Toulon : Bastareaud "au point de rupture"

- - AFP
Les visages étaient marqués, comme après une grosse gifle reçue alors qu’on ne l’attendait pas. Depuis quelques jours, les Toulonnais avaient plus fait parler d’eux pour leur recrutement toujours plus flamboyant. Comme si le titre leur tendait déjà les bras. Mais ça, c’était avant de se déplacer à Jean-Bouin, avant de se subir une lourde défaite face à un Stade Français impérial à domicile depuis le début de la saison, surchauffé par une affluence record et la possibilité de prendre le fauteuil de leader (30-6). Cette défaite a du mal à passer. Après la rencontre, rares sont ceux qui se sont attardés devant les médias. Même le manager Bernard Laporte a fait l’impasse.
Bastareaud : « Je suis un zombie »
Mathieu Bastareaud, lui, avait visiblement besoin de se confier. Fantomatique, impuissant, bien loin des sursauts de rage de vaincre qu’on lui connait habituellement, le centre toulonnais a fait pâle figure. A tel point qu’après la rencontre, l’ancien Parisien n’a pu retenir ses larmes au micro de Canal + : « Il y a des matches comme ça… On n’a pas été bons, en face ils ont été nettement supérieurs. On a été battus par dans tous les duels… » Avant de confier, en pleurs, son mal-être sur le terrain : Il y a des fois, il faut regarder les choses en face. Depuis le début de la saison, je suis un zombie, je n’arrive pas à retrouver mon niveau. Des fois, il faut savoir dire stop. Je suis arrivé au point de rupture. » Des larmes plein le visage, Bastareaud a ensuite rejoint le vestiaire. Comme assommé.
Surutilisé et fragile psychologiquement
Rupture physique ? On peut le supposer : depuis le mois de juin, le nom de Bastareaud a été couché sur 18 feuilles de matches, sur 21 possibles. Quand on sait qu'une International est sensé être limité à 30 par saison, conformément à la convention entre la Fédération et la Ligue... Mais en cette période de Noël, difficile de ne pas penser également à une fatigue psychologique. Surtout lorsqu'on se souvient du passé mouvementé du joueur, hospitalisé en 2009 dans une clinique spécialisée dans les troubles psychologiques, après les remous de ce qu'on a appelé « l'affaire Bastareaud » (ivre, il s'était blessé en heurtant une table de nuit après la défaite des Bleus face aux All Blacks mais avait affirmé avoir été agressé). De là à penser que le joueur de 26 ans est resté fragile. En sortant du vestiaire ce dimanche soir, Gonzalo Quesada avait invité le natif de Créteil à aller boire un verre. Ce à quoi Bastareaud a répondu : « Je n'en peux plus, je vais chez mes parents. »