RMC Sport
EXCLU RMC SPORT

Champions Cup: "Jamais vu un joueur comme Dupont", avoue Zebo (Munster) avant les quarts

placeholder video
De retour au Munster l’été dernier après trois saisons au Racing, l’ailier (ou arrière) international irlandais Simon Zebo n’a rien perdu de sa bonne humeur, ni de son talent. Ses ambitions sont claires: faire chuter le Stade Toulousain d’Antoine Dupont, qu’il respecte énormément, en quart de finale de la Champions Cup, samedi (16h) à Dublin, pour viser un trophée. Avec déjà la Coupe du monde 2023 dans un coin de la tête.

Simon Zebo, vous venez d’avoir récemment un quatrième enfant et cette semaine vous préparez ce quart de finale européen contre Toulouse. Tout va bien pour vous…

Oui, je profite de tous ces moments. Récemment sur le terrain, nous avons bien joué. Le rugby va bien, avec des victoires et des essais, et comme vous l’avez dit, pour moi un nouvel enfant voilà deux semaines. Tout va bien. La mère est en bonne santé, et la petite aussi.

Vous êtes retourné en Irlande l’été dernier. Comment jugez-vous votre saison?

C’était une saison étrange. En début de saison, j’ai joué quelques matchs et j’ai rejoint l’équipe nationale. Après, on est allé en Afrique du Sud et on a dû rester là-bas. A cause du Covid, je suis resté isolé. C’était assez dingue, avec quasiment deux mois sans rugby, sans aucun match pour moi en novembre. Après cela, j’ai pris un carton rouge contre l’Ulster (début janvier) puis j’ai fait une commotion. Il s’est passé beaucoup de choses. Quand j’étais sur le terrain, j’ai pris beaucoup de plaisir, j’ai marqué huit ou neuf essais en une dizaine de matchs (ndlr : neuf essais en douze matchs). J’ai donc parfois manqué de rythme et j’espère qu’il n’y aura plus de mauvaises surprises d’ici la fin de saison et qu’on remportera des trophées, avant aussi une saison sans drame l’année prochaine.

Neuf essais en douze matchs, c’est un bon bilan…

(Rire) C’est pas mal oui. J’ai fait mon job. A l’aile ou à l’arrière, j’aime marquer des essais et finir les occasions. J’espère que ça va continuer ce week-end.

Vous avez donc fait le bon choix en rentrant au pays et dans votre ancien club?

Oui, j’ai toujours adoré le Munster, c’est mon club. Ma famille et mes amis sont ici. Les supporters sont incroyables. Il y avait beaucoup de raisons pour rentrer. J’ai aussi beaucoup aimé mes années au Racing (de 2018 à 2021). Peut-être que si le Covid n’était pas arrivé, les choses auraient été différentes et on aurait pu rester plus longtemps avec ma famille en France. Je ne sais pas. Mais avec ce qui s’est passé, la maison nous manquait. C’était spécial de revenir au Munster et de jouer à Thomond Park.

"J’adorerais jouer la Coupe du monde en France"

C’était dur de quitter le Racing?

Oui, bien sûr, c’était très difficile. J’ai aimé mon passage au Racing, le club, mes partenaires. J’avais une très bonne relation avec Jacky (Lorenzetti). C’était un superbe club et une ville incroyable pour jouer au rugby. Quand vous avez des jours off, vous pouvez aller vous balader dans Paris. C’était une expérience incroyable. Mes enfants parlent français, ma femme aussi un petit peu, le mien est devenu meilleur.

Que pouvez-vous dire en français?

(Rire) Je peux avoir une conversation en français mais en interview je pourrais dire des choses que je ne dois pas dire. Mon père parle français (ndlr : il est d’origine martiniquaise), moi, je ne parle pas parfaitement mais je me débrouille. Mais pour parler de rugby, je ne veux pas dire de bêtises.

Votre retour en Irlande s’explique aussi par votre envie de rejouer en sélection. Pensez-vous à la Coupe du monde 2023?

Oui, à 100%. C’est vraiment un objectif. Si je peux avoir du rythme et que je joue bien, il n’y a pas de raison que ça ne se passe pas. Je dois juste vraiment enchainer les matchs et travailler. Mais j’adorerais jouer la Coupe du monde en France l’an prochain, je suis persuadé que je peux le faire.

Pour cela, vous devez briller dans les gros matchs européens comme ce week-end…

Oui, ce sont ces matchs qui comptent pour être sélectionnés. Si vous jouez bien dans la ligue (le United Rugby Championship), c’est important. Mais si vous êtes bon en Coupe d’Europe, vous montrez que vous pouvez l’être en sélection. C’est le standard important. On veut vraiment gagner ce trophée et battre le tenant du titre. Ce ne sera pas facile mais cette compétition est très importante pour nous, comme pour les autres équipes irlandaises.

Est-ce particulier d’affronter le Stade Toulousain?

Oui, vraiment très particulier. Il y a déjà eu de nombreuses confrontations entre les deux équipes par le passé en Coupe d’Europe et cela a toujours donné des matchs incroyables. Le Munster et Toulouse sont deux clubs respectés en Coupe d’Europe avec deux styles différents : le "jeu debout" (en français dans le texte), des passes après contacts, et des joueurs français d’un côté, et de l’autre un jeu plus direct et physique pour nous. Mais les Toulousains ont aussi des "big boys" devant. La défense sera le point clé pour nous samedi. Il faudra faire de gros plaquages, être discipliné, avoir un gros jeu au pied, etc… Nous savons à quel point Toulouse est une bonne équipe, dure à arrêter.

"Les Toulousains pourraient battre les All Blacks"

Vous connaissez très bien les Toulousains pour les avoir affrontés à de nombreuses reprises en Top 14…

Oui, en quelques secondes, ils sont capables de marquer un essai. Ils ont les meilleurs joueurs du monde, un très gros pack et les meilleurs joueurs de l’équipe de France. On n’est jamais tranquille quand on joue Toulouse, même quand on est dans leurs 22 mètres. (Rire) Nous devrons être à notre meilleur niveau pour espérer les battre. On devra jouer simple, un jeu direct et être discipliné, et rester fidèle au plan de jeu du Munster.

Quel regard portez-vous sur Antoine Dupont ?

J’adore ce joueur. J’ai une très grande admiration pour lui. Je suis fan de sa façon de jouer. C’est un des meilleurs que j’ai affrontés, et je peux vous dire que j’ai joué contre de nombreux bons joueurs. Mais je n’ai jamais vu quelqu’un comme lui. Il est fort comme un troisième ligne, rapide comme un ailier, adroit comme Quade Cooper, il est tout…On a besoin qu’il fasse un mauvais match samedi ! (Rire)

Mais Toulouse est peut-être moins rayonnant que la saison dernière…

Peut-être que c’est plus difficile pour eux en Top 14 cette saison. Mais toutes les autres équipes savent à quel point elles doivent être fortes pour battre Toulouse, et toutes essayent d’élever leur niveau. On sait que quand les Toulousains sont à 100% ils pourraient battre les All Blacks. Ils pourraient battre n’importe qui d’ailleurs. On ne peut pas les arrêter parfois et on espère qu’ils seront à 85 ou 90%. On a un immense respect pour eux mais si on joue aussi à notre meilleur niveau on peut les battre.

Rêvez-vous de retrouver le Racing en finale de la Coupe d’Europe à la fin du mois ?

Oui, ce serait mon rêve ! (Rire) J’adorerais ça. On en rigolait avec mon coach la semaine dernière, en disant "imagine, on joue le Racing en finale". Le Racing a un bon tableau de l’autre côté, avec Sale ce week-end et probablement La Rochelle ensuite (La Rochelle reçoit Montpellier samedi). Le Racing sera peut-être en finale. Nous, on a encore de gros matchs avant (contre Toulouse donc puis le vainqueur de Leicester-Leinster). Samedi, face au tenant du titre qui viendra à Dublin, ce sera sûrement le plus gros match de notre saison.

Jean-François Paturaud