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Procès Laporte-Altrad: "Je ne suis pas là pour favoriser Pierre, Paul ou Jacques", clame le président de la FFR

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Lors de cette cinquième journée de procès, Bernard Laporte a été entendu sur deux affaires de sponsoring autour des maillots du XV de France. Malmené par la Présidente du tribunal, le patron de la Fédération française de rugby a été une nouvelle fois confus dans ses réponses et son argumentaire.

Deux heures et demie, debout face à la Présidente Rose-Marie Hunault, Bernard Laporte a été questionné pour cette nouvelle journée de procès sur les contrats de sponsoring des maillots du XV de France. Le président de la Fédération française de rugby (FFR) a d’abord été entendu sur le contrat d’accompagnement en vue de la Coupe du monde 2023 organisée en France. Un contrat "France 2023 by Altrad" signé à hauteur de 1,8 million d'euros avec la société appartenant à Mohed Altrad, président du club de Montpellier.

"Moi, je voulais de l’argent pour ne pas aller chercher dans la trésorerie, se justifie Laporte. Et c’est Claude Atcher qui a évoqué l’idée d’aller chercher un partenaire Coupe du monde." La Présidente va très vite mettre Laporte devant les accusations de favoritisme. Selon l’ancien rugbyman, c'est l’urgence à trouver un partenaire qui l’a plus ou moins obligé à accepter ce contrat le liant à Altrad.

"Si un autre proposait plus d’argent et qu’on me l’avait proposé, j’aurais dit oui"

"Je ne vois pas le problème. Cette société veut donner de l’argent à la Fédération, et c’est la seule qui veut nous accompagner", souligne-t-il. "Est-ce que cette urgence ne vous a pas conduit à ne pas chercher au plus large et prendre celui que vous connaissiez?", interroge Rose-Marie Hunault. "Non, je suis là pour gagner de l’argent. Je ne suis pas là pour favoriser Pierre, Paul ou Jacques. Si un autre proposait plus d’argent et qu’on me l’avait proposé, j’aurais dit oui", explique le président de la FFR.

A plusieurs reprises; la Présidente du tribunal aura haussé le ton, demandant à Bernard Laporte de répéter sa défense, ses arguments. Le tribunal souligne qu’il n’y a eu aucun appel d’offre pour ce contrat d’accompagnement. "Quelle est la réaction des partenaires officiels (à l’époque GMF, Société générale, BMW et Orange, ndlr) de la Fédération?", demande la Présidente. Réponse: "De la confusion. Certains ont pensé que c’était le sponsor maillot alors que c’était de l’accompagnement".

C'est le second contrat pour le sponsor maillot du XV de France, bien plus colossal, à hauteur de 35 millions d’euros sur cinq ans, qui vient ici au cœur du débat. A l’époque, en 2017, la Fédé doit désigner la société qui aura son nom sur le devant du maillot des joueurs. Laporte justifie ne pas être à la manœuvre de cette recherche: "Serge Simon (vice-président de la Fédération) est en charge. Je crois qu’il y a d’abord une analyse afin de connaître combien vaut le maillot. Ca a été présenté à tous nos partenaires. Ils ont répondu négativement aux 9,9 millions."

Hunault: "Atcher n’a pas entendu votre 'non' apparemment..."

Arrive enfin dans l’équation AIA, la société créée et gérée par Mohed Altrad. "Le groupe AIA a fait une proposition. Autour de cinq millions. Et c’est moi qui dit non, car ce n’est pas assez. Je veux qu’on redéfinisse un prix et qu’on le présente à tous nos partenaires", dévoile Laporte. Place à une dizaine de minutes où ce dernier multipliera les arguments face aux attaques de la Présidente du tribunal.

Puisque dans des échanges de mails entre Claude Atcher et Mohed Altrad, un accord de principe avait été donné. "Je suis contre ce mail. Jamais eu d’accord de principe. J’ai dit non à l’offre", fustige Laporte. "Il n’y a aucune trace de votre « non » dans ce dossier. Vous êtes même en copie du mail et vous ne répondez pas", rétorque la Présidente.

Qui enchaîne par différentes preuves: "Mail du 29 juillet (2017) de Claude Atcher au service marketing de la Fédération: « Dans la mise en place du contrat, tu trouveras le tableau validé avec le futur partenaire à 5,4 millions ». Atcher n’a pas entendu votre « non » apparemment..." Désarçonné, Bernard Laporte a du mal à convaincre. Cette nouvelle journée de procès se poursuivra par l’audition de Mohed Altrad. Avant d’entendre, mercredi, Serge Simon.

Léna Marjak