XV de France : comment les "vieux" et les "djeunes" cohabitent

Le XV de France a cette particularité de n’être ni une équipe jeune ni… une équipe vieille. Si les Anglais, champions du monde en 2003, se basaient sur une équipe de vieux grognards avec les Johnston, Léonard, Hill, Back, Dallaglio ou Catt, si les Néo-Zélandais sont des champions du monde plutôt jeunes en 2011 quand le XV de Marc Lièvremont a été le plus âgé des demi-finalistes (avec un groupe de papas nommés Mas, Servat, Nallet, Bonnaire, Harinordoquy, Yachvili, Traille, Rougerie, Clerc), l’équipe de France actuelle, elle, par le biais de Philippe Saint-André et de son staff, propose un groupe où la différence d’âge peut atteindre quatorze ans. En l’occurrence entre le plus jeune Gaël Fickou (21 ans) et le doyen Nicolas Mas (35 ans).
Malgré ce delta, la cohabitation se passe bien. Mas, mais aussi Papé, Szarzewski, Dusautoir, Debaty, Chouly, Michalak, Parra ou encore Talès chapotent les Fickou, Ben Arous, Slimani, Flanquart, Nakaitaci, Grosso, Dulin, Guitoune ou Dumoulin. « On a des joueurs qui sont importants par rapport à leur expérience, leur vécu, le fait aussi qu’ils aient connu des Coupes du monde, souligne Philippe Saint-André. Ils sont un petit peu les garants de l’état d’esprit de ce groupe, de la préparation de matches comme ceux-là. »
« Les anciens sont un peu là pour calmer notre fougue ou nous recadrer quand on veut essayer d’y aller un peu tout seul » assure le pilier Rabah Slimani. « Tu es tout de suite rappelé à l’ordre, pas forcément par les coaches, mais par ces joueurs qui ont de l’expérience... par une ‘nuquette’ (pichenette sur la nuque) », confirme Eddy Ben Arous.
Même le staff peut être « puni »
Ces joueurs constituent le fameux comité des sages. C’est lui qui décide des amendes et des autres règles de vie. Et personne n’y échappe. A Tignes, les préparateurs physiques s’en souviennent très bien : pour des retards supposés, Atonio et Chiocci les avaient contraints à un bain forcé sur le Bump Jump, un gros matelas où on peut s’envoler si de telles masses sautent dessus lancées. On se souvient également que c’est Nicolas Mas qui a décidé de ne pas valider le sketch d’arrivée de Rémy Grosso. Une sorte de « président » du comité des fêtes, sage parmi les sages avec ses 35 ans, ses 83 sélections et ses trois coupes du monde, en comptant l’actuelle.
Cette présence protectrice, accompagnatrice, n’est pas là non plus pour inhiber ceux qui découvrent le Mondial. Les Dulin, Atonio, Grosso, Guirado et le grand Maestri peuvent être considérés comme « des ceintures noires de la déconne » ou « des distributeurs de bananes » comme le dit Atonio, des moteurs de sourires, comme les imitations de Grosso peuvent en provoquer. Le groupe « vit bien », mais pas forcément toujours ensemble, comme en attestent les petits clans parfois formés, notamment lors des sorties au restaurant.
Des soirées où souvent, les gâteaux d’anniversaires arrivent pour ceux dont ce n’est ni le jour, ni la semaine, ni même le mois. L’entraîneur des arrières, Patrice Lagisquet, s’en souvient encore. Dans un restaurant français de Croydon, une des serveuses s’est retrouvée escortée par une dizaine de Bleus poussant, goguenards, les décibels à fond : « Joyeux anniversaire Patrice ! »