JO 2024 (VTT): pourquoi la manœuvre de Pidcock sur Koretzky était virile mais correcte

L’or lui tendait les bras. Et puis, un dernier duel musclé avec Tom Pidcock (24 ans) a mis un terme au rêve de titre olympique Victor Koretzky (29 ans). Le Français a terminé deuxième de l’épreuve de VTT, ce lundi sur la colline d’Élancourt après avoir longtemps dominé la course, s’être fait rejoint par l’Anglais puis avoir porté une attaque qu’il pensait décisive.
Mais le coureur d'Ineos Grenadiers a finalement pris le dessus sur ce mouvement crucial en optant pour une trace intérieure dans la forêt, passant un bout de roue devant le Biterrois qui est presque venu s’encastrer sur lui. Pour le bouillant public français, le coupable était vite désigné: Pidcock, hué au moment de franchir la ligne d’arrivée. Devant l’incompréhension de membres de l’équipe anglaise.
"Il m’a quand même bien beaucoup poussé et desserré ma chaussure, j’ai trouvé ça un peu moyen"
"C’est de la faute de Victor", a glissé l’un d’entre eux en français. "Vous pouvez l’écrire, Victor est sorti de sa ligne et c’est lui qui vient sur Tom. C’est la course." L'idée d’une possible réclamation de la part du clan français a couru dans le paddock avant d’être abandonnée. Chez les Bleus, on admettait ainsi que Pidcock avait parfaitement profité du petit espace laissé par Koretzky pour s’y engouffrer, sans vraiment heurter de lui-même son adversaire. Un mouvement "à la limite" mais la faute était insuffisamment caractérisée pour obtenir un succès en cas de réclamation.
Tom Pidcock n’a évidemment rien trouvé à redire à son coup parfait. Il lui permet de décrocher un deuxième titre olympique consécutif après avoir accompli une folle remontée suite à une crevaison en début de course. Un chef-d'œuvre ponctué par cette filouterie. "Je savais que Victor allait être rapide dans le dernier tour même si je ne pouvais pas me débarrasser de lui", a-t-il confié à l’issue de la course. "Je savais que ça allait être une grosse bagarre, et il a laissé un écart que je devais prendre. C'est ça la course. Je sais que les gens peuvent le voir différemment, mais le sport consiste à ne jamais abandonner."
Koretzky était, lui, toujours un peu amer face à la presse même s’il n’avait pas encore revu les images de l’action en question. "Il m’a quand même bien beaucoup poussé, il m’a desserré ma chaussure, j’ai trouvé ça un peu moyen", a-t-il pesté. "C’était un peu kif kif gauche-droite (sur la trajectoire à prendre). Il a accéléré à gauche et il me fonce bien dedans dans la chaussure. C’était quand même bien risqué. C’était difficile d’avoir un autre endroit pour doubler. Je n’ai pas envie de dire quoi que ce soit à chaud. On a tous envie de gagner. On tente tous des choses et il faut voir les images."
Koretzky reconnait avoir perdu l'or sur une erreur quelques instants avant
La plus grande déception du Français, actuellement leader du classement de la Coupe du monde, réside en fait dans une erreur commise quelques instants plus tôt. Alors qu’il était en tête, il a glissé et déchaussé pour éviter d’entrer en collision avec un arbre, permettant à Pidcock de revenir sur lui.
"J’ai fait une petite erreur dans la dernière descente qui m’a coûté la médaille d’or", estime Koretzky. "Il y avait du gravier sur la ligne et j’ai perdu l’avant (du vélo). La moto ouvreuse a mis un peu de gravier sur la ligne. (…) C’est bizarre mais ce sont des faits de course, c’est un sport mécanique, beaucoup de choses peuvent arriver. C’est quand même déjà très beau, je vais essayer de savourer."