RMC Sport

XV de France: Servat veut "créer une vraie vie de groupe"

placeholder video
Ancien international tricolore (49 sélections), William Servat a quitté cet été le Stade Toulousain où il a appris son métier d’entraîneur pour rejoindre le staff du XV de France. Le nouveau responsable des avants se dit naturellement optimiste a s'est confié auprès de RMC Sport. L'ancien talonneur croit beaucoup en des lendemains heureux pour les Bleus.

William Servat, avez-vous désormais pris pleinement vos marques dans le staff du XV de France?

Oui, depuis le mois d’août, nous avons effectué quelques allers-retours avec Karim Ghezal. On a rejoint un peu les autres à la Coupe du monde et nous avons pu échanger là-bas (au Japon). Depuis, l’ouverture à Montgesty (pour le premier séminaire du staff), on se réunit toutes les semaines à Paris et lors de visites de clubs. On a déjà pu beaucoup échanger et partager le temps des trajets et des réunions. Nous sommes en train de mettre en place les bases de notre collaboration. 

A quoi a servi le deuxième séminaire en début de semaine à Hossegor?

On a essayé de voir où nous en étions, et ce qu’il nous restait à faire en vue de l’ouverture du Tournoi des VI Nations (le 2 février contre l’Angleterre). Après avoir bien déterminé le rôle de chacun à Montgesty (le 13 novembre dernier), on a davantage travaillé en vue du terrain, voir comment on allait s’entraîner et définir les structures. Nous avons aussi beaucoup échangé sur les joueurs, notre philosophie, notre manière de voir l’équipe de France, voir comment tout le monde allait trouver sa place.

Justement, quelle est la philosophie de ce nouveau staff?

C’est d’avoir une équipe, avec tout ce que cela comporte, créer une appartenance, créer une vraie vie de groupe, avec des joueurs qui se livrent, donnent de leur personne mais qui participent aussi à la victoire qui peut être extraordinaire. L’équipe de France a un objectif dans quatre ans, mais aussi le 2 février. Il y a plein de choses à voir et à préparer ensemble. 

"S'appuyer sur les bases acquises au Mondial"

Est-ce facile de concilier le court et long terme?

L’objectif est le long terme avec cette Coupe du monde 2023 mais aussi la construction de cette équipe. Au-delà du résultat, ce que l’équipe va produire, ce qu’elle va faire avec bien sûr l’objectif d’être le plus performant possible le plus vite possible. Nous aurons un échange de six entraînements, et on sait que c’est alors très compliqué de tout mettre en place en six entraînements.

On va essayer d’aller aux choses simples, prioritaires, en s’appuyant sur les bases acquises lors de la Coupe du monde. Je pense que les arrivées de Fabien Galthié et Lolo (Laurent Labit) ont déjà fait évoluer les choses, une première mise en place de toute cette stratégie et leur manière de voir le rugby. Depuis on a essayé, par la somme de nos compétences et personnalités, faire évoluer tout ça.

Quel bilan tirez-vous de la Coupe du monde pour le XV de France au Japon?

Cette Coupe du monde m’a rappelé un peu celle que j’ai eu la chance de vivre en 2011 avec des temps un peu difficiles, des moments qui ne paraissaient pas évidents, et une sortie contre le pays de Galles qui laisse beaucoup d’espoirs et de perspectives d’avenir. On a vu des joueurs capables de remobiliser et se mettre dans la performance. Beaucoup de choses vont se bâtir sur ce match, sur la responsabilité des joueurs qui ont été importants dans ce cadre-là et qui auront la possibilité lors du prochain Tournoi de prendre beaucoup de libertés et d’avancer dans ce groupe. 

"Une décision évidente mais difficile"

A titre personnel, était-ce une décision difficile ou une évidence de rejoindre ce staff?

Très honnêtement, c’était une décision évidente mais difficile. Evidente car j’ai eu en tant que joueur la chance de représenter mon club mais aussi l’équipe de France, de porter ce maillot. C’est très difficile de pouvoir penser à refuser une offre pareille dans les conditions actuelles. L’équipe de France ne refuse pas, surtout avec une opportunité de jouer une Coupe du monde en France. Tout le monde est aujourd'hui assis autour de la table, la FFR et la LNR. Ça se passe très bien dans tous les clubs dans lesquels on va. L’accueil est vraiment là, les portes sont ouvertes, il y a un échange. Le fait de pouvoir, avec Shaun Edwards, être aujourd'hui à Lyon et voir Pierre Mignoni qui nous ouvre les portes et nous donne la possibilité d’aller sur le terrain avec les joueurs, c’est ce qui fait que l’échange permettra de construire quelque chose de meilleur.

Allez-vous vous appuyer sur ce que vous a connu à Toulouse ou est-ce vraiment différent?

On a tous besoin de s’appuyer sur quelque chose de concret qui nous semble cohérent et ce que nous avons pu vivre. Bien sûr que l’expérience de Toulouse va me servir. Ce serait mentir de dire le contraire. Nous avons eu la chance d’être internationaux et cette expérience va aussi nous servir. Les sélections nous ont permis de côtoyer ce niveau. L’apport du sélectionneur et du manager, leur expérience, c’est important, tout comme la venue de Shaun Edwards, douze ans au plus niveau international et un entraîneur demandé par toutes les équipes nationales… Il a fait le choix de venir en France car il croit en ce projet. On se sert de l’expérience des uns et des autres, avec aussi de la jeunesse et parfois de la fougue. Il y a beaucoup de choses à faire avant le premier match, beaucoup de préparation. Faire une mêlée, c’est important, mais préparer une mêlée est primordial. C’est à-peu-près pareil pour notre groupe.

"Je crois beaucoup en la notion d’équipe"

Si on vous avait dit quand vous étiez joueur que vous seriez un jour entraîneur dans le staff du XV de France, l’auriez-vous vus cru?

(Rire) Non, je ne l’aurais pas forcément cru car je n’étais pas forcément persuadé de devenir entraîneur par la suite. Les choses se sont faites ensuite naturellement. Guy Novès m’a proposé d’entraîner au Stade Toulousain. Je sortais d’une carrière de joueur. J’ai été joueur-entraîneur, je ne sais pas si c’est très bien avec le recul… enfin je sais que ce n’était pas forcément très bien. (Rire) Mais aujourd'hui cette chance et cette perspective, c'est quelque chose d’extraordinaire. Je suis très fier et très heureux d’être ici aujourd'hui.

Pourquoi êtes-vous optimiste pour l’avenir du XV de France et pourquoi les supporters peuvent l’être aussi?

Je suis déjà quelqu'un de naturellement très optimiste. On se rend bien sûr compte de la tâche et du travail qui nous attend. Il y a de la compétence à tous ces postes dans le staff. On fait deux jours à Paris, on va dans deux clubs par semaine, on fait des longs trajets en voiture, on va à Toulon la semaine dernière, on fait cinq heures de route pour être reçus par des entraîneurs accueillants, on appelle des joueurs, etc… Tous ces échanges sont constructifs. C’est aussi ça qui me rend optimiste. Je crois beaucoup en la notion d’équipe et elle est en train de se créer. Ce sont les joueurs qui auront la possibilité de se donner les moyens de créer une belle histoire.

Avez-vous déjà en tête votre capitaine?

Les équipes doivent se construire et ce n’est pas encore le cas. On commence bien sûr à y réfléchir. Mais il faut d’abord connaitre les joueurs. D'ici deux semaines, on aura fait le tour de tout le Top 14. On a tous à gagner dans ce partage.

Propos recueillis par Jean-François Paturaud