XV de France - Kayser : "Aucune garantie pour qui que ce soit "

Benjamin, vous êtes un ancien mais c’est votre première préparation pour la Coupe du monde. Ressentez-vous une certaine excitation ?
Oui, sans aucun doute. J’étais presque surpris en 2007 d’être sur la liste cachée, en 2011 je n’avais pas fait deux bonnes années avant donc je ne méritais pas d’y être, c’était normal. Mais je m’étais toujours dit qu’il y avait une Coupe du monde dans ma ligne de mire depuis 2011, où j’étais conscient d’être passé à côté de quelque chose. Je m’étais un peu fixé cet objectif, même si c’était loin et complétement inaccessible à cette époque-là. Donc je suis ravi. Maintenant on est loin de la Coupe du monde. C’est assez bizarre parce qu’il y a une préparation, deux mois à vivre et toujours malheureusement des soldats qui tombent. Et puis un groupe de 36 qui sera réduit à 31. Honnêtement, on n’a aucune garantie pour qui que ce soit. J’arrive avec beaucoup d’appétit, d’enthousiasme et pour une fois qu’on a du temps pour se préparer, j’aimerais savoir à quel point je peux progresser.
Est-ce aussi excitant de se dire que l’on peut se rapprocher du niveau des nations du Sud grâce à cette longue préparation ?
Oui et non. On se rend compte que les meilleures nations du monde pratiquent un rugby particulièrement intense à et forts temps de jeu, mais en même les trois ou quatre meilleures nations ne jouent pas toutes le même rugby et tout le monde ne joue pas le rugby des Blacks. Il ne faut pas non plus tout généraliser et se dire que notre seul moyen d’être champion du monde c’est de jouer des matchs à 50 minutes de temps de jeu effectif. L’idée c’est de se dire que si on veut vraiment faire quelque chose de grand en septembre, il faut qu’on soit capable de rivaliser avec tout le monde et ne pas être surpris. Il va falloir qu’on soit aussi capables d’imposer notre rugby, nos temps de jeu aux nations du Sud et aux autres. On ne veut surtout pas que ce soit une barrière physique qui nous empêche de faire quoi que ce soit. On va essayer de se donner beaucoup de mal pour rajouter une corde à notre arc.
Cette longue préparation permet-elle de « faire le deuil » des Coupes du monde précédentes ?
Elle n’efface rien, c’est juste qu’on se projette dans complétement autre chose. On ne repart pas de zéro car on a quand même un vécu de groupe, qu’on a gagné contre de grandes équipes, on a fait de bons matchs, mais aussi évidemment des moyens. Ça nous permet juste de rentrer dans une nouvelle compétition sans excuse. On va essayer, plutôt que d’expliquer quoi que ce soit, de bosser un maximum pour progresser.
Comment gérer la préparation et en même temps la concurrence pour avoir sa place dans le groupe final pour la Coupe du monde ?
Une concurrence saine pour moi ça n’a jamais altéré un état d’esprit qu’il peut y avoir dans un groupe. Dimitri (Szarzewski), ça fait dix ans que je suis en concurrence avec lui. Il se donne à fond, je me donne à fond, on peut jouer aux cartes ensemble et quand on se serre la main il n’y a aucun problème. Avec Guilhem Guirado c’est pareil, que le meilleur gagne. Depuis qu’on est là, il n’y a pas de mecs qui se regardent de travers avec l’intention de dire : « Lui, je vais le crever ». Il y a une concurrence, tout le monde essaie de vendre chèrement sa peau mais on va se concentrer sur le fait qu’il n’y a rien de plus important que le groupe et rien de plus important que de progresser tous individuellement.
Vous êtes trois talonneurs présents pour cette préparation, votre place dans le groupe de 31 semble quand même assurée…
On ne nous a pas dit ça. J’ai déjà vu des groupes d’équipe de France avec deux talonneurs pour une Coupe du Monde mais je n’en sais absolument rien. C’est une possibilité mais on n’a eu aucune garantie donc tant que le groupe des 31 n’est pas annoncé… Honnêtement je ne suis pas sûr qu’il y ait un seul poste où tout le monde soit complètement établi, à part le capitaine mais ça c’est normal.