Championnats de France de natation: "Je ne m'attendais à rien et j'ai tout...", la sensation Nikita Baez sur 50m

"Je ne m'attendais à rien et j'ai tout..." Du haut de ses 2m03 et avec sa voix grave, Nikita Baez est encore presque sous le choc. En 21''69, il vient de mettre une énorme claque à son record personnel déjà amélioré le matin en séries (22''08), de se qualifier pour sa première équipe de France seniors, ses premiers championnats du monde. Et de faire son entrée dans le top 10 mondial de la saison sur la distance. "Je suis légèrement submergé par les émotions, glisse calmement le Lyonnais. J'essaye de me recentrer sur le moment présent, de prendre le temps de remercier tout le monde. C'est beaucoup d'émotions."
"Une progression de gamin de 12 ans alors que j'en ai 25 !"
Une performance qu'il n'imaginait presque pas. "C'est inédit, j'ai eu une progression cette année de gamin de 12 ans alors que j'en ai 25, sourit Nikita Baez. Quand on dédie de plus en plus sa vie à quelque chose et de façon positive, je crois qu'on progresse. J'ai connu des périodes très, très difficiles la saison dernière. J'ai un peu touché le fond et j'ai essayé de me servir de ces moments là pour rebondir le mieux possible et me consacrer à fond à la natation car je me suis rendu compte que ça représentait une grande partie de ma vie et que j'étais très performant." Des difficultés sur lesquels il ne souhaitait pas s'étaler ce mercredi soir face aux micros. "C'est délicat d'en parler et peut être que à terme je serai plus à l'aise et plus à même d'en parler".
Même émotion pour son entraîneur du Lyon Natation Yoann Exbrayat. "C'est un gros gap, concède le technicien. Il revient de très loin parce qu'il a eu une saison très compliquée l'année dernière, donc effectivement ça fait une belle progression. C'est un garçon atypique et c'est sa force. C'est quelqu'un d'un peu différent dans sa façon d'être, dans sa façon d'appréhender les choses. Il est très sensitif, donc il faut qu'il ressente bien les choses. Il a fallu s'adapter à lui et non pas le contraindre à un modèle qui est différent, qui serait celui de la norme. C'est un chouette garçon."
Dans le top 10 mondial de la saison sur le 50m nage libre
On lui apprend qu'avec son chrono, il est dans le top 10 mondial de la saison, à un centième de l'Australien Kyle Chalmers, champion olympique du 100m en 2016 (et en argent en 2021 et 2024). Un "Ah p..... c'est vrai" s'échappe. "C'est gros ça ! C'est des noms, à force de s'inspirer d'eux et de travailler dans ce sens-là, si on croit en nous on finit par atteindre leur niveau."
C'est Florent Manaudou, présent à Montpellier et qui s'interroge toujours sur une éventuelle dernière saison de nageur ou la retraite, qui a remis les médailles de ce 50m nage libre. "C'est la troisième ou quatrième fois que je serre sa main, lance Nikita Baez bien conscient "qu'il faut être taré pour se rappeler de choses comme ça (rire)". "Les deux premières fois ça m'a vraiment impressionné car il a vraiment une présence très forte, poursuit le Lyonnais. Je suis quelqu'un qui observe énormément, depuis tout petit et c'est en partie comme ça que j'ai progressé en natation, j'imitais les grands. Je passais des heures sur YouTube à regarder comment les grands comme Maxime (Grousset) ou Florent (Manaudou) nagent. J'essaye de m'approprier ce qu'ils font de bien à ma sauce. C'est des modèles pour moi."
Servi par un gabarit idéal pour le sprint. "Il mesure 2m03 mais il n'est pas forcément très massif, note son entraîneur. Mais il est bien comme il est ça lui va bien et ça lui permet d'avoir un excellent rapport poids-puissance. Il accélère fort sous l'eau, il a des bonnes qualités aquatiques."
Baez, "tout sauf un one shot" ?
A 25 ans, il vient de valider son diplôme d'état pour être entraîneur, et travaille en contrat d'alternance au club de Lyon où il entraîne notamment une nageuse handisport. Yoann Exbrayat, qui l'entraîne depuis le Covid en 2020 alors qu'il avait arrêté la natation depuis deux ans, prédit qu'il ne s'agit pas d'un "one shot". "Il s'entraîne correctement depuis pas si longtemps que ça donc il est frais. Il a effectivement beaucoup de maturité, et comme il a eu des petits aléas les années précédentes, ça consolide la tête aussi. Ce sont des mauvais moments de passage, mais si on sait l'utiliser, il a gagné en maturité et en raisonnement."
"Je ne me mets pas de limites, assure Nikita Baez. Dès l'instant où on se met des limites, on est plus bridés à l'entraînement et on s'exprime moins. On est moins créatif dans ce que l'on fait. Donc à la fois je suis submergé par les émotions et je ne réalise pas totalement, mais dans un coin de ma tête je sais que j'ai toujours eu confiance en moi et que je récolte le fruit du travail accompli cette année."
Grousset toujours aussi régulier
Vainqueur de ce 50m avec un centième d'avance sur Nikita Baez (21''68), Maxime Grousset a enchainé sa troisième victoire en trois courses à Montpellier. Avec le sixième chrono de sa carrière sur la distance et comme sur ses courses précédentes, une journée où il a réussi à nager vite le matin (21''73), en séries et le soir en finale.
Le médaillé de bronze mondial en 2022 retenait la victoire. "A un centième, c'était chaud... Je suis content je me rapproche à peine à un dixième de mon meilleur temps (21''57 en 2022)" Et un peu moins la manière. "J'ai beaucoup de choses à améliorer sur ce 50m. Je fais une reprise de nage sous l'eau... Donc je perds toute ma vitesse et c'est la pire chose à faire sur un 50m. Malgré ça je nage 21''6 donc je me dis bravo (rire). Direction Singapour !"
Maxime Grousset terminera ses championnats sur le 100m papillon jeudi, distance sur laquelle il a décroché le titre mondial en 2023 à Fukuoka.
1500m : Et de sept pour Damien Joly
Les années passent, mais il est toujours présent au rendez-vous. Damien Joli s'est qualifié pour ses septièmes championnats du monde sur le 1500m nage libre. Vainqueur en 14'58''78, il réalise de justesse les minima (15'00''99). "C'était dur, à 33 ans on ne récupère plus comme à la belle époque, soufflait le capitaine de l'équipe de France. Mais ça passe, l'objectif de la qualif sur ma spécialité est atteint. Il me reste six semaines avant le 1500m des Mondiaux pour bien récupérer de mon stage en altitude avant ces championnats et effectuer un travail spécifique".
200m dos : Pauline Mahieu voit double
Après sa qualification sur le 100m dos, Pauline Mahieu a enchainé avec le titre et la qualification sur le 200m dos en 2'08''28. "C'est la première fois que j'arrive à décrocher deux qualifications donc je suis très contente de ça, savourait la nageuse du Canet 66. Je suis contente aussi de battre mon record personnel, c'était le chrono que je m'étais fixée. Je sens que j'ai encore mieux dans les jambes mais de pouvoir me libérer sur une finale de championnat de France, c'est pas tous les jours que ça arrive alors je suis contente."