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Euro de natation: Marie Wattel veut "prendre des repères pour les Jeux"

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A 23 ans, elle fait partie des cinq nageuses et nageurs français avec déjà leur ticket en poche pour les Jeux olympiques de Tokyo. Marie Wattel aborde donc un peu plus libérée les championnats d’Europe de natation qui se déroulent du 17 au 23 mai à Budapest en Hongrie. Avant son entrée en lice lundi sur 100m papillon, la nageuse d’Annecy voit cette première compétition internationale depuis 2019 comme une "répétition" en vue des JO où elle se positionne en outsider.

Marie Watell, quelle place ont ces championnats d’Europe sur la route vers Tokyo ?

Je le prends un petit peu comme l’ISL (en octobre-novembre dernier) où j’avais fait beaucoup de courses et ça avait plutôt bien marché. J’avais vachement appris et ça m’avait permis de retrouver des automatismes. Le but de ces championnats d’Europe c’est de faire des belles courses, de travailler des stratégies et des points-clefs dans la course. De retrouver la compétition aussi car ça fait longtemps que l’on n’a pas fait une grosse compétition avec du niveau. J’ai envie de me confronter aux meilleures européennes.

Vous êtes une des rares à être déjà qualifiée pour les JO, est-ce que ça change quelque chose dans l’approche de ces championnats d’Europe et des semaines qui arrivent ?

Ça m’a permis de prendre quelques jours un peu plus tranquilles après le meeting de Marseille (dernière compétition de la première phase qualificative). Je viens de finir un gros cycle de travail là, et je peux me permettre de faire 4-5 jours un peu plus tranquilles car je ne vais pas relâcher pour les championnats de France (du 15 au 20 juin, qui serviront de sélection olympique pour les non-qualifiés) et c’est un avantage. Je prends peut-être la compétition un peu plus sereinement. Je sais qu’il y a beaucoup de nageurs qui ont hésité à venir par rapport aux championnats de France et je comprends tout à fait. Mais ça me permet de faire la compétition en entier et c’est positif.

Donc ce n’est pas seulement une compétition de travail...

Ce que j’ai dit à mon coach, c’est que si c’est pour faire des championnats d’Europe en étant complètement éclatée physiquement, je ne vois pas l’intérêt. Je préfère rester à la maison. Donc le but est d’essayer de faire des belles choses avec le niveau physique que j’ai aujourd’hui. On verra bien ce que ça donne. Le but, c’est de faire des belles courses, bien construites et qui vont me donner des repères pour les Jeux. Je le prends vraiment comme une répétition pour les Jeux et c’est pour ça que c’est important pour moi. Je vais nager le 100m papillon, le relais 4X100m, le 100m nage libre… donc les courses que je ferai aux Jeux. J’ai besoin de prendre des repères sur la façon dont j’enchaine les courses, comment je récupère. La récupération entre les courses c’est vraiment la chose sur laquelle j’ai envie de travailler à Budapest. Ça va vraiment être une bonne répétition et je n’ai pas envie de prendre ça à la légère parce que je n’aurais pas d’autres occasions pour le travailler."

Il y a aussi eu les études à terminer avant ces championnats d’Europe…

Oui, les cinq dernières semaines ont été un peu intenses. Il y a eu un gros bloc de travail dans l’eau et j’ai rendu jeudi mon mémoire. Mais au moins je suis tranquille pour les championnats d’Europe et après, je vais pouvoir me consacrer entièrement à la natation. Mon mémoire porte sur la gouvernance de la natation dans le monde. J’ai décidé d’interviewer des nageurs de dix nationalités différentes. Sur ce qu’ils pensent de la façon dont leur fédération est gouvernée, sur la fédération internationale également. Avec l’arrivée de l’ISL, quelles sont les différences, les points positifs et négatifs… Le titre de mon mémoire est un peu compliqué à traduire en français mais, en gros, c’est: les organisations qui gèrent la natation sont-elles légitimes ?

Marie Wattel future présidente de la FFN ?

(rire) Non mais c’est vrai que l’arrivée de l’ISL nous a permis en tant que nageur de se renseigner un peu plus sur ce genre de choses. L’idée m’est venue de discussions avec les nageurs et j’avais l’impression que l’on avait tous plus ou moins les mêmes problèmes avec la FINA, nos fédérations nationales, ou même l’ISL. Du coup, je trouvais intéressant de prendre l’avis de tout le monde.

Est-ce que vous êtes vaccinée contre la Covid-19 ?

Je me suis déjà fait vaccinée, j’ai même reçu les deux doses. C’est un soulagement pour moi. C’est d’ailleurs pour ça que je me suis permis de faire les championnats d’Europe. Il y en a qui avaient peur d’attraper le Covid à Budapest et de devoir s’isoler dix jours. J’espère que je ne suis plus trop à risque et ça me permet de prendre la compétition de façon un peu plus sereine de ce côté-là. Et même dans la préparation je suis beaucoup plus sereine parce que j’ai moins peur de l’attraper et de devoir m’isoler pendant 15 jours et louper beaucoup d’entraînement. En Angleterre, ils sont assez stricts et même si je n’étais que cas contact, je devais rester à l’isolement pendant 14 jours. J’avais pas mal de stress par rapport à ça. J’aborde les prochaines semaines beaucoup plus sereinement, il y avait ce stress de l’attraper. Et d’ailleurs j’ai appris que je l’avais eu sans le savoir. J’ai fait une prise de sang qui montrait que j’avais des anticorps ce qui est très bizarre car depuis septembre je suis testée toutes les semaines. Je l’ai peut-être attrapé cet été… Tant mieux pour moi.

Julien Richard