"Je vois des sourires, je suis aux anges": Clarisse Agbégnénou au chevet des enfants malades

Clarisse Agbégnénou avec des enfants malades le 6 octobre 2025 - RMC Sport
Quelques tatamis bleus au rez-de chaussée de l’hôpital Jean-Verdier (AP-HP) de Bondy (Seine-Saint-Denis). Thomas et Virginie, oreilles en chou-fleur et ceintures noires, donnent du hajime et du matte pendant cette grosse heure de judo à la douzaine d’enfants descendus de leur chambre. En surprise du chef, Clarisse Agbégnénou, judogi de Paris 2024 sur le dos et ses deux médailles olympiques de l’été 2024.
"Je suis contente d’offrir ça à ses jeunes, c’est un moment de détente pour eux. Moi ça me replonge quand j’étais à l’hôpital. Je vois des sourires, je suis aux anges", glisse la judoka, actuellement en pause du haut niveau pour un projet de deuxième enfant. Née prématurée avec deux mois d’avance, elle avait été placée en couveuse puis dans un coma artificiel.
"On sait qu’il y a un réel bénéfice de ce petit moment"
A peine arrivée, la championne brise la glace avec les jeunes filles, mémorise tous les prénoms, parle anglais avec un garçon en blouse et met tout ce petit monde à l’aise. Quelques jeux de mobilité pour débuter puis les premières chutes arrière. Nathalie Péchalat, la président de l’association "Premiers de cordée", organisatrice de cette 21e semaine du sport à l’hôpital, quitte ses chaussures et monte sur le petit tatami.
"Les enfants s’évadent, créent du lien avec les bénévoles, les soignants. Nous apportons le terrain sportif dans l’enceinte de l’hôpital. Tout le monde est content", résume l’ancienne championne de patinage artistique.
Pour cette année, 88 établissements hospitaliers vont se transformer jusqu’à vendredi en terrain de sport avec parfois un sport différent par jour dans leurs locaux. Judo, bowling, biathlon, badminton… Ce sont les fédérations qui emmènent éducateurs et matériels. Les soignants peuvent aussi participer. "C’est vraiment une parenthèse pour les enfants dans le soin, dans des moments qui peuvent être douloureux. C’est magique. On sait qu’il y a un réel bénéfice de ce petit moment", appuie Céline Percevau, cadre de santé aux urgences pédiatriques de Jean-Verdier.
C’est un moyen aussi de faire pratiquer du sport à des adolescents qui s’en sont parfois éloignés. Génésis, avec ses fils de perfusion qui pendent au poignet, apprend o soto-gari (grand fauchage extérieur) et se régale à essayer de piéger Clarisse Agbégnénou et ses amis d’hosto: "Je me suis bien amusée", résume-t-elle après avoir pu regarder de près les médailles de la judoka licenciée à Champigny-sur-Marne. Ensuite, Agbégnénou se prête au jeu des questions. Comment gère-t-elle le stress de la compétition? Quelle est sa prise favorite? Quelle est sa plus grande victoire? Un mot, une photo pour chacun, enfants, parents, soignants. "Ils m’ont donné, c’est à moi de leur rendre", conclut-elle. Pendant ces cinq jours, 2000 enfants vont être en contact avec un ou plusieurs des 25 sports de l’opération.