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JO 2024: jusqu'à 8 mois de prison avec sursis requis contre 7 prévenus pour le cyberharcèlement de Thomas Jolly

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Le ministère public a requis des peines de prison avec sursis allant jusqu'à 8 mois contre 7 prévenus, jugés pour le cyberharcèlement du metteur en scène Thomas Jolly après la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024.

Des monsieur et madame Tout le monde, aux activités professionnelles banales. Qu'ils soient étudiant, auto-entrepreneur ou retraité jugés, ils sont aujourd'hui jugés devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir basculé dans la cybercriminalité en envoyant des messages haineux au metteur en scène Thomas Jolly après la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 qu'il a orchestrée. Jusqu'à huit mois de prison avec sursis ont été requis ce mercredi contre les sept prévenus.

Le ministère public a requis des peines allant de 3 mois à 8 mois de prison avec sursis à l'encontre des sept prévenus, six hommes et une femme âgés de 22 à 79 ans, jugés pour "menaces de mort réitérées, cyberharcèlement et injures aggravées en raison de l'orientation sexuelle ou de l'appartenance vraie ou supposée à une religion".

La procureure de la République a également requis des stages de citoyenneté et une suspension du compte d'accès en ligne pour une durée de 3 et 5 mois pour deux d'entre eux. Seuls cinq prévenus étaient présents dans la salle dont tous les bancs du public étaient occupés, les deux autres étant retenus ou malades. Thomas Jolly, également absent, s'est excusé auprès du tribunal par le biais de son avocate.

Des regrets et des justifications

Dès l'ouverture du procès, la présidente de la 17e chambre a cité certains des messages envoyés l'été dernier: "Thomas Jolly est une tantouse, ça explique bien des choses!", "corde + cou = réparation de ton acte immonde", "ce juif dégénéré qui attaque des milliards de chrétiens dans le monde". Thomas Jolly avait déposé plainte le 31 juillet, quelques jours après le début des Jeux.

Son message, Antoine C., dit le regretter. "Sac à foutre, Dieu ne t'oubliera pas", avait-il envoyé sur la messagerie Instagram du directeur artistique, choqué par la prestation du chanteur Philippe Katerine, corps peint en bleu et dont le sexe était caché par une couronne de fruits. Choqué aussi, raconte-t-il, par l'apparition peu de temps après "d'hommes et de femmes nus ou presque nus à proximité d'enfants de huit à dix ans".

À la barre, Lucien T., 76 ans, lui succède. Il se décrit comme "un vieux qui s'emmerde" et qui "critique tout". Il raconte avoir arrêté X après son interpellation. Il faut dire qu'il y passait des heures chaque jour et qu'il commentait beaucoup avec un langage très fleuri. Au metteur en scène, il avait envoyé le message: "Comment le CIO a laissé passer les conneries de Thomas Jolly, ce juif dégénéré qui attaque des milliards de chrétiens dans le monde?".

Chacun des sept prévenus a confié son profond écoeurement pour le fameux tableau représentant un groupe attablé qui a été interprété par certains comme une parodie moqueuse du dernier repas de Jésus avec ses apôtres, la Cène, telle que représentée par Léonard de Vinci.

"C'est un manque de respect pour les chrétiens", avait expliqué en garde à vue Patrick D., 79 ans, absent pour raison de santé. Pour mieux cerner le personnage, la présidente lit quelques passages des PV de sa garde à vue, dans lesquels le retraité aux penchants complotistes s'en prend aux homosexuels, aux travestis et à l'État.

Le tableau intitulé "Festivité" avait été pris pour cible par de nombreux spectateurs, y compris Donald Trump qui l'avait qualifié de "honte", tandis que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait exhorté le pape François à "élever la voix" contre la "propagande perverse" diffusée, selon lui, par la cérémonie.

"Des messages d'unité"

Thomas Jolly avait démenti toute volonté de choquer et expliqué avoir voulu représenter une "grande fête païenne reliée aux dieux de l'Olympe". "Comment peut-on croire que, dans mon esprit, il y ait pu avoir une quelconque volonté de moquer la religion catholique, sachant que, dans cette cérémonie, un tableau entier est consacré à Notre-Dame de Paris?", s'était étonné le directeur artistique.

"Qu'on puisse être à ce point cible de haine, d'injures, de menaces, d'intimidations, ça m'a déstabilisé, au sens où ce que je voulais dire ce soir-là, c'était des messages d'unité", avait-il ajouté.

Le metteur en scène avait reçu le soutien immédiat du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques et de plusieurs personnalités, notamment de la maire de Paris Anne Hidalgo et du président Emmanuel Macron qui s'était dit "scandalisé" et "triste", estimant que "rien ne justifie qu'on menace un artiste".

Outre Thomas Jolly, plusieurs artistes ayant participé à la cérémonie d'ouverture des JO avaient été la cible de cyberharcèlement et de menaces, notamment la DJ française Barbara Butch, star du tableau incarné par des drag queens.

François de La Taille avec AFP