France-Irlande: la folle histoire de la pancarte "Dupont Président", interdite au Stade de France

La Fédération française de rugby ne fait pas dans la récupération politique, mais elle recycle très bien les pancartes. La FFR a habilement su rebondir sur un excès de zèle de la sécurité du Stade de France pour transformer l’erreur initiale en ballon d’essai. C’est la belle histoire dans le match France-Irlande (30-24) du Tournoi des Six Nations, remporté par les Bleus samedi, au terme d’un combat âpre et engagé face au XV du Trèfle.
Dans les tribunes, Paul, père de famille, a vibré pour les hommes de Fabien Galthié en compagnie de son fils, Anatole (12 ans), et d’Augustin (11 ans), qui accompagnait son ami pour cette occasion très spéciale. Ce match était le cadeau d’anniversaire d’Anatole, qui venait tout juste de souffler ses douze bougies, une semaine auparavant. "On arrive bien avant la rencontre", raconte Paul à RMC Sport.
Tout ce petit monde pénètre dans l’enceinte de Saint-Denis "une heure avant le match", avec une pancarte sur laquelle était inscrit "Dupont Président", "une pancarte pour rigoler", confectionnée dans la matinée. Peint le matin du match par les enfants, le fameux panneau ne va pas tarder à se faire remarquer.
Tandis qu’ils profitent des animations prévues avant le coup d’envoi, Anatole agite fièrement son message d’amour à destination du demi de mêlée de l’équipe de France, Antoine Dupont, surnommé "le ministre de l’intérieur" pour sa faculté à apporter soutien à ses partenaires, continuité au jeu, et finir les actions.
"Ils l’ont filmé, ça passait sur l’écran géant", se souvient Paul. C’est ainsi que le service de sécurité du stade est averti du "délit" en cours. Quatre agents débarquent dans la zone et arrivent sans plus tarder à hauteur des enfants, leur réclamant la pancarte. Pourquoi ? Parce que celle-ci est interdite, en raison de son message jugé potentiellement politique. Le père de famille vole au secours de ses enfants et tente d’argumenter, en vain.
Les agents informent le père que la pancarte pourra être récupérée à la consigne après le match. "Les enfants étaient très déçus, très tristes", raconte Paul. Puis le match et une séance de dédicaces à l’issue de la rencontre permettent d’oublier plus facilement. Pas question pour autant d’abandonner la pancarte à son triste sort. Entre-temps, Paul, qui est journaliste, a évoqué sa mésaventure sur Twitter.
Informée de cette histoire rocambolesque, la FFR réagit aussitôt et promet de prendre l’affaire en main. Résultat des courses: plus aucune trace de la pancarte à la consigne. Le panneau avait disparu, volatilisé, sans que personne ne sache ce qu’il était advenu de ce message qui a fait trembler la République. A ce sujet d’ailleurs, Paul ne comprend toujours pas la réaction disproportionnée face à ce qui n’était qu’un subtil clin d'œil, après tout.
"J’avoue que j’ai du mal à comprendre. Si les gens veulent trouver de mauvaises interprétations, ils en trouveront toujours. Il n’y avait aucun message politique derrière ce panneau. C’est un peu une autre époque que l’on vit. La personne qui a vu ça sur l’écran, elle a aussi des consignes. Le côté "gilets jaunes", tout ça… Ils ont toujours peur du bad buzz", regrette Paul.
Incapable de mettre la main sur "l'objet du délit", Paul repart bredouille et les mains vides avec Anatole et Augustin, mais "pas dans une mauvaise ambiance". Ce n’est qu’une fois à bord du RER que la nouvelle tombe. La pancarte n’a jamais disparu, elle est même tombée entre de bonnes mains, celles de son destinataire.
La FFR a fait mieux que restituer la pancarte aux enfants, elle a sans doute exaucé leur vœu le plus cher en confiant leur création à Antoine Dupont en personne, qui a posé avec dans le vestiaire. Un habile coup de comm’ qui a illuminé les visages de ces deux enfants: “Ils étaient aux anges", confie Paul avec le sourire. Transportés de joie comme sans doute personne ne l’a jamais été à bord d’un RER.