JO de Paris 2024: sportifs russes et biélorusses... quels sports veulent les voir, quels sports ne veulent pas?

· Oui
L’escrime a ouvert la boîte de Pandore le 10 mars. Un congrès mondial de la Fédération internationale d'escrime (FIE) a autorisé la Russie et la Biélorussie à ressortir les épées, les sabres et les fleurets. Lors de ce vote, la réintégration a été majoritairement soutenue par les pays africains et asiatiques. La France s’était prononcée contre. Les conditions d’accueil des tireurs anciennement bannis n’ont pas encore été annoncés. En Allemagne et en France, on a préféré annuler deux épreuves du calendrier de la Coupe du monde plutôt que d’accueillir des Russes.
La lutte et le taekwondo ont aussi acté le retour des Russes selon les modalités définies par le Comité international olympique (CIO), sous bannière neutre. Charge à des commissions internes de vérifier la probité des athlètes. Ont-ils soutenu la guerre? Ont-ils des sponsors issus de l’armée ou des organes de sécurité nationale? World Taekwondo tente un grand écart et "réaffirme ses appels pour la paix et la solidarité avec la communauté olympique en Ukraine. World Taekwondo continuera de soutenir les athlètes ukrainiens et de s’assurer de leur participation aux compétitions de taekwondo".
La boxe (IBA) est un cas à part. Elle est dirigée par le Russe Umar Kremlev. Lors des derniers mondiaux féminins à New Delhi, elle a autorisé les boxeuses russes et biélorusses à s’aligner. Ce sera la même chose dans un mois pour les championnats du monde hommes à Tashkent. Conséquence, onze pays dont la Grande-Bretagne ont déclaré forfait en Inde. Le même boycott devrait s’appliquer en Ouzbékistan.
· Non
Le 23 mars, Sebastien Coe, patron de World Athletics, a mené la charge du camp du non. Si la fédération russe a bien été réintégrée au concert des nations athlétiques après plusieurs années sous surveillance, athlètes russes et biélorusses n’ont toujours pas droit au chapitre. De même que les compétitions qui se tiennent sur leur sol. Interdites.
La Fédération internationale d’équitation (FEI) marche dans ces pas. Les cavaliers des deux pays, les chevaux et leurs officiels sont persona non grata. La FEI n’est pas en accord avec les recommandations du CIO. Ingmar De Vos, le président de la FEI, l’a réaffirmé lors d’une visioconférence le 4 avril: "Alors que le CIO n’a pris aucune décision concernant la participation des athlètes russes et biélorusses aux Jeux olympiques de Paris 2024, le conseil d’administration de la FEI estime qu’à ce stade, la neutralité ne peut être définie et évaluée de manière suffisamment satisfaisante. Il a convenu que la FEI ne dispose pas des outils nécessaires pour évaluer de manière équitable et objective les conditions de participation des athlètes neutres individuels et du personnel d’encadrement, comme le stipulent les recommandations formulées par le CIO".
Le ton va-t-il monter avec Thomas Bach, écartelé entre le respect du droit international et le soutien à l’Ukraine? L’escalade, le badminton et le surf ont exclu Russes et Biélorusses depuis le début de l’offensive en février 2022. Leurs positions n’ont pas changé. Les qualifications olympiques débutent le 1er mai en badminton. Des consultations sont en cours à la BWF pour faire évoluer la situation ou pas. Le CIO a recommandé ne pas accepter d’équipe russe dans les sports collectifs. En rugby à 7, les filles ne peuvent plus se qualifier pour Paris par la voie normale après leur exclusion des derniers tournois. En basket, c’est non… pour l’instant. Le prochain bureau central de la FIBA tranchera la question. Andreas Zagklis le secrétaire général de la FIBA n’a pas fermé la porte à la participation des équipes russes et biélorusses. En basket 3x3, les équipes masculine et féminine russes, vice-championnes olympiques à Tokyo, ont quitté les classements. Si jamais elles étaient réintégrées, une qualification directe serait impossible par la voie directe.
· Ils n’ont pas encore tranché
Plusieurs sports ont mis sur place des groupe de travail pour "explorer les différentes possibilités". C’est le cas de World Aquatics, la fédération internationale de natation se donne jusqu’au mois de juillet pour rendre une décision. À temps pour les Mondiaux qui se tiennent du 14 au 30 juillet à Fukuoka au Japon?
World Rowing, l’instance qui gère l’aviron travaille aussi sur les différents scénarios. World Archery (tir à l’arc) indique vouloir suivre les recommandations du Comité International olympique pour une décision à l’été mais ajoute: "Compte tenu de la complexité de la situation, le retour des athlètes neutres individuels à la compétition en 2023, y compris pour le principal tournoi de qualification olympique lors des championnats du monde (28 juillet – 6 août à Berlin), est jugé très improbable".
La gymnastique semble proche d’une décision. Le président Morinari Watanabe s’est rendu récemment en Ukraine mais il aimerait s’engouffrer dans la voie tracée par le CIO. Le choix sera tranché le 12 et 13 mai à Antalya lors d’une réunion du comité exécutif. Le judo (IJF), une fédération internationale longtemps soutenue par la Russie et son argent avant l’invasion de l’Ukraine, réserve sa décision et communiquera via "les canaux habituels". Le canoë-kayak, enfin, n’a pas fait savoir comment il comptait se dépêtrait de ce sac de nœuds. Le tennis a banni Russes et Biélorusses des compétitions internationales comme la coupe Davis. Par contre, ils sont acceptés sous bannière neutre à titre individuel lors des différents tournois ATP et WTA. Que se passera-t-il aux JO? "Nous sommes en discussion avec le CIO pour trouver des éclaircissements après les dernières recommandations et leur implication pour le tennis en 2024", a transmis l’ITF à RMC Sport.