pour ne pas les fatiguer.
Détendu, le tricolore, qui ne marchait plus il y a huit ans et qui suit un lourd traitement, a donc passé une matinée de rêve. "Avant la course j’étais très bien. Là-haut j’ai même chanté, un dossard avant moi !" Bauchet a fredonné le titre de Casseurs Flowters… "Regarde comme il fait beau, dehors, il est temps d’aller jouer". "C’était vraiment ce qui correspondait à la situation", sourit celui qui a aussi eu le temps de faire une micro-sieste avant le départ et a laissé ses coachs écrire quelques blagues au marqueur sur ses mains.
Tout sourire, il lui reste quatre courses et autant de chances de médailles, pour boucler cette compétition mieux partie que jamais.