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Lutte: "Les temps de passage sont respectés", se félicite la DTN avant les échéances olympiques

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L’équipe de France a terminé l’Euro à Bucarest sans médaille malgré six combats pour des breloques. Pas forcément inquiétant pour le directeur technique adjoint et directeur de la performance, Patrick Vazeilles. Les jeunes bleus ont affiché de belles promesses, mais il en faudra plus pour les deux tournois de qualification olympique qui arrivent au printemps.

Patrick Vazeilles, que retenez-vous de cet Euro terminé sans la moindre médaille ?

La déception. Quand on rentre avec six finalistes pour du bronze et zéro médaille au final, on est déçu. On est déçu pour les athlètes et par rapport au résultat brut. Quand on prend un pas de recul, on se rend compte que tout n’est pas si noir que ça. On a des bonnes prestations, mais aussi des tirs groupés. La densité de l’équipe s’installe. C’est un bon point avec cette jeunesse qui est en train d’émerger.

Avez-vous arrêté l’équipe qui disputera le premier TQO du 4 au 7 avril en Azerbaïdjan ?

On a une très grande majorité de titulaires sur le championnat qui ont fait preuve d’une prestation qui leur permet d’aller vers les TQO. On avait quelques catégories à forte concurrence comme les moins de 50 kilos féminines. Ça va être le cas chez les -77kg masculins en lutte gréco-romaine, entre autres. Ce sont des catégories où il va nous rester un ou deux événements pour se départager avant les TQO.  Il y a une volonté d’aller rapidement vers la détermination d’un nom dans chaque catégorie pour s’installer rapidement dans une phase de préparation pour les titulaires.

Quel est le point négatif de cette compétition ?

Si je devais donner un point noir, j’ai un sentiment non pas de manque d’agressivité, mais de réponse à l’agressivité des adversaires où on est encore perfectible. Ça s’est vu sur les finales 3-5, certaines basculent dans le mauvais sens parce qu’il n’y a pas cette réponse. On avait aussi dans l’équipe des leaders qui arrivaient sur ce championnat de retour de blessure. Ilman Mukhtarov (-57kg) revenait des ligaments croisés, Koumba Larroque (-68kg) de l’épaule. Il y avait aussi des retours à la compétition. Ibrahim Ghanem monte des moins de 72 kilos où il a été champion du monde aux 77 kilos qui est une catégorie olympique. Il a montré des choses. Les temps de passage sont respectés quand on prend en compte les blessures, mais on ne peut pas se satisfaire d’un championnat sans médaille.

On a pu découvrir Khamzat Arsamerzouev (5e) en moins de 65 kilos et Seyfulla Itaev (5e) en moins de 70 kilos qui ont pu se montrer pour leurs débuts chez les grands.

La fraicheur des jeunes m’a beaucoup plu. Ils ont eu cette faculté de s’aligner sans complexe face à des adversaires chevronnés. C’est une force sur laquelle on va réussir à bâtir une génération très solide dans le futur. Elle sera peut-être trop jeune pour Paris 2024 mais c’est une preuve de bonne santé de notre formation. Ça nous laisse espérer de bonnes surprises dans le futur. Même s’ils vont arriver jeune pour la campagne 2024, ils vont se donner à fond et cette attitude peut donner des espoirs.

On a eu l’impression que les Français mettaient du temps à entrer dans leur combat, à vite marquer des points ?

La retenue ? C’est ce que je disais, être capable de répondre physiquement, psychologiquement, à cette notion de combat. Aujourd’hui on manque un peu de mise en pression de l’adversaire, que ce soit sur la lutte ou sur le plan physique. Cette mise en pression là devra être travaillée en vue des TQO. On va aller sur des compétitions avec de la pression, de la tension. Il faudra répondre sur cet aspect, répondre sur cette mise en pression qui peut déstabiliser l’adversaire.

Existe-t-il une inquiétude en vue des TQO ? La France n’a qu’une seule qualifiée pour les JO pour l’instant.

On sort du championnat sans médaille. Sur la dynamique, ce n’est pas l’idéal pour aborder les TQO. Le niveau de préparation, avec 6 athlètes sur des matches pour le bronze, veut dire qu’on est là. La vraie déception serait que ces défaites ne nous servent pas pour la suite. Maintenant, il faut très vite transformer en expérience cet Euro pour être très vite dans l’analyse et la remédiation de ce qu’on a pu voir. Plutôt que d’avoir peur, j’ai envie de me tourner vers l’avenir de manière constructive, en se nourrissant de ce qu’on a vu, en ciblant des pistes d’amélioration qui devraient nous amener sur le TQO à être plus performant. Je suis convaincu qu’autant les entraineurs que les athlètes, on va mener un travail d’analyse pour faire les bons ajustements avant le TQO.

Propos recueillis par Morgan Maury