JO d'hiver 2022: la Chine tacle l'Australie après l'annonce de son boycott diplomatique

La résistance diplomatique contre le pouvoir chinois s’intensifie à l’international. En attendant de potentiellement voir la France prendre position, l’Australie a rejoint les Etats-Unis dans son boycott diplomatique des JO d’hiver de Pékin (4-20 février 2022). Une décision annoncée ce mercredi par le Premier ministre Scott Morrison. Un soutien de poids de la part d’une grande nation de l’olympisme, qui fait suite au boycott officialisé lundi par les Etats-Unis et le président Joe Biden.
"L'Australie ne reviendra pas sur la position ferme qu'elle a adoptée pour défendre ses intérêts, a déclaré le chef du gouvernement australien cité par l’AFP. Il n'est évidemment pas surprenant que nous n'envoyions pas d'officiels australiens à ces Jeux."
Un boycott pour les droits de l’homme et l’affaire Peng Shuai
A l’image de Joe Biden et des Etats-Unis, Scott Morrison a avancé plusieurs raisons à cette décision de boycotter le rendez-vous olympique dans la capitale chinoise. Selon les éléments recueillis par le Sydney Morning Herald auprès de plusieurs sources officielles, l'Australie enverrait une sorte de signal à la Chine concernant ses violations des droits humains au Xinjiang.
Les actions du pouvoir central chinois dans cette région - déjà qualifiées par les Etats-Unis de "génocide" - et à Hong Kong ne passent plus auprès des grandes puissances mondiales. Si aucun officiel ne se déplacera en Chine pour les JO, le journal australien précise toutefois que le gouvernement n’a pas encore décidé si l’actuel ambassadeur d’Australie en Chine assistera à l’événement d’une quelconque manière.
Ce boycott diplomatique tend aussi à dénoncer le traitement réservé à la joueuse de tennis Peng Shuai. L’ancienne numéro une mondial de double féminin avait disparu quelques jours en novembre, après avoir accusé l'ex-vice Premier ministre chinois Zhang Gaoli d'abus sexuels dans un long message publié sur le réseau social Weibo.
Dans ce texte, rapidement censuré sur l'internet chinois, elle racontait notamment comment il l'avait forcée à une relation sexuelle il y a trois ans avant d'en faire sa maîtresse.
Le message avait été rendu public dans le monde entier, provoquant une série de réactions sous le mot d'ordre #WhereIsPengShuai (où est Peng Shuai). Malgré de brefs échanges en visio avec le patron du CIO Thomas Bach, la WTA a annoncé la suspension des tournois prévus en Chine jusqu’à nouvel ordre.
"Tout le monde s'en fiche", tacle la Chine
Interrogé lors d'un point de presse, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a assuré que son pays n'avait jamais eu l'intention d'inviter des hauts responsables australiens. "Tout le monde se fiche de savoir s'ils viennent ou non", a-t-il dit. "Leur politique politicienne et leurs petits jeux ne changeront rien à la réussite des Jeux olympiques", a-t-il dit.
L'Australie entretient depuis plusieurs années des relations difficiles avec la Chine qui l'accuse de s'aligner systématiquement sur les positions américaines. La décision de Canberra "montre aux yeux de tous que le gouvernement australien suit aveuglément les pas d'un certain pays", a estimé M. Wang, sans nommer les Etats-Unis.