JO 2018: La drôle d'histoire de Bruno Massot, Français mais médaillé d'or pour l'Allemagne

Bruno Massot et Aliona Savchenko - (AFP)
Avant Pierre Vaultier, sacré en snowboardcroass, Bruno Massot aurait pu apporter à la France sa sixième médaille dans la nuit de mercredi à jeudi. Mais le natif de Caen (29 ans) a obtenu de pouvoir patiner pour l’Allemagne en octobre 2015 après un bras de fer de plusieurs mois avec les fédérations française et allemande.
Deux ans et demi plus tard, il est devenu champion olympique de la catégorie couples avec Aliona Savchenko, une patineuse d’origine ukrainienne, elle aussi naturalisée, après un programme libre exceptionnel. La formation du couple en 2014 avait créé des soubresauts. Car si le règlement international prévoit ce genre d'associations, il faut pour cela qu'une des deux fédérations lâche l'un de ses poulains. D'où le bras de fer, la France et l'Allemagne ayant chacune vu l'or briller dans son camp...
Massot a vécu "un rêve" pour ses premiers JO, "l’aboutissement d’une longue et difficile carrière". "Ça a été super dur, ça c’est sûr, a-t-il admis. Un petit Normand qui se retrouve en Allemagne et là, en Corée du sud, champion olympique. Ça a été une histoire très dure. Mais j’ai toujours été soutenu par toute ma famille, par ma fiancée."
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"Heureux de ne pas avoir laissé tomber"
Le natif de Caen a écarté l’idée d’une "revanche" après son bras de fer avec la Fédération française des sports de glace (FFSG), qui avait mis plus d’un an à lui octroyer la fameuse "release", une autorisation donnant la liberté à un athlète de changer de pays. Sans cela, impossible de se présenter en compétition ni de faire des galas, le gagne-pain des patineurs. "Je suis super heureux de ne pas avoir laissé tomber, a simplement apprécié Massot. Il y a eu beaucoup de moments difficiles. Spécialement pendant cette année et demie ou on ne pouvait pas faire de compétition."
"Ça arrivait plusieurs fois à l’entraînement que l'on se dise 'ça ne sert à rien'. (…) On a failli baisser les bras beaucoup de fois, s'est souvenu le patineur de 29 ans. Là, je peux juste dire que je suis super heureux de ne pas l’avoir fait, d’avoir continué à me battre. Ça ne sert à rien d’en vouloir à qui que ce soit. La vie est comme ça et je préfère dire que, maintenant, tout ce qu’il s’est passé entre les deux fédérations m’a rendu plus fort. Et c’est peut-être aussi grâce à ça que je suis là aujourd’hui et champion olympique."
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"Un pur produit de la Normandie"
Les réactions se sont multipliées dans le camp français. "Je suis content pour lui. Il revient de loin, a rappelé Morgan Ciprès, cinquième ce jeudi avec Vanessa James. Et puis c’est un Français dans l’âme donc c’est une bonne chose. Malheureusement, il ne représente pas la France. On était en compétition en individuel à la base, il y a maintenant peut-être dix ans de ça."
"Évidemment, ça nous fait un petit pincement au cœur, a admis Katia Krier, directrice technique nationale adjointe de la FFSG. On est content pour eux. On aurait peut-être préférer garder Bruno pour nous, il faut être honnête."
"Un tout petit peu de cette médaille est française, a résumé Didier Gailhaguet, le président de la fédération française. Donc quelque part, on est content pour Bruno. Parce que nous avons eu à faire un choix extrêmement difficile. (…) Bruno est un pur produit de la Normandie. Je suis très content pour lui. Et quelque part, il y a un tout petit bout qui nous appartient. En tout cas, c’est formidable pour nos amis allemands."
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