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Judo (Tournoi de Paris): le jour de grâce pour Faïza Mokdar, en or après avoir fait tomber plusieurs cadors

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Cadette et junior hyper talentueuse, Faïza Mokdar a réalisé une journée dingue, à la hauteur de ses promesses, ce vendredi en moins de 57 kilos au tournoi de Paris, en battant plusieurs cadors du circuit. En or à la fin, elle a pris un ticket pour l’après Paris 2024.

Au marché des championnes, le prix des scalps ramenés par Faïza Mokdar vaut très cher. On a compté un titre européen, quatre mondiaux et un olympique. Sortir une telle journée, ce vendredi au Tournoi de Paris, ce n’est pas un coup de chance. On savait que la jeune Parisienne de 22 ans avait du judo plein les mains.

"Entre pouvoir le faire et le faire il y a une marge", rappelle sa coach Automne Pavia, qui connaît comme sa poche cette catégorie des moins de 57 kilos (championne d’Europe, médaillée mondiale et olympique). Lorsqu’elle était cadette en 2018, elle avait enquillé les titres nationaux, cadet, junior et senior en quelques mois ! A l’époque, le train Mokdar était lancé. Elle a ajouté trois titres européens juniors. En France, il y avait devant elle Amandine Buchard en moins de 52 kilos puis Sarah-Léonie Cysique en moins de 57 kilos. Difficile de doubler deux avions de chasse qui tracent déjà à Mach 2.

Mokdar a mis des médailles ça et là. Mais jamais assez pour obtenir une sélection en grand championnat. L’an passé, rien à cause d’une blessure à un genou. "J’ai surtout travaillé sur moi, confie-t-elle en descendant du podium ce vendredi. C’est ce pour quoi je m’entraîne. Il faut continuer comme ça."

Timide, impressionnée par les micros, Mokdar ne dévoile pas trop le plan qui l’a mise dans la lumière. En finale, elle a plaqué sur le dos la Canadienne Christa Deguchi, la meilleure moins de 57 kilos du moment. Un mouvement d’épaule en deux temps pour un ippon qui a fait rugir Bercy: "La consigne était de rester la première sur les mains, agressive. Après avoir lancé le mouvement je suis grave contente, j’avais l’impression que le combat n’avait pas commencé."

Objectif Los Angeles 2028?

Une journée débutée face à une Turque contre qui elle restait sur un revers. Le combat charnière de sa journée selon elle, une immobilisation pour basculer de l’autre côté avec ce tableau dantesque. "Je suis vraiment contente car elle revient de loin, résume Sarah-Léonie Cysique, troisième. Ça va lui donner beaucoup de confiance. La dernière que je l’ai affrontée, elle était trop gentille. Je lui ai dit que sur le tatami on n’est plus amies mais adversaires. Elle est très forte. Elle peut faire de grandes choses."

La sélection olympique ne bougera pas du judogi de Sarah-Léonie Cysique. Mokdar n’était pas là la saison dernière. Ce succès parisien peut lui procurer un billet pour l’Euro en avril en Croatie voire pour les Mondiaux en mai, où les appelés des JO de Paris 2024 ne devraient pas être nombreux pour ne pas risquer la blessure. Elle se place pour succéder à Cysique dans l’optique de Los Angeles 2028.

Travailleuse, calme, selon Automne Pavia, il faut la tempérer un chouïa car la jeune fille est prompte à emballer le moteur, tellement elle veut faire chuter vite. Soutenue dans les tribunes par les élèves d’un club dont elle s’est occupée, Mokdar a entamé une histoire avec Paris après deux cinquièmes places. Talent pressé, Mokdar a rattrapé le temps perdu.

Morgan Maury