Agnel : "Être repêché ne m’empêchera pas de me désister"

- - AFP
Yannick Agnel, comment vous sentez-vous après ces championnats de France houleux ?
Un peu fatigué. Je n’ai pas trop dormi ces derniers jours.
Vous attendiez-vous à des championnats si compliqués ?
On connaissait tous les minima et on savait que pas mal de nageurs allaient se heurter à un mur presque infranchissable. Et visiblement, même les meilleurs : Jérémy Stravius fait la troisième meilleur performance mondiale de l’année sur 200m nage libre et ne remplit pas les critères pour aller aux Jeux Olympiques. C’est quand même un truc de dingue ! Après, je suis parti l’esprit vainqueur et en essayant de faire du mieux possible. De ce côté-là, du coup, j’éprouve un peu de tristesse, de déception mais aucun regret parce que j’ai donné le meilleur de moi-même et c’est la dure loi du sport.
Restez-vous sur la frustration de cette erreur de chrono ?
Les gens ont beaucoup parlé à ma place. Ce qui se passe, c’est que je suis clairement deuxième. Vraiment. Il y a eu des soucis de chrono, je ne suis pas le seul nageur à qui c’est arrivé. On doit être une vingtaine ou une trentaine de nageurs à avoir eu des soucis de chrono dans toute la compétition, ce qui est assez énorme pour des sélections olympiques. Je ne suis pas en train de clamer que je dois aller aux Jeux Olympiques. Je n’ai pas réussi les minima, ça je ne le remets pas en question. Ce que je remets en question, c’est qu’on me certifie que je suis troisième. Je regrette vraiment qu’on ait tous les deux (avec Jordan Pothain) été mis dans cette situation.
Comment expliquer ces problèmes de chrono ?
Ça arrive que les plaques ne marchent pas du tout et dans ce cas, les juges appuient sur la poire et c’est un chrono semi-manuel. Mais que le temps lui-même soit défectueux, c’est incompréhensible. Il y a sûrement des améliorations à faire. Je pense que le prestataire choisi par la Fédération et la Fédération n’ont pas été au top sur ce coup-là. Imaginez-vous ce que ça fait 1% des nageurs (proportion habituelle d’après la FFN, ndlr) ? Un nageur sur 100 a eu un temps bidon !
Pensez-vous être repêché ?
Ce n’est pas à moi d’estimer si je dois être repêché. Je me suis donné au maximum. Honnêtement je n’en sais rien. Il y a une autre composante, c’est le temps lui-même. Aujourd’hui, avec 1’46’’4 comme j’estime avoir fait, je ne suis pas compétitif pour aller chercher la plus belle des médailles à Rio. Si je suis repêché, c’est très bien mais ça ne m’empêchera pas de me désister sur ce 200m en individuel pour me concentrer sur le 4x200, qui a de grandes chances de médaille.
Ces sélections viennent-elles trop tôt ?
Les Américains font ça en juillet, ce n’est pas forcément un gage de réussite. Mais pour certains nageurs, peut-être pas les meilleurs, ils vont tout donner aux championnats de France et arrivés aux Jeux, ils seront peut-être moins bons. Je pense que ce n’est pas une bonne chose d’avoir des minima aussi élevés. Il faut être exigeant mais il faut le faire avec une certaine progressivité dans les années de préparation olympique.
On a senti une atmosphère très étrange à Montpellier…
C’était tendu et un peu moribond. Il n’y avait rien, pas de joie, pas de pleurs, l’incertitude, le soulagement de quelques-uns. C’était vraiment très spécial. Aujourd’hui, il y a une génération qui va sûrement partir après Rio et c’est un peu dommage qu’on écrase ce dernier chapitre. C’est un peu ingrat.
Pensez-vous vraiment arrêter après Rio, comme vous l’avez laissé entendre ?
Arrêter ? Je ne sais pas. Je n’ai pas dit oui ni non, j’ai dit peut-être. Je prendrai le temps de la réflexion après les Jeux. A l’heure actuelle, je préfère me concentrer sur Rio et ce que j’ai à faire.