"J’en appelle à la responsabilité des joueurs": l’avis d’Olivier Magne sur les plaquages dangereux

Olivier Magne, le rugby professionnel est-il aujourd’hui plus dangereux qu’à l’époque où vous le pratiquiez ?
Je n’ai pas forcément envie de dire qu’il est aujourd’hui plus dangereux, mais on a à faire à des comportements de joueurs qui, de par leur nature, leur éducation rugbystique, pratiquent un rugby qui peut être dangereux. J’en appelle donc à la responsabilité des joueurs pour que ce rugby reste un rugby que l’on puisse pratiquer en toute sécurité. Mais, évidemment, ça tient beaucoup à l’état d’esprit des joueurs qui doivent se prendre en main et ne pas plaquer d’une certaine manière qui pourrait mettre en danger le joueur adverse.
Percevez-vous une prise de conscience des instances rugbystiques nationales et internationales sur la dangerosité du rugby de haut niveau ?
Oui, il y a une prise de conscience importante. Il y a d’ailleurs une sévérité accrue des arbitres pour sanctionner les joueurs qui se rendent coupables de gestes qui peuvent mettre en danger l’adversaire. Toujours est-il qu’il faut continuer, insister à la vue des évènements récents qui sont imputables à des comportements dangereux, à responsabiliser les joueurs, de manière à ce que le plaquage et certaines situations dangereuses soient complètement gommées, effacées de notre jeu.
Votre sentiment sur trois des plaquages marquants de ce début de saison en Top 14 (le Rochelais Skelton contre Toulouse, le Castrais Pieterse face à l’UBB et le Toulousain Tekori à Biarritz) qui ont valu trois cartons rouges…
C’est malheureux car lorsque l’on prend ces cas-là, ces hommes, ces garçons, qui sont des gens absolument charmants. Ils se rendent compte immédiatement de leur faute et se portent immédiatement au chevet de leur adversaire. Mais c’est trop tard… Je n’ai pas envie que demain il y ait un évènement malheureux qui fasse que l’on prenne conscience de la dangerosité de ces gestes. Il faut donc que les joueurs se responsabilisent, qu’il y ait une formation dans les clubs pour sensibiliser les acteurs de ce jeu.
"Les chocs sont parfois effrayants"
A vos yeux, comment faut-il s’y prendre pour endiguer cette violence ?
Par la formation encore une fois, car elle est le cadre dans laquelle on enseigne notre sport. Une partie sur la sensibilisation de ce genre de geste est nécessaire ainsi qu’une autre sur le fait de pratiquer cette activité en allant à l’affrontement sans retenue, mais sans avoir en tête que l’on peut se blesser et subir un accident grave. De l’éducateur à World Rugby, tout le monde doit travailler dans le même sens.
Revenons sur le plaquage de Ryno Pieterse sur Maxime Lucu (qui a valu une lourde suspension de 12 semaines de suspension au deuxième ligne sud-africain de Castres). Est-ce un geste qui ne fait pas la promotion du rugby ?
C’est évident et c’est aussi pour cette raison que les acteurs de notre sport doivent prendre conscience de la gravité de leur geste par moment, et ne pas les reproduire par la suite.
La dimension physique des joueurs d’aujourd’hui joue-t-elle un rôle dans cette violence que l’on voit sur les terrains ?
Bien sûr, car ils vont de plus en plus vite, sont de plus en plus costauds et sur les zones de collisions, les chocs sont parfois effrayants… C’est bien pour cela que la formation, de l’école de rugby jusqu’aux clubs professionnels, doit mettre l’accent sur la technique de plaquage en-dessous des épaules. Les joueurs doivent, eux, se concentrer sur la bonne attitude lorsqu’il s’agit de plaquer, peut-être au niveau du nombril pour éviter des chocs au niveau de la tête.
Pour conclure, vous l’aimez toujours votre rugby ?
Oui, car c’est un sport formidable, avec énormément de belles valeurs qui ne doivent pas être entachées d’images et de gestes qui pourraient nuire à la publicité de notre sport.