Coronavirus: le coup de gueule de Grisoli, ex-médecin du XV de France, contre le protocole

Le protocole sanitaire dans le monde du rugby, et plus globalement dans l'ensemble des sports professionnels, est-il démesuré? À quelques jours du début de la nouvelle saison de Top 14, déjà plombée par plusieurs cas positifs au Covid-19 et le report du match d'ouverture Stade Français-UBB, Jean-Baptiste Grisoli, ancien médecin du RC Toulon et du XV de France, considère que ces mesures de précaution doivent être allégées: "Ce qui a été fait au départ dans un bon sens, de protection de santé des joueurs, a besoin maintenant d'une adaptation beaucoup plus légère". Une position qu'il défend au micro de RMC Sport en s'appuyant sur la "réalité de terrain et, surtout, la réalité économique".
"Il ne faut pas s'en cacher, on est en train de tuer le rugby. Tous ces joueurs ont été tracés, suivis et sont prélevés toutes les semaines... Aucun employeur en France ne prélève ses salariés toutes les semaines. Ça n'existe pas. Aujourd'hui, ils ont le nez irrité tellement on leur met des coton-tiges. Ils en ont marre", déplore Jean-Baptiste Grisoli.
"Ces protocoles ne préservent de rien"
À l'heure actuelle, les clubs du Top 14 sont tenus d'effectuer des tests trois jours avant un match. À partir de trois cas positifs dans un même groupe professionnel (joueurs et encadrement), la rencontre est reportée.
"Tous ces protocoles mis en place ne préservent de rien, poursuit-il. On est à trois jours d'un début de championnat et on s'aperçoit que des matchs phares risquent de ne pas avoir lieu". Les contaminations détectées ont d'ores et déjà provoqué la déprogrammation de la rencontre entre le Stade Français et l'Union Bordeaux-Bègles prévue vendredi, le club parisien n'étant pas en mesure de présenter une première ligne.
"De l'indécence vis-à-vis des gens malades"
Jean-Baptiste Grisoli juge également "indécent" de voir les sportifs de haut-niveau monopoliser des tests de dépistage PCR à un rythme presque quotidien, pendant que les files d'attente sont de plus en plus longues pour le reste de la société.
"Avec des délais qui s'allongent aujourd'hui à plus de 72 heures, quelqu'un de malade en ville n'aura pas de rendez-vous avant trois ou quatre jours. Alors qu'un joueur de rugby, qui est sain, n'a pas de contacts et pas de symptômes, est prioritaire. (...) C'est de l'indécence vis-à-vis des gens malades dans la société. Des gens en pleine forme n'ont pas à prendre des créneaux alors qu'ils sont en pleine santé".