RMC Sport
EXCLU RMC SPORT

Top 14: "La Rochelle ? On est juste au début de notre voyage ensemble", clame O'Gara

placeholder video
Au sortir d’un triptyque à sens unique face à Bordeaux-Bègles, et la qualification en 1/4 de finale de Champions Cup désormais en poche, le manager du Stade Rochelais avance avec le plein de confiance vers les phases finales. Sa prise de bec avec Christophe Urios, son caractère bouillant, son avenir, son rapport aux supporters maritimes… Ronan O’Gara se confie à RMC Sport.

Ronan O’Gara, vous êtes resté relativement en retrait, médiatiquement, pendant la trilogie face à l’Union-Bordeaux-Bègles. Était-ce en raison du contexte bouillant autour du derby ?

Non, à cause de ma suspension de deux semaines. Il y a une règle qui dit "pas le droit de parler", une autre qui dit "ok", une autre qui… C’était une période un peu bizarre. Même si la sanction me paraît assez sévère, j’ai accepté la décision de la Ligue, je n’avais pas le droit de contester une décision arbitrale pendant le match contre le Racing.

Rien à voir, donc, avec l’accrochage avec Christophe Urios, lors de la première des trois rencontres?

Rien à voir! Je ne suis pas Français, je ne connais pas cet homme. Ce soir-là, j’étais focalisé sur mon équipe et notre jeu. C’était une grande surprise de le voir devant moi mais c’est comme ça, c’est ok, c’est parfait. Je ne suis pas un ange non plus. Par contre, le fait d’être "coupable" et d’avoir pris la même sanction que lui (simple blâme, NDLR), ça veut tout dire… Il y a des choses injustes, dans le monde. Imaginez, c’est ce que j’ai dit devant la commission de discipline, si c’était moi qui l’avais "attaqué" dans sa zone technique, je pense qu’on aurait eu un résultat différent.

"Il n’y a jamais aucune méchanceté de ma part et c’est hyper important de le dire"

Quel regard portez-vous sur les commentaires que l’on peut entendre à votre égard ? Certains observateurs ou adversaires, comme Christophe Urios, vous qualifient comme "insupportable" en plein match…

Si c’est Christophe Urios, je m’en fiche. Son avis ne m’intéresse pas. Maintenant, c’est du passé. Je sais que, dans mon rôle d’entraîneur, j’ai une responsabilité pour montrer les valeurs du rugby mais je ne suis pas un robot non plus. C’est peut-être ma force mais aussi ma faiblesse. C’est moi, je ne peux pas changer ça.

Vous avez toujours assumé ce côté clivant et passionné, de toute manière…

Oui mais crier tout le temps, ça ne sert à rien. J’ai crié pendant la période des huis clos car les joueurs pouvaient m’entendre. Maintenant, ça ne sera à rien. Il y a plein de match où je suis calme et silencieux. Avec mes joueurs, je suis capable de garder la ligne de respect tout le temps. Quand je me trompe, je lève la main et je vais devant le tribunal. Mais il n’y a jamais aucune méchanceté de ma part et c’est hyper important de le dire. Les gens qui regardent le rugby ne sont pas bêtes, ils sont capables de voir les images et de juger par eux-mêmes. Regardez ce qui s’est passé à la fin du match aller de coupe d’Europe, à Chaban, avec ce chant des supporters.

Vous faites référence aux "O’Gara" descendus des tribunes…

C’était un moment puissant. Imaginez un peu. Pour moi, c’est bizarre. Jamais je ne me serai attendu à ça. En Anglais, on dit "O’Gara" mais en Français: "O-GA-RAAAA !" (rires). Wow! On en a rigolé à la maison avec les enfants. Il y a un lien de créée entre moi et les supporters, c’est cool. Il ne faut pas le sous-estimer. On a vu des vrais supporters, une vraie équipe. C’est pour ça que je suis ici, c’est pour montrer le Stade rochelais dans sa meilleure version. Ça me donne beaucoup d’excitation pour l’avenir, je suis très fier d’être à la tête de cette équipe, avec ces supporters-là. On est juste au début de notre voyage ensemble.

Ce "chant" est intervenu quelques jours après avoir répondu au media britannique BT Sport, au détour d’une question sur l’équipe d’Angleterre, que le poste de sélectionneur ne vous laissait pas insensible. Y voyez-vous un lien ?

J’espère que tout le monde veut que je reste et moi aussi. Mes propos ont été tournés, en France, de manière à ce que ça déclenche une rumeur…Il est important de bien regarder l’entretien, qui était en direct. Bien sûr, l’Angleterre est une équipe avec un énorme potentiel. Bien sûr qu’à l’avenir j’espère entraîner une sélection nationale. Mais, là, je n’ai absolument pas dit que je voulais le boulot.

"Il n’y a jamais eu d’ambiguïté, et il n’y en a pas dans ce que dit Ronan. Il est sous contrat jusqu’en 2024 […] Il a juste affirmé une ambition qu’on connaît depuis le début", confiait le directeur général du Stade Rochelais Pierre Venayre dans un entretien au quotidien Sud Ouest, la semaine dernière…

Aucune ambiguïté. J’espère rester de nombreuses années à La Rochelle. Je n’ai que 45 ans. La sélection, ce sera peut-être pour le prochain cycle ou celui encore après.

"La trilogie contre l’UBB ? On peut parler des meilleures trois semaines depuis que je suis ici. S’il avait s’agit d’un combat de boxe, l’arbitre aurait obligé d’arrêter le match par KO ! "

Quel bilan faites-vous, jusqu’ici, de votre première saison comme n°1 dans un staff ?

Pour moi, la saison a juste commencé il y a trois semaines contre Bordeaux… On en discutera à la fin de la saison. Mais je prends énormément de plaisir, je suis à l’aise, j’ai trouvé mon rythme. Mais ce n’est pas non plus un grand changement pour moi, au quotidien. Dans le sens où, l’année dernière, j’étais responsable du rugby et Jono (Gibbes), manager. Par respect pour Jono, je devais attendre de savoir s’il parlait ou non. Cette saison, c’est moi qui donne le tempo, l’environnement et l’attitude de tout le monde. D’une certaine manière, c’est plus facile. Si ça me plait? Oui!

Avant la trilogie remportée 3-0 face à l’UBB, vous disiez ne pas parvenir encore à "juger le niveau" de votre équipe. Et maintenant ?

On peut parler des meilleures trois semaines depuis que je suis ici. S’il avait s’agit d’un combat de boxe, l’arbitre aurait obligé d’arrêter le match par KO ! Parce que là- bas, au premier match et au 8e de finale aller, on était trop forts. Au retour, à Deflandre, c’était un petit match parce qu’on a vraiment fait le job chez eux, avec beaucoup de sérénité. Maintenant, on reprend le championnat en bonne position.

La Rochelle est 3e avant la réception de Perpignan, ce samedi, et le déplacement à Toulouse, le samedi suivant…

Je trouve qu’on est beaucoup plus en confiance et dans un état d’esprit hyper positif. C’était hyper important pour mon équipe de montrer les choses - que j’ai vues à l’entraînement plusieurs fois - dans un environnement difficile. C’était le cas à Bordeaux, avec des conditions magnifiques. On a joué notre jeu et ça me plait beaucoup. Tout le monde pense qu’on a quelque chose à faire contre Toulouse, mais ce n’est pas intéressant de penser comme ça. Même si tu gagnes à Toulouse, il y a un autre championnat après. Il y a des petites batailles partout, maintenant.

Propos recueillis par Romain Asselin