Coupe du monde 2019: Les Bleus déjà dans le dur

Louis Picamoles face à l'Angleterre - AFP
A Kyoto, lorsque la Nouvelle-Zélande est sortie du chapeau pour se retrouver dans la poule B, en compagnie notamment de l’Afrique du Sud et de l’Italie, l’effet papillon du tirage a engendré un léger soupir de soulagement au sein de la France du rugby. Mais il fut de courte durée. A ce moment-là, les Français savaient que l’Argentine, adversaire le plus coriace du chapeau 3, les accompagnerait. Et lorsque l’ogre anglais a rejoint Français et Argentins pour compléter cette poule C, les observateurs ont réalisé la difficulté de ce premier tour de cette Coupe du monde 2019, pas encore débutée mais déjà imaginée.
La fameuse poule de la mort… qu’elle soit lente ou brutale, a de fait toujours fait une victime parmi les nations qui la composaient: le Pays de Galles en 1995 (éliminé par la Nouvelle Zélande et l’Irlande), l’Argentine en 2003 (Australie et Irlande), l’Irlande en 2007 (France et Argentine), l’Ecosse en 2011 (Angleterre et Argentine) et enfin l’Angleterre en 2015 (Australie et Pays de Galles) dans ce qui est le plus grand fiasco de l’histoire de cette compétition jouée à domicile par les Anglais… qui ne manqueront pas d’esprit de revanche.
Pas de round d’observation
Les Français, bien que présents dans le chapeau 2, vont vraisemblablement avoir à faire face à la phase de poule la plus ardue de leur histoire, plus encore qu’en 2007 où ni les Argentins ou les Irlandais ne faisaient autant figure d’épouvantails comme les Anglais actuellement. Certes, l’Argentine est aujourd’hui descendue au 9e rang du classement mondial. Mais elle reste une équipe extrêmement difficile à manœuvrer, quart de finaliste et demi-finaliste des deux dernières éditions. Et on ne reviendra pas sur la propension de ses joueurs à se souder sous leurs couleurs. Quant à l’Angleterre… la machine de guerre (deuxième au classement mondial derrière les Blacks) dont en a fait le sélectionneur Eddie Jones, qui a remporté les deux derniers Tournoi des 6 Nations (dont un Grand Chelem), n’a qu’un seul et unique but: soulever le trophée William Webb Ellis en octobre 2019.
Le sélectionneur Guy Novès en est conscient: "L’Angleterre était, avec la Nouvelle-Zélande, l’épouvantail que tout le monde voulait éviter. On l’a dans notre poule. On est conscient que le match contre l’Argentine sera déterminant. On a rivalisé avec eux l’an dernier, comme on a rivalisé avec les Anglais. On a deux ans pour préparer ces matches." A noter que Français et Anglais ne se sont jamais rencontrés en phase de poule. Nous avons croisé la route de nos "meilleurs ennemis" deux fois en demi-finale (2003, 2007), deux fois en quart de finale (1991, 2011) et une fois pour la troisième place (1995), avec un bilan de deux victoires et trois défaites. Enfin, concernant les deux autres équipes de cette poule C, derrière les appellations "Amérique 1" et "Océanie 2" se trouvent potentiellement soit les Etats-Unis ou le Canada (qui s’affrontent en matchs aller et retour le 24 juin et le 1er juillet) et soit les Iles Fidji ou les Samoa (voire les Tonga mais c’est plus improbable) qui disputent entre eux en juin et en juillet un tournoi qualificatif.
Pas de répit donc pour le XV de France qui a moins de deux ans pour arriver au Japon fort de quelques certitudes. Et, comme l’a dit ce mercredi le président de la fédération française de rugby, Bernard Laporte: "Si on veut être champion du monde, peu importe la poule. Si on veut être champions du monde, il faut battre tout le monde. Donc il faut y aller en se disant : on veut être champion du monde, même si on sait que ça sera difficile parce que tout le monde veut l’être." Et que contrairement à l’édition précédente (Italie, Roumanie, Canada avant le choc contre l’Irlande), il n’y aura pas de round d’observation.