Ch. de France : Manaudou et les Bleus veulent éviter la "guillotine"

Tout faire pour éviter le couperet. C’est le mot d’ordre que vont suivre les nageurs français, à partir de mardi lors des championnats de France, pour ne pas rater leur qualification pour les Jeux olympiques de Rio en août prochain. Seuls deux nageurs au maximum sur chaque distance peuvent se qualifier, à condition également de réaliser les minima. La marge d’erreur est donc absente.
« Les qualifications olympiques, c’est peut-être la compétition la plus dure de notre vie, la plus stressante, la plus difficile », explique Fabien Gillot. Le capitaine des Bleus, qui devra s’arracher pour obtenir un billet individuel sur 100m, compare l’exercice à la « guillotine » : « C’est tellement dur en France, c’est vraiment une antichambre intéressante pour réussir les Jeux quelques mois après. »
Manaudou : « Beaucoup à perdre, et pas grand-chose à gagner »
Florent Manaudou a déjà bénéficié de l’élan des France, pour briller aux Jeux de Londres en 2012. Il y a quatre ans, à Dunkerque, le petit frère de Laura avait fait parler sa puissance, avant de survoler les JO. « Ça a été un moment décisif dans ma carrière », se remémore-t-il aujourd’hui. Mais il demeure extrêmement prudent cette fois : « C’est hyper stressant comme compétition parce qu’on n’a rien à gagner, à part un ticket pour les Jeux, qui est normal pour 99% des spectateurs. On a beaucoup à perdre, et pas grand-chose à gagner », avance-t-il.
Alors qu’il devrait logiquement valider ses billets pour Rio sur 50 et 100m libre, il ne veut pas connaître le même échec qu’Alain Bernard, champion olympique 2008 sur 100 m libre, qui avait raté sa qualification pour Londres en individuel. « C'est sûr que si on loupe cette compétition, l'année, voire la carrière pour certains, s'achève. C'est vraiment un couperet et on a de la mauvaise pression. C'est une des compétitions les plus dures dans notre carrière », prévient-il.
Lacourt : « Il y a de la sérénité, de l’envie et cette part d’appréhension »
« On en parle beaucoup car c’est une sélection olympique. Ça n’arrive que tous les quatre ans. Mais pour ma part, c’est une sélection comme une autre, avance de son côté Jérémy Stravius. Ça donne une pression supplémentaire car les temps sont difficiles à réaliser. Mais le challenge est le même. Sur 100m, il y a beaucoup de monde. Mais il y a de la place. Je me sens capable d’accrocher un des deux billets. Même chose sur 200m. Je n’ai pas de question à me poser. Je vais foncer ».
Camille Lacourt est partagé entre confiance et doute. « Il y a de la sérénité, de l’envie et cette part d’appréhension, ce stress assez négatif du coupe-gorge. C’est un mélange de tous ces sentiments. Il y a tout à perdre ». Romain Barnier, coach en chef du Cercle des Nageurs de Marseille, estime que les gagnants seront ceux qui abordent les courses pour les gagner : « Les athlètes que l’on va voir cette semaine ne sont pas ceux qui vont nager selon un critère, mais ceux qui seront dans un bon état d’esprit, c’est-à-dire faire de mieux possible le jour J. Il va y avoir des moments magiques et des moments de frustration ». Un avis partagé par Fabrice Pellerin : « Il y aura de tout en termes d’émotion. Ce qui seront en partance pour Rio seront tout sauf des touristes. »
Bonnet : « Le chrono je le connais depuis longtemps »
La jeune nageuse de Nice, Charlotte Bonnet (21 ans), est partagée entre trac et impatience. Engagée sur 200m vendredi et 100m dimanche, elle va tenter de valider son premier ticket en individuel pour les Jeux. « Ça va être une semaine stressante. Il y a beaucoup d’impatience avant d’entrer dans la compétition. On va jouer sa vie. C’est la première étape avant les Jeux. Ça passe ou ça casse, mais on a travaillé pour », résume-t-elle. Les minima (53’’72 sur 100m et 1’56’’78 sur 200 m), elle les a cochés depuis longtemps : « Le chrono, je le connais, ça fait longtemps qu’il est sorti, depuis Kazan l’été dernier. Tous les jours on se le rappelle, on sait pourquoi on travaille, on l’a en tête ».