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Entretien exclusif Novès: ''A Chavancy de saisir sa chance''

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Le sélectionneur du XV de France, Guy Novès, est revenu sur le forfait de Wesley Fofana, qu’il déplore, pour le Tournoi des VI Nations. En exclusivité pour RMC Sport, il explique notamment pourquoi il a préféré pour le remplacer le Racingman Henry Chavancy au Toulonnais Mathieu Bastareaud.

Guy Novès, de nouveaux visages se sont invités dans le prochain rassemblement du XV de France ? On peut évoquer un certain vent de fraîcheur.

Ce vent de fraîcheur, on l’a quand même installé il y a plusieurs mois. Ce n’est pas tout à fait nouveau. On a fait en sorte de donner la capacité à certains joueurs, parfois inconnus, de nous rejoindre, de montrer un peu ce qu’ils sont capables de faire. On est plus dans les ajustements, dans la certaine finalité d’un projet de jeu qui est installé.

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Vous avez perdu Wesley Fofana sur blessure. Est-ce un coup dur pour vous ?

C’est d’abord un énorme coup dur pour lui. Il était devenu le leader des trois-quarts. Il s’investissait énormément. Il travaillait en confiance. Le perdre comme ça, pour son club et pour l’équipe de France, avant le Tournoi, c’est vrai qu’on s’attendait à tout sauf à ça. Mais il y a des choses plus graves dans la vie. Je suis certain qu’il reviendra. C’est un énorme compétiteur. Il va, dans quelques mois, montrer qu’il est capable de revenir à son meilleur niveau.

C’était un des éléments cadres de votre équipe…

On essaie de faire en sorte de permettre à tous les joueurs de s’exprimer. Des joueurs-clés, j’espère qu’il n’y en a pas qu’un. C’est vrai que dans ce système de jeu, il avait trouvé tous ses repères, avec une certaine association, qui a démontré que face aux meilleures nations du monde, ils étaient capables de poser des problèmes. Wesley va manquer à tous ses copains de Clermont et de l’équipe de France.

Un mot sur son remplaçant, Henry Chavancy. Pourquoi l’avoir appelé lui plutôt que Mathieu Bastareaud ?

C’est un joueur qui fait des matches de qualité depuis un certain temps. Nous le suivions. Il a la chance de rejoindre le groupe. A lui de la saisir. On s’est posé la question pour Mathieu mais il est plutôt dans un profil à la Yann David ou à la Rémi Lamerat alors qu’Henry Chavancy a plus le profil d’un Gaël Fickou ou d’un Wesley Fofana. La réponse est plutôt technique. Si Yann avait eu un problème, je pense que Mathieu arriverait. Je comprends que ce soit un petit dur de ne pas entendre son nom évoquer. Peut-être qu’il reviendra. A lui de continuer à faire les efforts et à continuer à être brillant avec son club.

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La porte est-elle fermée pour Bastareaud ?

Non absolument pas. Il faut essayer d’être cohérent par rapport à notre projet de jeu. On ne veut pas s’enfermer en ne mettant que des joueurs à gros potentiel physique. On est parti avec une certaine éducation depuis un an. On va s’y tenir.

Quel bilan tirez-vous de votre travail en équipe de France avant ce nouveau Tournoi ?

Si je l’évalue de l’extérieur, c’est un bilan négatif. Maintenant, si je l’évalue depuis notre staff, nous on a la sensation qu’on a mis en place un projet de jeu qui commence à être bien intégré, dans lequel les joueurs s’y retrouvent. Ils ont montré qu’ils étaient capables de rivaliser avec les meilleures nations au monde. On tient tête aux Néo-Zélandais. Je sens que le projet de jeu est en train de permettre aux joueurs d’exprimer leur potentiel. Il y a quelque chose qui germe dans cette équipe de France. De l’intérieur, on a vraiment le sentiment que les joueurs sont heureux de jouer, de venir, qu’ils veulent faire plaisir aux supporters, à leur public, à leurs partenaires. C’est quelque chose de très important. On va essayer de rester un peu rêveur mais avec les pieds sur terre, avec l’envie de donner du fil à retordre à nos adversaires et montrer que l’équipe de France va être difficile à prendre ces prochaines années.

Quels sont les objectifs pour ce Tournoi ?

On va essayer de rivaliser un peu plus avec nos adversaires. On a gagné quelques matches qu’on aurait pu perdre, perdu quelques matches qu’on aurait pu gagner. Il faut se rapprocher à tout prix des meilleures équipes et que les adversaires se disent quand ils rentrent sur le terrain, « attention, c’est l’équipe de France. Ça va piquer. » On entre sur le terrain avec comme objectif de battre notre adversaire quel qu’il soit et ou que ce soit. On va essayer jusqu’au bout de lutter et de faire honneur à notre maillot. L’objectif est d’entrer sur le terrain en étant fier et le quitter en étant fier et que les gens qui sont venus soient fiers. On est aussi tributaire de la qualité de notre adversaire mais on va faire en sorte de les battre le plus possible.

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Quelles sont vos relations aujourd’hui avec Bernard Laporte ?

Nous avons de très bonnes relations. Il n’y a que de l’extérieur qui se dit que nos relations sont conflictuelles. On a été compétiteurs tous les deux, on a été adversaires mais toujours avec un grand respect l’un envers l’autre. On n’a peut-être pas les mêmes intérêts dans la vie. Nous sommes des gens sûrement différents mais identiques sur le plan de la compétition, l’envie de réussir, de donner le meilleur.

Vous auriez pu renoncer à votre poste en cas de désaccord avec lui ?

Oui, bien sûr. J’ai d’abord rencontré Serge Simon. Bernard Laporte, je l’ai vu il n’y a pas si longtemps que ça. Je l’avais vu de manière épisodique à Toulon dans les tribunes. Ce n’était pas du tout prévu. Serge a été très clair. Il représentait Bernard. Il m’a fait comprendre à quel point la nouvelle direction avait confiance en mon staff et moi-même. Mais il a été évoqué le fait de ne pas pouvoir s’entendre. Ça ne m’aurait pas choqué. On se serait entendu, je serai rentré chez moi et j’aurai fait certainement autre chose.

Enfin, votre nom est associé à un éventuel changement de dirigeants dans votre ancien club, Toulouse.

Quand on a passé autant de temps au Stade Toulousain et qu’on pense à moi, j’en suis très heureux, très honoré, très fier. Est-ce que c’est mérité ou pas ? Je n’en sais rien. Ce qui est sûr, c’est que quand j’étais entraîneur du club, je ne suis jamais mêlé des affaires du club. Il faut savoir rester à sa place et ma place, actuellement, est aux côtés de l’équipe de France.

Propos recueillis par Jean-François Paturaud