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Michalak: "Sans résolutions, le fossé va se creuser"

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A l’issue de la déroute des Bleus contre la Nouvelle-Zélande (62-13) en quarts de finale de la Coupe du monde, Frédéric Michalak confie sa tristesse d’achever ainsi sa carrière internationale. L'ouvreur de 33 ans, sorti sur blessure au genou après 12 minutes de jeu, prône par ailleurs un changement de système pour éviter que le déclin du XV de France ne se poursuive.

Frédéric, quel est votre premier ressenti ?

Un bon retour à la réalité. On est tombé sur la meilleure équipe du monde, elle nous l’a démontré d’une belle manière pendant 80 minutes. C’est dur, ça tombe sur nous. On sent vraiment de l’impuissance face à ce genre d’équipe.

Plusieurs classes d’écart semblent exister entre les deux équipes... 

Oui, c’est flagrant. Il y a plusieurs classes d’écart et un écart qui se creuse au fil des ans. Il y a de petites équipes qui deviennent encore plus grandes, donc la France va se retrouver de plus en plus loin si ça continue comme ça.

Dans quel état était le vestiaire ?

C’est compliqué. C’est une aventure qui a duré assez longtemps et elle se finit pour nous tous de la plus mauvaise des manières. Pour moi aussi. Je pensais finir ma carrière internationale sur une meilleure note mais le corps ne suit plus.

« Triste d’arrêter comme ça »

C’est la fin pour vous chez les Bleus ?

Oui, c’est sûr. C’est très compliqué de tenir le haut niveau en permanence et mon corps ne me suit plus. C’est triste d’arrêter comme ça. Je me suis tout imaginé, avec une coupe entre les mains. Mais malheureusement, je ne m’étais pas imaginé sortir comme ça. Encore une blessure (tendons du genou gauche). Je vais maintenant me consacrer un peu plus au club et faire moins de matches chaque année.

Qu’est-ce qui a changé en équipe de France ?

J’ai connu des équipes de France qui gagnaient et on a toujours été dans ce système-là. L’écart était conséquent, il est encore plus grand aujourd’hui. On se rend compte que l’équipe de France n’est pas forcément mise dans les meilleures dispositions. J’ai vécu à l’étranger, j’ai vu d’autres choses et je pense que ce fossé va se creuser si on ne prend pas de résolutions.

La préparation physique était censée combler le retard et vous rendre pénible à jouer…

Il y avait enfin ce qui nous permettait de nous préparer physiquement. Mais malheureusement quand tu ne fais que défendre et que tu n’arrives pas à lancer ton jeu sur les touches et les mêlées, puis que tu n’arrives pas à tenir le ballon parce que tu n’es pas bon dans les rucks. Tu peux faire la meilleure préparation physique mais ce sont des détails qui font défaut, tu ne fais que défendre et contre les Blacks, ça va vite.

Votre constat est alarmant, on a l’impression que les joueurs se sentent délaissés par les dirigeants…

Non, nous ne sommes pas délaissés mais il y a un système à revoir. Après ça n’excuse pas le match qu’on a fait. On assume. Mais ce petit truc, j’en parle depuis un moment. Il y a des choses à faire que toutes les autres nations font et que nous sommes les seules à ne pas faire. Il faut se poser et parler de comment faire grandir cette équipe, car d’autres équipes arrivent en force.

Il faut qu’elle soit prioritaire ?

Oui, si on veut qu’elle gagne et permettre aux jeunes générations de connaitre ce haut niveau, il faut qu’elles puissent s’étoffer physiquement, jouer en club, jouer ces grandes nations et sentir que le niveau se rapproche.

Que vous a dit Philippe Saint-André pour ses adieux ?

Il a dit qu’il fallait rester fier malgré tout, que c’était une belle aventure pour lui, qu’il n’aurait rien changé de tout ce qu’il a fait. Mais c’est une triste sortie pour lui, comme pour nous tous.

la rédaction avec WT, à Cardiff