JO 2021: face à l’hostilité contre les Jeux, "l’appel au peuple japonais" de Thomas Bach

"Vous ne le voyez pas, mais j’ai le sourire derrière le masque". Thomas Bach, le président du CIO, est arrivé détendu derrière le pupitre de la salle de conférence de presse de Tokyo ce samedi, à moins d'une semaine de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques sur le sol japonais (23 juillet-8 août). L’Allemand, à la tête de l’institution olympique depuis 2013, s’est dit "ravi de retrouver pour la première fois depuis 15 mois, en vrai" les journalistes du monde entier présents en cette fin d’après-midi. Les questions de ces journalistes ont en grande partie porté sur la défiance et l’hostilité grandissante des Japonais contre les Jeux olympiques.
Le président du CIO, "bien conscient du scepticisme du peuple japonais envers les JO", a lancé "un appel au peuple japonais à accueillir les athlètes pour la compétition de leur vie". Et Thomas Bach de détailler. "Ils doivent reconnaitre que ce n’est pas à n’importe quel prix que ces athlètes viennent ici. Ils ont les mêmes intérêts que le peuple japonais que ces Jeux se déroulent de manière sécurisée et sûre. Et pour cela, ils acceptent et même accueillent les mesures de restriction qui font de ces Jeux olympiques l’évènement sportif avec le plus de restrictions, pas seulement au Japon, mais dans le monde entier. Aucun évènement sportif au Japon ou dans le monde n’a eu un protocole aussi strict pour lutter contre le Covid."
Le président du CIO veut renouer "la confiance les uns envers les autres". "Si nous avons confiance, alors nos partenaires et amis japonais alors les Japonais auront, je l’espère, confiance dans ces mesures rigoureuses sur les tests, la rigueur et l’action immédiate si un cas se produit."
"Les athlètes du monde entier reconnaissants"
Interrogé sur le sens du maintien des Jeux dans ces conditions sanitaires et de défiance, Thomas Bach n’a pas dévié de sa ligne. "La signification de ces Jeux olympiques sera d’une part celle qu’ils ont toujours eue, à savoir réunir le monde entier, ensemble, dans une compétition en paix. D’avoir les athlètes des 205 comités nationaux, les athlètes de l’équipe des réfugiés, dans un pays, une ville, un village olympique, et qui s’affrontent dans les compétitions, mais vivent ensemble dans la paix parce qu’ils respectent tous les mêmes règles et qu’ils sont soumis aux même règles. Ce qui rendra ces Jeux historiques, c’est la démonstration que cela peut se dérouler de manière sûre et sécurisée, même dans les circonstances de cette pandémie. C’est la réaction que l’on a de nombreux athlètes du monde entier. Ils sont reconnaissants. Ils sont reconnaissants que ces Jeux aient lieu et qu’ils aient lieu dans un environnement sécurisé et sûr pour eux-mêmes et pour le peuple japonais."
"Dialogue avec le peuple japonais"
A une semaine de la cérémonie d’ouverture, Thomas Bach ne désespère pas de retourner une partie de l’opinion négative des Japonais envers les Jeux. "Ça fait partie de la démocratie, vous aurez toujours des opinions différentes. Ces discussions deviennent plus chaudes et controversées en période de pandémie. C’est quelque chose que l’on doit comprendre. Beaucoup de gens ressentent un certain stress face à l’incertitude. Et réagissent à ça avec du scepticisme et avec des arguments assez forts. Ça fait partie de la vie. Que pouvons-nous faire ? Simplement essayer de capter l’attention de ces gens et essayer de rentrer dans un dialogue pour faire passer ces émotions, mais aussi de gagner la confiance avec ces mesures strictes pour lutter contre le Covid. Et le peuple japonais peut aussi voir que même dans ces temps de pandémie, vous pouvez organiser un évènement sportif. Le peuple japonais peut avoir confiance. Et nous allons continuer d’essayer d’avoir ce dialogue avec eux, sachant que l’on sait que nous ne réussirons pas à convaincre 100% des gens. Ce serait mettre la barre trop haut. Mais nous avons confiance qu’une fois que le peuple japonais aura vu les athlètes japonais prendre part à ces Jeux et je l’espère y être performants, alors il y aura moins d’émotions dans les réactions, les attitudes, et qu’elles seront moins agressives."
Le président du CIO a précisé que sur les plus de 15.000 personnes arrivées sur le sol japonais depuis le 1er juillet pour participer et travailler sur les JO, 15 ont été testées positives au Covid. Soit "0,1% cas positifs pour le moment, donc vous pouvez en tirer vos propres conclusions sur les risques".