Coupe du monde de rugby: avec les quarts, peut-on vraiment dire que la compétition démarre maintenant?

La démonstration du XV de France face à la Namibie (96-0) n’est pas une exception : un quart des matchs de ce Mondial de rugby 2023 se sont soldés par une victoire de 50 points d'écart ou plus. Sept rencontres ont même vu les deux équipes se quitter avec 70 points d’écart. A l’image de l’équipe de France, la plupart des favoris n’ont pas vraiment tremblé pendant cette phase de poules. A tel point que l'idée se renforce d'une compétition qui ne démarre réellement que ce samedi, avec les deux premiers quarts de finale de la compétition.
Les petites nations, des "sparring-partners"?
Didier Retière, ancien entraîneur adjoint du XV de France entre 2007 et 2011, l’affirme, les meilleures équipes du monde sont même programmées pour être à leur top niveau à l’approche des quarts de finale: "L’intensité va monter d’un cran, ça va être du très haut niveau. Pour les nations qui visent le titre, il y a un peu une coupe du monde en deux parties. La phase de groupe est assez facile à gérer. Les grosses équipes vont toujours en quarts, dans la plupart des cas. On prend d'ailleurs cela en compte dans la préparation : on cherche à atteindre notre pic de forme au moment des quarts."
Cette phase de groupes était finalement une formalité pour certaines équipes. "Sans être méprisant, on peut dire que la Namibie a servi de sparring-partner à l’équipe de France, pour préparer la suite de sa compétition", ajoute Didier Retière, aujourd’hui directeur du développement sportif de l'ASM Clermont Auvergne. Il rappelle tout de même que ces méthodes peuvent se retourner contre les favoris du tournoi, à l’instar des Australiens, éliminés dès la phase de poule.
"Maintenant, on rentre dans le dur!"
Fini les promenades de santé et les scores fleuves: les matchs vont désormais se corser pour toutes les équipes. Philippe Saint-André, sélectionneur des Bleus entre 2011 et 2015 avertit tout le monde: "Maintenant, on rentre dans le dur! Les deux quarts de finale à Paris (France-Afrique du Sud et Irlande - Nouvelle-Zélande ndlr), ça pourrait être des finales de Coupe du monde."
Philippe Saint-André tient cependant à relativiser le niveau global de cette phase de poules. Pour lui, la compétition a commencé depuis longtemps: "C’était peut-être long pour les non-initiés mais moi, je me suis régalé. J’ai trouvé que certains matchs étaient exceptionnels, et on a eu pas mal de belles surprises, finalement." A l'instar de la performance des Fidjiens, qui ont "éliminé" les Australiens.
L’ancien joueur du XV de France Denis Charvet partage ce dernier constat. Il se réjouit du comportement affiché par les petites nations de ce tournoi: "Oui, si on parle de compétition pure et dure, on peut dire que ça commence maintenant. Oui, les enjeux ne vont plus être les mêmes, la dramaturgie et la pression non plus. Mais le tournoi est déjà réussi et exceptionnel, depuis le 8 septembre! Quand on voit la bravoure des Portugais ou des Chiliens: c’est génial! ”
De son côté, l’organisation du tournoi considère que la compétition a débuté il y a bien longtemps. Sans évoquer le volet sportif, elle met en avant les audiences record, et l’engouement qui s’est créé autour de cette Coupe du monde. Plus de 1,8 million de spectateurs sont venus assister aux matchs de poules, un total déjà supérieur au chiffre de fréquentation pour l'édition 2019 au Japon (1,7 million de spectateurs).