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Affaire Agnel: dépression, anorexie, emprise, l'enfer de la plaignante N. Horter raconté par ses avocats

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Les avocats de N. Horter ont expliqué à L'Équipe le long cheminement de leur cliente, qui a abouti, en décembre dernier, à la mise en examen de Yannick Agnel pour viol et agression sexuelle sur mineure.

N. Horter vit à l’étranger depuis la mise en examen de Yannick Agnel pour viol et agression sexuelle sur mineure, loin de son pays, la France. Du monde de la natation, surtout, dont elle voulait s'éloigner à tout prix, elle qui n’ose même plus mettre de maillot de bain. Et pour cause, la natation est pour elle synonyme d’agression.

Ce n’est qu’en 2020 que N. Horter décide de déposer plainte, après "un long cheminement", selon le récit qui en est fait par ses avocats, interrogés par le quotidien L’Equipe. C’est le travail avec une psychiatre qui a permis à la plaignante, après avoir connu une phase de dépression et l’anorexie, de déposer plainte.

La reconnaissance par Yannick Agnel de "la matérialité des faits" a cependant été vécue comme "un premier soulagement", bien qu'elle ne se sente pas prête pour autant à se confronter à son agresseur, "pas avant la fin de l’instruction" en tout cas. "Si les faits sont constitutifs de viol c'est parce que vous n'ignorez pas qu'il existe une différence d'âge très importante entre les 13 ans de la victime présumée et les 24 ans de Yannick Agnel", avait précisé la procureure.

Lors du premier baiser entre Yannick Agnel et N. Horter, le 31 décembre 2015, la jeune fille, alors âgée de 13 ans, vit sous la double emprise du nageur français, qui avait posé ses valises à Mulhouse quatorze mois plus tôt.

"J'avais 13 ans, je ne connaissais rien de l'amour"

"Il est là tout le temps, décrit Me Rollet, l’un des avocats de la plaignante, à L'Équipe. Il est tantôt le grand frère, mais tantôt l'agresseur. Il y a son statut de champion. Il y a en plus cette place qu'il occupe dans la famille où on déjeune ensemble les dimanches, on rigole ensemble." N. Horter n’a alors aucune conscience de sa sexualité.

Elle est encore une enfant, et pas seulement au niveau de l’état civil, rappellent ses avocats: "Elle l'a dit au juge d'instruction lorsqu'elle a été auditionnée : "Moi, à cette époque-là, j'avais 13 ans, je ne connaissais rien du sexe et je ne connaissais rien de l'amour", rapporte Me Wetterer. "Donc, quand Yannick Agnel me prend la main et me dit qu'il va me faire découvrir tout ça, c'est la plongée dans l'inconnu'."

Restée dans l’ombre médiatique, N. Horter ne souhaite pas s’exposer davantage à plus de souffrance, liée aux retombées de cette affaire, notamment sur sa famille. L’essentiel pour elle est de tourner la page, que la procédure puisse suivre son cours.

"N. dit juste : 'Voilà ce que j'avais sur le cœur, ce que j'ai somatisé physiquement, rapporte Me Wetterer. J'ai déposé plainte pour ça parce qu'il fallait le faire, parce que c'est quelque chose de pas normal. Maintenant, je veux que tout se déroule au mieux. Comme à 13 ans, je connaissais pas l'amour ni le sexe. À 19 ans, je ne connais rien à la justice. Je ne suis pas du tout en train de dire que Yannick Agnel doit être attaché à un poteau et lapidé. Que ce qui doit se passer se passe, c'est tout'."

QM