
XV de France : les Bleus ont crevé l’abcès

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Il avait fini par taper du poing sur la table. D’ordinaire si protecteur avec son groupe, Philippe Saint-André avait tombé le masque il y a deux semaines, après la défaite à domicile contre le pays de Galles (13-20), usant de mots très durs, accusateurs, envers ce XV de France qu’il n’arrive pas à mettre en ordre de match. « On n’a pas besoin de starlettes. (…) S’il y en a qui pensent que c’est trop dur, qu’ils m’appellent. J’en prendrai d’autres… » Sans filtre, PSA avait pointé les lacunes de ces Bleus dont on attend désespérément l’étincelle. Et c’est sur ce fond de crise qu’il retrouvait ses troupes cette semaine.
Il a donc fallu parler. Les joueurs ont tenu à échanger. Entre eux, et avec les coaches, pour tenter de comprendre et réparer. Pour tenter surtout de se libérer de ce grain de sable qui grippe la machine tricolore à chacune de ses sorties. La réunion a eu lieu dimanche soir, à l’initiative de Thierry Dusautoir. « Sans le coup de gueule de Saint-André, il n’y aurait peut-être pas eu cette réunion, explique Alexandre Flanquart, qui sera titulaire face à l’Italie. C’est lié, forcément. On s’est dit ce qu’on avait à se dire. On en avait certainement besoin. On avait besoin de redescendre sur terre. »
La parole avant les actes
A l’unisson, les joueurs expriment la nécessité d’une telle initiative. « Ces réunions, ça permet de se retrouver tous ensemble, de se dire des choses qui pour certains peuvent être pesantes, et de faire évoluer les conditions de vie ou les entraînements », explique Brice Dulin. « On s’est retrouvés autour de Thierry Dusautoir. C’est lui qui a organisé la réunion, raconte Benjamin Kayser. C’était très constructif et très utile. Si les mecs avaient quelque chose sur le cœur, c’était le moment de le dire. Le pacte, c’était qu’on a une semaine de boulot et qu’il fallait passer outre les déceptions et les critiques, même si certaines font mal. On doit aller de l’avant. »
A les entendre, l’abcès est crevé. Sans faire oublier pour autant qu’après le temps des paroles vient celui des actes. « On va voir si on est des hommes et si cette réunion aura servi à quelque chose, conclut Mathieu Bastareaud. C’est bien de se réunir, de se parler, de se dire les choses, mais s’il n’y a pas d’actes sur le terrain, ça efface tout. On a besoin d’actes forts. » A savoir une victoire avec la manière face aux Italiens. Sans quoi la prochaine réunion risque d’être autrement plus musclée.