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XV de France : une défaite rassurante avant les Blacks ?

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Si les Bleus se sont inclinés de justesse devant l’Australie samedi soir au Stade de France (23-25), les joueurs du XV de France ont su se transcender et faire vibrer leurs supporters. Mais les promesses entrevues face aux Wallabies suffiront-elles  à renverser la montagne All Black dans une semaine ? Passage en revue de ce qui a fonctionné et moins bien fonctionné à une semaine du choc contre la Nouvelle-Zélande.

CE QUI EST POSITIF

La promesse de jeu tenue

C’est le leitmotiv de Guy Novès depuis le début de son mandat et pour le moment, le sélectionneur et ses joueurs s’y tiennent. Le XV de France joue, partout sur le terrain, tout le temps, aussi bien dans le camp adverse que dans le sien. C’est cette détermination à jouer, totalement prégnante au milieu de la seconde période, qui a permis aux Bleus de se relancer et de jouer la gagne en fin de rencontre contre l’Australie. « La deuxième mi-temps nous permet de toucher du doigt ce qu’on peut faire quand on joue des gars de cette dimension, juge Novès. Les Néo-Zélandais sont au-dessus, ils l’ont prouvé depuis plusieurs années. On va essayer de se concentrer sur notre petit bonhomme de chemin, à avancer et on va voir si on peut leur donner mal à la tête. »

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Des Bleus disciplinés et sans bobos

Aucun carton reçu, deux pénalités concédées : les hommes de Guy Novès ont été exemplaires dans la discipline et ne se sont pas compliqués la rencontre par une expulsion temporaire. Une belle copie dans ce domaine qu’il faudra rééditer samedi prochain face aux All Blacks. Mais l’autre bonne nouvelle, c’est que si Spedding, notamment, est sorti sur saignement, aucun blessé n’est à déplorer dans le camp tricolore pour la future affiche contre la Nouvelle-Zélande.

L’apport du trio Spedding-Vakatawa-Nakaitaci

On ne retiendra pas le 5 contre 2 « croqué » par Scott Spedding en toute fin de rencontre, qui aurait permis aux Bleus d’arracher, certainement, le succès escompté face aux Aussies. Car tout le match de l’arrière clermontois a été convaincant, comme celui des deux ailiers placés sur ses flancs : les Fidjiens Nakaitaci et Vakatawa, dans un registre différent, ont fait mal aux Australiens et ont contribué à la notion de vie perpétuelle donné au ballon une fois en possession des Français. Ce trio - tout comme la doublette Lamerat-Fofana - a fait mal, très mal à l’Australie samedi. On attend désormais de les voir faire voler en éclats l’arrière-garde néo-zélandaise.

L’autorité des Bleus en conquête

Cela change des dernières années où le XV de France oscillait entre une bonne touche et une mêlée perfectible ou l’inverse. Là, les Bleus ont affiché une belle autorité sur les phases de conquête, notamment en mêlée, où ils ont pris régulièrement le dessus sur les Australiens. Sachant que ce sont sur ces mêmes phases que les Irlandais avaient réussi à faire perdre pied aux Néo-Zélandais à Chicago, la conquête et le combat seront forcément deux clés importantes du duel de samedi. A condition de tenir le rythme, tout au long de la partie.

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CE QUI NE RASSURE PAS

Le retard à l’allumage des Bleus

S’ils ont dégainé les premiers, ouvrant le score grâce à Vakatawa (17e), les Français ont ensuite perdu pied, se faisant très rapidement débordés par la vitesse des Australiens. « C’est une phase d’apprentissage intéressante sur la première mi-temps, estime Guy Novès. Le message qu’on a essayé de donner, c’est lâchez-vous, pour les mettre en difficulté, il faut jouer. » Un message reçu cinq sur cinq par les joueurs du XV de France en seconde période. Mais face aux Blacks, ils ne pourront pas attendre aussi longtemps pour atteindre leur rythme de croisière.

« On ne peut pas se permettre de ne jouer que 40 minutes contre des équipes qui sont dans le top 3 mondial, analyse Kevin Gourdon. C’est plus ça la déception, que ce drop manqué à la fin. Ce n’est pas sur ça que l’on perd le match. On était là pour gagner cette rencontre et vue notre première mi-temps, on ne pouvait pas espérer mieux même si sur un coup du sort on aurait pu gagner à la fin. »

Le gâchis face aux perches

Deux transformations, une pénalité lointaine et un drop : en tout, ce sont dix points qu’ont abandonné en route les Bleus face à l’Australie samedi soir. Un total beaucoup trop important dans un match de ce niveau, surtout lorsque l’adversaire n’est pas non plus indiscipliné. « On a donné trop de points en 1ere mi-temps », déplore Maxime Machenaud. « On échoue à deux points, avec ce drop qui passe 30 cm à côté. C’est le haut niveau, c’est les détails et encore les détails », lâche pour sa part Charles Ollivon. « C’est un paradoxe. Si Camille (Lopez) passe le drop, on gagne et les questions sont toutes positives, tempère Louis Picamoles. Là, on meurt à deux points, et les questions sont plus négatives. » Mais justes. Il faudra un pied chirurgical, pas moins, dans une semaine pour exister dans le choc à venir.

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La pression défensive, encore bien discutable

C’est probablement le point sur lequel les Bleus devront être les plus vigilants. Car il y a eu de sérieux trous d’airs dans la défense française à plusieurs moments du match contre les Australiens. Certes, les Bleus étaient là au plaquage, mais ils ont beaucoup reculé et n’ont jamais su mettre la même pression défensive tout au long de la rencontre. Résultat, le XV de France s’est rapidement retrouvé dans le dur… Un scénario qui ne pardonnera pas et certainement pas dans les grandes largeurs dans une semaine. « Ce n’est pas tous les jours qu’on joue les Blacks, c’est particulier, martèle Louis Picamoles. Il faudra vendre chèrement notre peau. »

La réaction forcément attendue des Blacks

On l’a dit plus haut. Totalement hors sujets à Chicago il y a une semaine contre l’Irlande (40-29), les All Blacks ont remis les pendules à l’heure samedi soir à Dublin (21-9) mais sans convaincre totalement. La meilleure nation au monde aura à cœur de signer une prestation de haut vol face au XV de France. Et ces joueurs ne s’attendent pas à autre chose de la part des Néo-Zélandais.

« On va jouer la meilleure équipe du monde, de tous les temps peut-être, insiste Charles Ollivon. Il ne faut se focaliser que sur eux, on va devoir mettre les mains dans le cambouis, aller défier cette grande équipe. Il ne faut pas se poser de questions, aller les attaquer comme aujourd’hui pour rivaliser avec cette équipe. » Si les Bleus craignent évidemment la réaction adverse, l’excitation de s’étalonner face aux meilleurs prend quand même le dessus. «C’est un gros défi mais on joue au rugby pour ce genre d’évènements et jouer les meilleurs, rappelle Maxime Machenaud. Il n’y a rien de tel que jouer les meilleurs pour savoir où on en est. »