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Paris 2024: la Cour des comptes veut prévenir tout dérapage budgétaire

La Cour des comptes recommande aux organisateurs des Jeux olympiques de Paris 2024 de plancher sur "des scénarios de redimensionnement des dépenses" au regard des recettes afin d'en garantir l'équilibre budgétaire, dans un référé publié jeudi et adressé au Premier ministre.

La Cour des comptes recommande aux organisateurs des Jeux olympiques de Paris 2024 de plancher sur "des scénarios de redimensionnement des dépenses" au regard des recettes afin d'en garantir l'équilibre budgétaire, dans un référé publié jeudi et adressé au Premier ministre.

Ce référé est publié à la suite d'un contrôle effectué sur le comité d'organisation (Cojo) et sur la Solideo (société de livraison des Jeux olympiques) chargée de construire les ouvrages pérennes, comme le village des athlètes.

Un budget révisé de 3,9 milliards

Dans son référé adressé au Premier ministre Jean Castex, la Cour explique que le "respect des enveloppes est un enjeu essentiel en soi et comme l'un des critères de réussite des Jeux olympiques et paralympiques, notamment face aux attentes de l'opinion publique".

Le budget du Cojo, dont la mission est d'organiser les épreuves à l'été 2024, est de 3,9 milliards d'euros et a fait l'objet d'une révision fin 2020 (300 millions d'économies trouvés). Il repose sur le sponsoring, la billetterie et une contribution du Comité international olympique (CIO). La Solideo a elle un budget de 3,4 milliards d'euros dont 1,1 milliard d'euros d'argent public.

S'agissant du Cojo, la Cour des comptes explique qu'il "existe des incertitudes sur le niveau des recettes", en dépit d'un surplus versé par le CIO que "ce dernier doit officialiser". "L'objectif de 1,1 milliard d'euros de partenariats domestiques n'est atteint début 2021 qu'à hauteur de 46%", explique aussi la Cour.

La billeterie estimée à 1,5 milliard

Coté recettes de billetterie, "estimées à 1,5 milliard d'euros", elles "pourraient être affectées par les effets de long terme de la crise sanitaire". Et de conclure: "il serait opportun que le Cojo teste, par précaution, des scénarios de redimensionnement de son budget, placés sous de plus fortes contraintes de ressources".

Interrogé par l'AFP, Paris 2024 a indiqué "que le contexte de Tokyo incite à être prudent dans notre approche" et qu'ils avaient prévu "d'établir des scénarios". En mars dernier, le président du comité Tony Estanguet, avait dit aux sénateurs que le Cojo planchait sur "différents modèles de billeterie".

Dans sa réponse datée du 5 juin, dont l'AFP a obtenu copie, Jean Castex, qui se trouve être l'ancien délégué interministériel aux JO, réaffirme "l'impératif de respect du cadre budgétaire et financier".

Les Jeux de Tokyo "doivent inciter le Cojo à travailler à des scénarios de redimensionnement de son budget"

"Comme le relève la Cour, le contexte sanitaire actuel et le format des Jeux qui se dérouleront à Tokyo, sans spectateur étranger, avec des jauges réduites et des délégations moins étoffées, doivent inciter le Cojo à travailler à des scénarios de redimensionnement de son budget", abonde-t-il.

La délégation interministérielle aux JO, chef d'orchestre de tous les acteurs, "sera vigilante à ce que de tels scénarios soient élaborés d'ici la prochaine révision budgétaire pluriannuelle". Il a également confirmé dans ce courrier que la garantie de l'Etat, en cas de déficit, interviendrait via le projet de loi de Finances 2022.

La Cour demande également que soit "chiffré" par le ministère du Budget le montant des exonérations fiscales dérogatoires dont bénéficie l'organisation des JO. Par ailleurs, elle demande aussi à la Solideo "d'actualiser" sa maquette financière, notamment en fonction des coûts de construction (190 millions d'euros), de l'impact Covid sur les travaux estimés à 40 millions d'euros. Lors d'un conseil d'administration en mars, la Solideo a promis une actualisation "d'ici juillet 2021".

S'agissant de la coordination entre acteurs (Cojo, Solideo, délégation interministérielle, collectivités...) dont la Cour estime qu'elle doit être "consolidée", Jean Castex indique une "coordination renforcée" à compter de "l'automne 2021".

JAu avec AFP