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JO 2024 (canoë): après Estanguet et Gargaud-Chanut, Nicolas Gestin en mission pour faire briller le slalom français

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Premier slalomeur tricolore à s’élancer sur le stade d’eaux vives de Vaires-sur-Marne avec les éliminatoires ce samedi 27 juillet, Nicolas Gestin espère rejoindre ses illustres prédécesseurs dans le canoë monoplace, où les Français ont souvent trusté les podiums.

À Tokyo, l’équipe de France de canoë-kayak slalom est revenue bredouille pour la première fois depuis sa réintroduction au programme olympique, en 1992. Même le canoë monoplace masculin, où les Français ont pris une médaille lors de six Jeux sur neuf (dont quatre en or), n’a pas sauvé le bilan, puisque Martin Thomas a terminé 5e.

Pour porter les espoirs bleus de "reconquête" à Paris 2024, Nicolas Gestin est allé chercher son quota olympique en même temps qu’une médaille d’argent aux championnats du monde en septembre 2023. Le Finistérien de 24 ans se sait attendu, certainement le plus attendu dans l’équipe de France: "C'est l'étiquette qu'on me colle parce que Tony Estanguet a tout raflé (trois titres olympiques en 2000, 2004, 2012), Denis Gargaud-Chanut en a raflé une à Rio (2016)", reconnaît Nicolas Gestin. "Mais je ne me sens pas non plus leader à ce point. J'ai gravi les échelons assez rapidement, j'ai gagné un classement général d'une Coupe du monde il y a deux ans, je fais ma première médaille mondiale l'année passée, mais je me sens encore dans la peau du jeune qui a les crocs et qui veut profiter. Pour avoir échangé avec Tony Estanguet, je suis aujourd’hui dans sa situation à Sydney en 2000 quand il a une vingtaine d'années et qu’il cherche juste à dévorer l'événement. Je n’ai aucune pression vis-à-vis du statut."

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"J'ai travaillé avec les mêmes personnes par exemple que Tony dans sa préparation pour Londres"

Le céiste breton préfère voir cet héritage comme une chance: "Ces médailles ont nourri le système fédéral, mon entraîneur et tous ceux qui m'accompagnent à la Fédération ont vécu ces expériences olympiques", estime Nicolas Gestin. "J'ai travaillé avec les mêmes personnes par exemple que Tony dans sa préparation pour Londres, il a mis un coup de pied dans le monde de la haute performance et ça permet à des athlètes comme moi d'en bénéficier des années après. On a pu échanger un peu avec Tony au mois de décembre, c'était riche parce qu’il présente sa vision des Jeux, comment il les a vécus. L'idée c'est de me nourrir d'expérience de sportif, même s’ils ne vont pas me donner la solution pour moi."

Avec, par rapport à ses illustres prédécesseurs, l’avantage de concourir à domicile sur un stade d’eaux vives où il s’entraîne au quotidien depuis 2019: "Les Jeux à la maison, je suis le seul céiste français sur terre qui va vivre ça. C'est une chance énorme et j'ai envie d’en faire une fête, l'expérience de la Coupe du monde l'année dernière à Vaires où je passe à côté en finale et termine 6e a quand même été une belle expérience, c'est ce qu'il y a de mieux dans le sport de faire parcourir un frisson au public."

Ses premiers souvenirs d'Estanguet

Celui qui a commencé le canoë à sept ans, pour imiter les enfants de sa nourrice qu’il allait voir au bord de l’eau, s’est vite pris à rêver des JO. En particulier dans sa chambre d’internat du pôle France de Cesson-Sévigné, près de Rennes, avec son camarade Mathis Soudi, lui aussi qualifié pour ces JO en Kayak sous le drapeau marocain. "En classe de seconde, on y croyait déjà dur comme fer", se souvient Nicolas Gestin. "Moi, je me sentais capable d'aller chercher une sélection olympique. Mais on était rêveurs. Alors l'an dernier, aux championnats du monde, quand je termine vice-champion du monde et que le lendemain, il termine troisième des Mondiaux, on se dit que c'est juste 'ouf', un rêve de gosse qui m'a fait pleurer!"

Et ses premiers souvenirs olympiques sont liés à Tony Estanguet: "J’avais 8 ans mais je me souviens de Pékin, des manches et de la désillusion de Tony Estanguet, mais surtout je me souviens des Jeux de Londres en 2012, j'étais en stage dans les Alpes avec une colonie de kayakistes et on a regardé la finale de Tony dans un camion et je me suis dit 'c'est un boss', Ça m'a donné envie."

Qualifié en septembre et officiellement sélectionné à l’automne, Nicolas Gestin a eu neuf mois pour préparer sereinement son échéance olympique: "Avec mon entraîneur, on est dans la même optique, jusqu'au-boutiste, balayer tous les points faibles, se lâcher et aller chercher le meilleur en termes de préparation physique et mentale, aller chercher des champs de la performance qu'on ne soupçonne pas comme l'optométrie pour améliorer mes qualités visuelles, booster les performances motrices. Ça m'excite au quotidien de changer parce que je reprochais un peu à mon olympiade précédente d’être très axée physique, technique sans aller chercher les raisons quand on était moins bien."

À voir si ces changements opérés ces trois dernières années portent leurs fruits. Nicolas Gestin lance donc cet après-midi l’équipe de France de slalom, pour redonner son lustre doré au canoë-kayak tricolore.

Kévin Morand