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Judo: "Je ne m’arrêterai pas avant d’avoir rempli cet objectif", Buchard rêve en or aux Mondiaux

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Amandine Buchard a conquis la première de ses deux médailles mondiales il y a 8 ans, alors qu’elle était encore junior. La moins de 52 kilos a toujours la rage de vaincre dans le discours. Battue en finale des Europe en avril par la Britannique Giles, elle rêve de renverser la Japonaise Uta Abe ce vendredi aux championnats du monde. La championne olympique nippone a énervé la native de Noisy-le-Sec.

Amandine Buchard on vous a quittée en avril avec cette médaille d’argent rageante aux championnats d’Europe. Cela vous a-t-il beaucoup touché?

Le positif, c’est que je me suis dit que, dans de telles conditions –je n’étais pas bien- je vais en finale d’un championnat d’Europe, quand même. Ça m’a donné plein de pistes de travail pour la suite. Le point négatif, c’est que je visais le doublé. Ça ne s’est pas fait. J’en ai retenu plus de positif que de négatif. J’y vais pour la gagne. Je m’entraîne tous les jours pour gagner. Je les avais là. Je n’ai pas voulu m’apitoyer sur mon sort pendant des semaines et des semaines surtout que l’objectif principal est d’aller chercher le titre olympique. Si je dois passer par une deuxième place en championnat d’Europe, je ne vais pas m’apitoyer sur mon sort.

Depuis cette médaille, on ne vous a plus revue en compétition. Est-ce problème en vue des Mondiaux?

Je ne suis pas habituée à ne pas faire beaucoup de compétitions. A Budapest, en juillet, il y a eu des cas de Covid (forfait de l’équipe féminine). Derrière, je ne suis pas allée en Autriche car j’avais mal au genou. J’ai demandé à ne pas m’aligner. Je préférais faire une bonne préparation, être au top de ma forme en réglant les petits pépins physiques avant de partir aux championnats du monde, et ne pas intensifier le mal. Je suis entraînée. J’ai la chance d’être sur les tatamis français avec de la concurrence en face. Je ne peux pas dire que je ne suis pas entraînée. Je me sens bien.

Comment vont vos genoux?

J’ai comme de l’arthrose dans les deux genoux, déjà. C’est une douleur qui me fait mal au quotidien. Je me soigne bien, j’ai un bon suivi. Je sors d’une période inflammatoire. Je continue de protéger ce genou pour être sûre que ça ne reparte pas.

Vous devez rêver d’une troisième médaille en championnat du monde mais pas en bronze...

La troisième médaille en championnat du monde, j’aimerais bien qu’elle soit en or. Je me suis préparée pour. J’aimerais bien entendre cette Marseillaise dans un championnat du monde, avoir ma photo sur le mur de l’Insep. Ca fait partie de mes objectifs de carrière. J’y vais pour la gagne.

Cela vous pèse-t-il de voir que vous n’avez pas ce grand titre?

Je ne pense pas comme ça. Je me dis que je n’arrêterai pas avant d’avoir rempli cet objectif. Je suis plus à penser comme ça qu’à me dire qui n’y arrivera jamais. Je ne suis pas ce genre de personne qui abandonne. Je veux être championne du monde en octobre. Si ce n’est pas là, ça sera en mai. Si ce n’est pas en mai, ce sera après les JO de Paris.

Ce Mondial n’est-il qu’une étape sur la route de Paris?

La finalité, c’est d’être championne olympique, mais il y a des étapes pour les préparer au mieux. C’est un tournoi où il y a de la concurrence. Je vais y retrouver les filles des JO. Ca va me permettre de prendre de repères. Bien sûr, je serai la femme la plus heureuse de gagner un Mondial. Mais si je ne gagne pas, je ne vais pas me mettre à penser que je ne peux pas gagner les JO. C’est une étape comme une autre. Je vais pouvoir me jauger, voir où j’ai besoin de progresser. Le but, c’est de peaufiner les détails pour arriver en machine de guerre à Paris.

Vous allez retrouver la fille qui vous a battue en finale des JO, la Japonaise Abe...

C’est une grande championne que je respecte énormément. Dernièrement, j’ai vu une interview publiée sur le site judoinside. Je n’ai pas trop apprécié le contenu. Ca m’a surmotivé pour aller chercher le titre aux Mondiaux. Elle dit qu’il n’y a pas forcément de personnes pour la titiller en -52kg et qu’elle allait gagner les Mondiaux. Elle dit aussi que quand on est une reine, on n’a pas le droit à l’erreur. Je me suis dit qu’elle devait être sûre d’elle. Je sais que j’y vais pour le même objectif. Avec les autres 52 kilos comme la Kosovarde Krasniqi et l’Italienne Giuffrida on s’est envoyé l’article et elle nous a surmotivées. On a toutes envie d’aller la battre à Tashkent. On va l’attendre aux championnats du monde. J’adore qu’on me mette au défi, qu’on pense que je ne peux pas le faire. J’ai eu une petite pointe de déception car je la pensais plus humble. C’est le jeu. C’est peut-être qu’elle a besoin de ça pour se mettre dans les conditions pour être au top.

En l’absence de Clarisse Agbégnénou pourriez-vous être la capitaine de l’équipe de France féminine?

Je n’ai pas forcément besoin qu’on nomme une capitaine. Les filles savent que si elles ont besoin de discuter je suis là. J’ai souvent endossé ce rôle là à Champigny puis au PSG. Si on devait désigner un capitaine, je prendrais le rôle avec plaisir. Je ne me mettrais pas de pression particulière. On est toute potes. On s’aide pour aller vers le haut. C’est pour ça que l’équipe féminine est forte. J’endosserais le rôle avec plaisir en attendant le retour de Clarisse.

Morgan Maury