Double Contact - Sneazzy: "J’ai marqué un coup franc au Vélodrome, Riner voulait le tirer"

Le PSG n’a peut-être jamais été aussi agréable à regarder. Depuis quelques mois, le groupe façonné par Luis Enrique enchaîne les sorties séduisantes, étouffe ses adversaires et fait pleuvoir les buts à un rythme hallucinant. Encensée par tous les observateurs, la bande d’Ousmane Dembélé rayonne grâce à sa solidarité, son abnégation et sa débauche d’énergie permanente. Sans parler de son talent et de sa jeunesse. Un visage qui tranche avec celui des équipes de stars que Paris a longtemps abritées. Fervent supporter du club de la capitale, où il a vu le jour il y a 33 ans, Sneazzy valide ce changement de braquet.
"J’ai l’impression que c’est un mal pour un bien d’avoir épongé un peu l’équipe et sorti les gros égos. On peut essayer d’avoir un truc plus collectif et un esprit d’équipe beaucoup plus stable", confie le rappeur lorsqu’on le rencontre pour la sortie de son projet "Derrière l’horizon" (disponible depuis le 31 janvier). "J’aime bien le système de jeu, ça ne tourne pas autour d’un joueur. Chaque joueur peut prendre sa place et s’exprimer. Après, on verra, il ne faut pas trop s’avancer avec le PSG, c’est toujours plein de surprises. Mais cette équipe me fait kiffer."
"Barcola a un truc grave décomplexé quand il joue"
Au-delà de Dembouz, qu’il imagine bien dans la liste du Ballon d’or, pourquoi pas très rapidement, Sneazzy apprécie le flow de Bradley Barcola. "J’aime bien comment il est élancé, sa percussion, sa nonchalance aussi. Tu as l’impression que quand il déborde, personne ne peut l’arrêter, alors qu’il n’est pas dans les gri-gris non plus. Ce n'est que du bon crochet. Il a un truc grave décomplexé quand il joue. On dirait que c’est très naturel pour lui, il me fait penser à Leao. On a l’impression qu’il est sur la lune un peu, mais franchement, j’aime beaucoup ce joueur."
Originaire des trois pays du Maghreb, l’ancien membre du groupe 1995 suit en particulier les performances du Maroc. Et il se réjouit de voir Achraf Hakimi devenir un taulier dans la ville lumière: "Il a réussi à trouver sa place. Il fallait que l’équipe soit un peu plus épurée, avec moins de grosses têtes, parce que tu ne peux pas briller devant Messi, Mbappé et Neymar. C’est compliqué. Pourtant Hakimi c’est un top joueur et il le prouve jour après jour."
"On ne peut pas cracher sur le meilleur buteur de l’histoire du PSG"
En revanche, Sneazzy ne s’imagine pas encourager les champions de France dans une autre enceinte que le Parc des Princes: "Franchement, j’aurais beaucoup de mal. Le Parc, c’est le Parc. C’est les murs, les sièges. Il y a la forme du stade. C’est trop de bons souvenirs. Non, j’aurais du mal."
Alors que certains supporters parisiens ne digèrent pas le départ de Kylian Mbappé au Real Madrid l’été dernier, lui comprend le choix du capitaine des Bleus: "On ne peut pas cracher sur le meilleur buteur de l’histoire du PSG. Déjà, il est resté longtemps. Il a annoncé depuis le début que Madrid c’était son rêve. Tu ne peux pas reprocher à un gamin de 26 ans qui a toujours rêvé de jouer au Real d’y aller, alors qu’il a déjà eu plusieurs opportunités de le faire. Il a fait le taf qu’il fallait à Paris. Oui, on n’a pas gagné de Ligue des champions, mais on ne l’a jamais gagnée. Ce n’est pas la faute de Mbappé."
"Zizou m’a fait une faute, c’était le meilleur moment de ma vie"
Après l’annonce du départ de Didier Deschamps après la Coupe du monde 2026, beaucoup de gens attendent désormais que Zinedine Zidane reprenne son costume de sélectionneur national. Sneazzy en fait partie. "C’est la suite logique. Zidane devrait être là depuis quelques temps. Le palmarès de Deschamps, ce qu’il a fait avec l’équipe de France, c’est extraordinaire. Mais il faut aussi changer les cycles. Zidane, c’est la meilleure solution. Il peut relancer l’économie d’un pays, donc je pense qu’il peut se charger de l’équipe de France (sourire). L’aura, le statut, le nom, c’est la figure du foot français. Tous les joueurs vont vouloir être convoqués et s’arracher. Peut-être que ça va redonner une espèce d’élan à l’équipe de France, même si je ne pense pas que c’est éteint à ce point. Mais depuis la Coupe du monde 2022, ça s’est un peu essoufflé. Ça y est, il faut renouveler."
Le rappeur parisien a eu la chance de disputer un match de gala avec le Ballon d’or 1998 il y a deux ans. Et il s’est même permis de dribbler l’ancien n°10, qui l’a retenu par le bras dans un grand sourire. "Zizou qui te fait une petite faute quand tu le passes, c’était le meilleur moment de ma vie", témoigne Sneazzy. "Je pourrais montrer la vidéo à mes enfants. Je la regarde de temps en temps. C’est irréel. Quand j’ai reçu la balle et que je me suis retrouvé face à lui la première fois, je me suis dit: ‘Il faut que je fasse un truc’. Je commence à faire deux-trois gri-gris et il me dit: ‘Tu veux jouer à ça?’, avec son accent marseillais. Et là, je me suis dit: ‘Wouah, c’est Zizou qui est en train de me parler sur un terrain, c’est fou’. Donc j’étais obligé de jouer à ça. Et l’action d’après, c’est là où il me fait la faute. C’était extraordinaire."
"J’avais déjà fait un five avec ses enfants et c’était déjà impressionnant comment Enzo avait le même touché de balle que son père. Je m’étais dit: ‘C’est fou, c’est les pieds de Zidane’", poursuit-il. "Même son neveu Mehdi, qui est un ami, il est super fort. Ils ont tous du ballon. C’est Dieu qui leur a donné ça."
"Ça m’a insulté de tous les noms"
En octobre 2021, lors d’un match caritatif en faveur de l’Unicef organisé avec Didier Drogba, Sneazzy a pu taper le ballon devant 30.000 personnes au stade Vélodrome, aux côtés d’autres célébrités et d’anciennes stars comme Esteban Cambiasso, Gaizka Mendieta ou Robert Pires. Avec Arsène Wenger comme coach. Et le rappeur s’est fait plaisir dans l’antre de l’OM. Sur la dernière action du match, alors que le principe du onze contre onze n'était plus vraiment respecté, il a obtenu un coup franc à l’entrée de la surface après un tirage de maillot de Mathieu Flamini. "La faute est sur moi donc je prends le ballon", raconte ce fan inconditionnel de Cristiano Ronaldo. "Je le pose en mode: ‘C’est moi qui vais tirer, cherchez pas, je m’en fous’. Et là, il y a Teddy Riner qui veut tirer. Je me retrouve sur le terrain à dire à Teddy Riner: ‘Non, non, c’est moi qui vais tirer’. Je me suis dit: ‘Là, il ne peut pas me taper, il y a des caméras’. Mais je pense qu’il voulait me zigouiller (rires)."
Le public massé derrière le but s’est alors mis à conspuer l’artiste parisien. "J’ai un peu chambré, ça m’a insulté de tous les noms", sourit-il. "C’est un match caritatif, on rigole, mais non ça m’a insulté. Ça ne rigole pas, c’est Marseille. Dans le mur, il y avait au moins vingt personnes. C’était Yohann Pelé aux cages, l’ancien gardien de l’OM. Le rappeur Jok’Air me dit: ‘Tire en face de moi, je me baisse’. SCH essayait de niquer mon mood en se mettant devant le ballon. Je me suis concentré. Je ne tire pas trop fort pour qu’elle n’aille pas trop haut. Ça passe le mur et ça rentre!"
Ravi d’avoir marqué, Sneazzy a laissé éclater sa joie sans retenue en courant vers le point de corner: "Là, j’ai forcé. J’ai fait la célébration de CR7, j’ai enlevé mon maillot, j’ai mis la main derrière l’oreille pour chambrer les supporters, j’ai pris mon maillot et je l’ai mis en Fekir-Messi. J’ai tout fait. C’était un match caritatif, mais on était au Vélodrome, c’était une fois dans ma vie."
"Le feeling est trop bien passé avec Rabiot"
Il retourne tout de même ponctuellement dans l’enceinte marseillaise pour soutenir Adrien Rabiot, qu’il connaît bien depuis son éclosion au PSG. "Il écoutait ma musique, il a posté un de mes sons et on s’est connectés sur les réseaux. Le feeling est trop bien passé. C’est un mec qui a les mêmes délires. Humainement, c’est un tueur, j’aime trop ce gars (…) Il y a eu un moment où il ne communiquait pas énormément et quand tu ne communiques pas, les gens se font leur avis et répondent eux-mêmes aux questions. Il a été assez décrié, c’est très injuste. Au PSG, il a toujours fait le taf. A Turin, ça a pris du temps, mais c’est devenu le patron. Et là, ce qu’il fait à Marseille après un mini-temps d’adaptation et un changement de poste, c’est extraordinaire. Il a un volume de jeu de fou. En équipe de France, c’est devenu un taulier. Il faut respecter".