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Mondiaux de judo: Romane Dicko, un bronze pour réviser

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Le deuxième titre mondial en +78kg a échappé à la Parisienne Romane Dicko, battue en demi-finale jeudi à Budapest. Une performance qui lui a toutefois permis de se rendre compte de certaines failles tactiques.

Pour ce premier championnat du monde sur la chaise de coach, Jane Bridge a demandé à Romane Dicko comment elle pouvait l’aider en dehors des questions de judo. "Ne me stresse pas", a répondu la quadruple médaillée olympique. Jeudi à la Laszlo Papp Arena de Budapest (Hongrie) lors des Mondiaux, Dicko a été assez relax pour s’enfiler une heure et demie de mathématiques avant son combat pour le bronze face à l’Estonienne Aktas: "Comme la pause était longue j’ai appelé la personne qui me fait le soutien. Je lui ai dit: ‘Tu es disponible?’ Elle m’a répondu: ‘Là? Tout de suite?’" C’est qu’il y a un partiel de rattrapage dans quelques jours à la Sorbonne.

Un bronze en guise de rattrapage aussi alors qu’elle venait pour un deuxième titre planétaire après celui de 2022 à Tashkent. Aktas, 17 ans, troisième des Mondiaux cadets l’an passé, sera poussée sur la tranche (yuko) puis tenue 15 secondes en immobilisation (waza-ari). Trois heures plus tôt, la Sud-Coréenne Kim Hayun, médaillée de bronze aux côtés de Dicko aux derniers Jeux olympiques, avait réussi à la sortir de la route de la finale. Après deux minutes où elle montait son bras droit destructeur mais peu à attaquer, Dicko a été privée de son arme numéro 1: "Je devais la croiser. Elle a pris shido puis je n’arrivais plus à monter la main. Elle me bloquait l’épaule. Quand elle a changé je n’y arrivais plus. Elle m’a eue tactiquement. J’avais des solutions je pense mais je ne les ai pas trouvées." Les pénalités vont tomber contre la Française jusqu’à la troisième au début du golden score. Un scénario de match qui ressemble un peu à celui imposée par Beatriz Souza aux JO.

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Un besoin de plans A, B et C

Passé la mi-combat, le plan A est entaillé et l’adversaire s’y engouffre. Dicko n’a-t-elle pas donné la recette pour la dominer ce jour-là? "Les deux premières minutes, elle dominait", rembobine Jane Bridge. "Puis la Coréenne l’a bloquée, attaquait avant elle. Je trouvais que Romane était moins agressive. Est-ce le physique? A-t-elle désespéré en voyant qu’elle ne montait plus la main?" Dicko en convient, elle a besoin de plans A, B, C. Elle a déjà des idées d’exercice, de randoris (combat d’entraînement) à thèmes. Elle si expéditive sait bien que les combats à rallonge l’emmènent dans un territoire qu’elle connait peu. Si son bras droit ne peut pas se poser dans le dos, elle doit pouvoir gérer la distance en attrapant le revers, un travail en cours avec Jane Bridge et Baptiste Leroy, coach au PSG. Plusieurs fois contre la Sud-Coréenne elle a avoué avoir senti la possibilité d’un contre en tournant dans le dos. Ce mode d’emploi non plus elle ne l’a pas encore. Des failles oui, mais là-haut, ça cogite déjà pour leur prochain affrontement, peut-être dès ce vendredi lors de la compétition par équipe.

Avant ce revers, la journée de Dicko était intéressante. L’Italienne Tavano, un mauvais souvenir, la Chinoise Ayiman puis la Néerlandaise Stevenson ont été battues. À chaque fois sur des séquences différentes. Contre Ayiman, Dicko pivote vite et revient en fauchage intérieur, face à Stevenson, elle profite d’une mauvaise attaque pour bondir au sol et effectuer un joli dégagement de jambe. La jeune femme de 25 ans était vive, mobile comme elle le souhaitait avant de s’envoler pour la Hongrie. "C’était très habile pour une lourde", reconnaissait Jane Bridge. "Elle a aussi bien géré ses émotions."

Jusqu’aux JO de Los Angeles il y a encore trois championnats du monde. Dicko en veut au moins un pour se gonfler de confiance avant le rendez-vous quadriennal. "Je ne pense pas que viser une médaille d’or c’est de la pression. J’ai de grandes ambitions. J’ai envie de marquer la catégorie", a-t-elle appuyé. C’est maintenant Kim Hayun, environ 111kg, qui va porter la responsabilité du dossard rouge. À elle les plans de défense et à Dicko les tactiques d’abordage. De jolis problèmes.

Morgan Maury