XV de France. Dusautoir: "Je suis très admiratif du travail de Guirado"

Thierry Dusautoir continue de suivre l’actualité du XV de France. Retiré des terrains depuis mai 2017, des Bleus après la Coupe du Monde 2015, il a retrouvé ses anciens coéquipiers la veille de France-Afrique du Sud, à Marcoussis, lors de l’inauguration du stade Pierre Camou (en hommage à l’ancien président de la FFR décédé). Et il a croisé Guirado, avec qui il a une relation particulière. D’ailleurs ce dernier a vécu lui-même 26 de ses 62 sélections avec Dusautoir comme capitaine. De quoi bien se connaître.
>> XV de France: Tony Yoka à l'entraînement avec les Bleus
Quel regard portez-vous sur "le capitaine" Guilhem Guirado?
Je trouve que c’est un capitaine qui est vraiment méritant, dans une situation compliquée pour le XV de France. Avec une victoire qui a mis du temps à arriver après cinq défaites, avec un changement d’entraîneur… il est toujours aussi vaillant sur le terrain, avec une volonté d’emmener ses coéquipiers dans son sillage. Donc c’est quelqu’un d’extrêmement méritant et je suis très admiratif du travail qu’il fait aujourd’hui.
Est-ce que son rôle de capitaine est en lien avec sa personnalité, l’homme qu’il est?
Chacun exerce le rôle de capitaine en fonction de ce qu’il est. C’est la meilleure façon de bien faire les choses, ne pas jouer de rôle. Et on le voit à chaque sortie, Guilhem est quelqu’un de généreux, pas quelqu’un qui va forcément chercher les lumières. En revanche, tous ses coéquipiers peuvent compter sur lui et ils s’en sont rendus compte. Même si les résultats, dans l’ensemble, ne sont pas au beau fixe, on sent une adhésion de la part de ses coéquipiers. Et ils feront le maximum pour qu’il puisse connaître un ratio de victoire plus important.
Quelle relation avez-vous tous les deux?
Déjà, c’est un ami. Et ça, depuis de longues années. On a joué à de très nombreuses reprises ensemble. C’est quelqu’un avec qui j’ai une belle proximité depuis longtemps, donc effectivement, je lui envoi des messages ou on s’appelle. Pour parler de la famille, de tout et de rien. Et lorsqu’il y a des matchs internationaux, il nous arrive d’en parler. De la situation, on échange sur ce qu’il peut connaître aujourd’hui et moi je peux lui faire un retour d’expérience de ce que j’ai pu vivre. Tout simplement.
Quel conseil pouvez-vous lui donner?
Ces situations-là, j’ai pu les vivre en mon temps. Le rôle de capitaine est assez particulier dans ces moments. On est jugé sur deux tableaux. Le premier sur la performance individuelle mais aussi sur la performance de l’équipe. On aura toujours quelque chose à dire sur le capitaine. Donc c’est important d’avoir des gens avec lesquels échanger, pour pouvoir parler de ses certitudes comme de ses doutes. Moi en tous cas, quand j’étais capitaine du XV de France, j’ai pu compter sur certaines personnes qui m’ont aidé à passer ces périodes difficiles. Voilà, c’est tout simplement un soutien amical que je viens apporter à cette période-là. Comme je suis heureux de parler de choses beaucoup plus simples et légères dans d’autres circonstances avec lui.
Est-ce que vous vous ressemblez en tant que capitaine?
Je ne saurai pas le dire parce que je ne l’ai jamais eu en tant que capitaine. Après, au niveau de la personnalité, peut-être qu’on se ressemble dans la mesure où on n’est pas très extravertis. Notamment au niveau des communications qu’il fait face à la presse. On voit qu’il est concentré, qu’il n’est peut-être pas relâché comme on attendrait d’un bon communicant. Mais moi j’étais exactement pareil. Donc je sais très bien l’état d’esprit dans lequel on peut être dans ce moment-là, concentré sur l’objectif. Et on n’a pas forcément le temps, ni l’objectif, de bien habiller la mariée. Il a d’autres préoccupations à cet instant-là. Son but c’est vraiment que le XV de France retrouve le chemin de la victoire et il a raison de se concentrer sur cet objectif-là.
C’est quoi un bon capitaine?
Encore une fois, un bon capitaine, c’est quelqu’un qui rassemble et qui est suivi par ses coéquipiers. Donc aujourd’hui, je pense que c’est le cas. En cela, oui, c’est un bon capitaine. Après, en fonction des sensibilités des uns et des autres, on préférerait un capitaine plus extraverti, plus discret, qu’on voit plus ou moins dans le jeu. Chacun préfèrera le type de leader qu’il souhaite. En revanche, ce qui est important, c’est qu’il ait l’adhésion de ses coéquipiers, qu’il soit rassembleur. Et je pense qu’il coche toutes les cases à ce niveau-là.
Pour terminer, un mot sur le XV de France. Est-il en progrès ou pas?
Je pense qu’il s’est donné beaucoup d’air. C’était le plus important. Il fallait casser cette dynamique négative de cinq défaites d’affilée. Gagner c’est important en général. Mais en sport de haut niveau encore plus. Le fait de se dire : "on est capable de sortir du terrain avec le sourire, de tout donner et d’être récompensé". Maintenant je pense que d’ici la Coupe du Monde, ce qu’il leur faudra absolument, c’est rebâtir leur confiance. Parce que je pense que ce n’est pas uniquement à partir de ce match là que la confiance est revenue. Vous savez, le doute est un nuage qui plane au-dessus de la tête et qui peut revenir à tous moments. Donc il faut qu’ils réussissent à avoir un match référence ou du moins sur lequel avoir des certitudes sur leur jeu. Sur ce qu’ils peuvent produire, pour arriver sur la Coupe du Monde avec des certitudes. Ils ont un an pour construire cette confiance-là. C’est peu finalement. Quand on voit les performances d’autres nations, comme celles du Nord comme l’Irlande ou l’Angleterre, elles ont enchaîné les grosses performances ces dernières années. Mais bon, c’est le temps qui leur reste donc ils n’ont pas trop d’options. En tous cas, aujourd’hui je suis avec eux et je pousserai derrière eux.