"J'ai pris un peu de recul": Florent Manaudou, "l'excitation sereine" avant le grand défi de Paris 2024

On le savait habile à jouer avec les chronos. Le voilà maintenant qui manie l'oxymore. Florent Manaudou et "l'excitation sereine" avant son premier plongeon sur une compétition en grand bassin depuis son élimination en demi-finale des championnats du monde à Fukuoka l'été dernier. Après une première partie de saison qu'il a beaucoup consacrée à l'extra-sportif et un peu à la natation (avec tout de même une médaille européenne en argent sur 50m nage libre en petit bassin), le Marseillais a enclenché le mode olympique... Toujours à sa façon.
Comme prévu, le champion olympique de Londres en 2012 est parti en début d'année pour un long stage en Australie. Loin du tumulte des Jeux en France et de toutes sollicitations.
"Je ne fais presque plus rien et ça change beaucoup de choses en fait", assure Manaudou.
"Parce que j'ai des semaines complètes d'entraînement et j'ai mes week-ends complets de repos. Je sens que j'assimile beaucoup plus facilement le travail. Je sentais en fin d'année que l'enchaînement des sollicitations, que ce soit avec les sponsors, les médias ou les choses perso, ça me fatiguait. Donc je suis très content d'avoir une espèce de sérénité. Une espèce d'excitation sereine depuis début janvier et je suis très heureux de ça", se réjouit-il.
"Down under", Florent Manaudou a pu retrouver son grand ami Dorian Gandin, ancien nageur de l'équipe de France installé à Brisbane. "Ça m'a apporté beaucoup de sérénité dans ma préparation et une nouvelle manière de travailler. Encore...", précise-t-il dans un sourire. "J'étais beaucoup plus seul. J'ai bossé avec Dorian toujours sur le même type de séance mais pas avec le même staff autour de moi. James (Gibson, son entraîneur principal) envoyait les séances et Yoris (Grandjean) et Quentin (Coton, ses deux amis et coachs à Antibes) par FaceTime de temps en temps. Ça s'est très bien passé, je me suis remis dans le bain très vite, je pensais que ça prendrait plus de temps."
"L'impression d'être un joueur de tennis"
Mais avec Florent Manaudou, on l'a constaté depuis son retour de sa pause handball, les choses programmées peuvent parfois changer. "Je suis parti une semaine plus tôt d'Australie car j'avais envie de rentrer", raconte sans plus de détails Manaudou qui, après une semaine à la maison, est reparti direction cette fois Stellenbosch en Afrique du Sud, à trente minutes du Cap. "J'ai ma copine qui étudie là-bas, et c'est un centre où j'ai été en 2020 avec James (Gibson) juste avant la période Covid. C'était un bon truc de rentrer une semaine, de souffler et repartir pour un nouveau trip avec une nouvelle énergie avec des infrastructures différentes mais que je connaissais déjà. Et rester dans l'hémisphère sud parce que j'ai envie de rester au chaud. Pour moi c'est très important de profiter du soleil quand on peut en profiter. J'ai eu la chance d'avoir deux mois et demi de beau temps. Je pense que c'est primordial dans une préparation. Les choses se sont assez bien alignées."
Une escapade sud-africaine imprévue de quatre semaines qu'il a effectuée seul, sans son staff. "C'était assez agréable de faire ça tout seul, de gérer seul mes vols, mon Airbnb, réserver mes lignes d'eau etc... J'avais vraiment l'impression d'être un joueur de tennis. Je veux toujours être au centre de mon projet et pour l'instant c'est le cas. Comme l'a dit Jacco (Verhaeren le directeur de l'équipe de France), le haut niveau c'est aussi de pouvoir s'adapter. Donc je me suis adapté."
Il retournera en Afrique du Sud en avril et en mai
Il y retournera deux semaines en avril et deux semaines en mai. C'est donc sans feedback de ses entraîneurs et un peu dans l'inconnu qu'il se présente à Nice ce lundi. "Je me faisais filmer de temps en temps, mais au final, je n'en ai pas forcément besoin justement. J'ai pris un petit peu de recul par rapport à toutes ces choses, les chronos, la technique. C'était vraiment un bloc pour travailler donc il y a eu des choses qui ne sont pas importantes. L'important c'est le travail et ce que ça apporte pour les semaines d'après. Et tous ces chronos à l'entraînement, ça peut m'impacter sur mon 'mood'. Si jamais je suis dans un gros bloc de travail logiquement je ne nage pas très vite et ça peut m'impacter et me faire dire que je vais nulle part. Alors que là j'étais vraiment dans l'effort pur, et c'était agréable."
Débarqué seulement ce samedi après-midi d'Afrique du Sud, sans vraiment de repos et un peu fatigué, Florent Manaudou se disait tout de même "excité" à l'idée de voir comment ce début d'année allait se traduire dans l'eau. Ce lundi à Nice, mais surtout ce week-end pour la finale du Giant Open à St-Germain en Laye.