Laporte : « J’en veux aux joueurs »

Bernard Laporte - -
« Les Argentins sortaient d’un Four Nations de bon niveau. Ils avaient battu l’Australie. Et ils auraient dû aussi gagner en Australie et chez eux contre l’Afrique du Sud. J’avais trouvé cette équipe en réels progrès. Ils m’avaient impressionné, même. Je crois qu’hier (samedi), ils ont confirmé, tout simplement. Pendant une heure, il faut bien le dire, il n’y avait qu’eux sur le terrain. Ils ont mis la main sur le ballon, ils ont construit. Si on veut être une grande équipe, il faut faire fi de l’adversaire, être capable de construire son jeu, d’imposer ce qu’on a envie de faire. Là, ça a été le contraire. Ce sont eux qui nous ont tout imposé pendant une heure. On n’existe pas, on est un sparring-partner. On n’est pas bon dans le combat. On se demande si mentalement, on y est. Il n’y a pas d’énergie, contrairement au match contre l’Australie. On est passif.
On ne repart de zéro. Mais on n’était pas non plus énorme. Il faut garder les pieds sur terre. On ne compte pas les Fidji. Ce n’est pas une équipe de haut niveau. Le match contre l’Australie avait donné de l’espoir. Ce gamin (Teddy Thomas) avait apporté quelque chose. C’était tout feu, tout flamme. On avait retrouvé de ce qu’il fallait, l’envie d’avancer, de cabosser les mecs, d’être ensemble surtout. Une semaine après, tout ça, on ne le voit plus. J’en veux essentiellement aux joueurs, pas aux entraîneurs.
« J’ai l’impression de perdre aussi »
On parle de la tournée de juin (trois défaites en Australie, ndlr), mais ça fait trois ans qu’on est dans la m… On se dit que ça y est, qu’on a retrouvé de l’allant, et une semaine après, on ne l’a plus. Je dis aux joueurs : ‘‘Les mecs, on n’a pas le droit de faire ça. Ce n’est pas possible.’’ Si on avait battu l’Argentine, on serait dans une situation de confiance extraordinaire à l’approche d’un Tournoi et d’une Coupe du monde. Là, patatras, tout le monde rentre chez soi. Je ne sais pas qui a dit : ‘‘On va rentrer dans nos clubs, on va progresser.’’ Tu m’excuses, mais quand on sort de là, tu dis : ‘‘Ça fait ch…, on est nul, on avait l’occasion d’enfoncer le clou, d’engranger de la confiance et on rentre chez nous la tête basse.’’ C’est tout ce qu’il faut dire.
J’en ai cinq ou six qui ont joué hier. J’ai l’impression de perdre aussi. Je les entraîne au quotidien. Ce n’est pas nécessairement toujours de la faute de l’entraîneur de l’équipe de France. Je vais parler avec eux. Je vais leur dire ma déception sur ce match et de ne pas les avoir vu enthousiastes. Je disais à Xavier Chiocci notamment : ‘‘Quand vous êtes sélectionné, c’est comme un mariage. Tout est beau, le jour du mariage. Tout le monde klaxonne. C’est magnifique. C’est après qu’on voit si on continue de klaxonner ou pas (rires).’’ »