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France - Nouvelle-Zélande : un terrible enfer pour finir

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On rêvait aux exploits du passé. On doit se contenter de la terrible réalité du présent : laminé neuf essais à un (62-13) par les All Blacks ce samedi à All Blacks, le XV de France sort du Mondial en quart avec la pire défaite de son histoire dans cette compétition. La page Philippe Saint-André, sélectionneur au bilan catastrophique, se tourne sans regret.

Quatre ans à réclamer de la patience. A promettre monts et merveilles une fois la compétition planétaire arrivée. A écouter Philippe Saint-André, ces 48 derniers mois, défaites qui s’accumulaient ou pas, on allait voir ce qu’on allait voir à la Coupe du monde. On a vu. Et c’est un désastre pour le XV de France. A la rue il y a une semaine contre l’Irlande, qui les avait étouffés et privés de cuir, les Bleus n’ont pas pu sonner la révolte à l’heure du quart contre les All Blacks. Pas pu car trop limités et dépassés dans tous les secteurs. On leur promettait l’enfer à Cardiff, cadre de l’exploit contre les hommes au maillot à la fougère au même stade de la compétition en 2007. Ils l’ont vécu. Une démonstration néo-zélandaise conclue sur une humiliation 62-13 et qui résume le mandat d’un sélectionneur tricolore qui va désormais laisser sa place à Guy Novès pour une nouvelle histoire qu’on espère plus brillante.

Seul sélectionneur français moderne sous les 50% de victoires au terme de sa mission, incapable de gagner le Tournoi lors de ses quatre ans sur le banc, Saint-André restera aussi le premier coach à avoir mené le XV de France à une élimination en quart de finale de la Coupe du monde depuis le duo Daniel Dubroca-Jean Trillo en 1991. Et quelle claque… Les observateurs voulaient pourtant rêver à l’exploit. Rappeler les prouesses du passé, 1999 et 2007, pour convoquer les espoirs du présent. Mais malgré quelques rares fulgurance des Français, qui auront montré un visage plus fringant que contre l’Irlande pendant une dizaine de minutes en première période puis dans les cinq premières de la seconde, le constat était limpide.

Plus grosse défaite en Coupe du monde

Il y avait bien un monde, et même plus, entre ces Blacks et ces Bleus. Un écart énorme dans la qualité de jeu comme dans la puissance, à l’image du deuxième essai surpuissant du bulldozer Julian Savea, qui renversait trois joueurs tricolores sur son chemin vers l’en-but. En manque de talent et de génie, les Français compensaient parfois par le courage et le mental. Mais les Blacks ont tout détruit, jusque ça, à l’image d’une fin de match où les joueurs tricolores ont lâché et vu les champions du monde en titre (qui retrouveront les Springboks en demie) enquiller les essais. Résultat ? Plus grosse défaite et plus grand nombre de points concédés de l’histoire du XV de France en Coupe du monde. A deux points du plus gros revers de l’histoire d'une sélection (61-10, déjà contre les Blacks en juin 2007) qui n'aura battu que l'Italie, la Roumanie et le Canada dans ce Mondial.

Les Néo-Zélandais, qui mènent désormais 5-2 contre les Bleus dans la compétition planétaire, auront laminé de tristes coqs… neuf essais à un (signé Louis Picamoles). Dans ce Mondial, seules l’Australie (65 contre l’Uruguay), l’Afrique du Sud (64 contre les Etats-Unis) et l’Argentine (64 contre la Namibie) auront mis plus de point sur un match que les Blacks face aux Bleus… Terrible. Au-delà de la honte chiffrée, l’élimination tricolore ouvre le débat sur le bilan de « PSA » et l’avenir du XV de France.

Le chantier qui attend Novès est énorme

Le premier est catastrophique et nimbé de l’absence de tout projet de jeu ambitieux. Le second fait face à une page blanche ou presque. Certains joueurs vont arrêter leur carrière internationale (Dusautoir, Mas, Papé, peut-être d’autres), d’autres vont certainement rejoindre le groupe ou le retrouver. Sortis de quatre années où leur confiance a baissé dans une courbe similaire à celle de leurs résultats, les Bleus vont devoir réinventer leur collectif pour retrouver le chemin des succès. Le chantier qui attend Novès est énorme. A la hauteur de la déception. De quatre années à vite oublier.

Alexandre Herbinet