"Contents de s'être reparlés", vers un apaisement au sein du CNOSF ?

Il n’y aura donc pas eu de "putsch"! La réunion, organisée ce jeudi au siège de la Fédération française de judo au lendemain du conseil d’administration du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et qui a duré plus de quatre heures, n’a pas abouti à une motion de défiance contre la présidente, Brigitte Henriques.
"L’état d’esprit est de sortir de tout ça par le haut", lâche un participant. Trente-cinq personnes, des présidents et représentants de fédérations et des membres du CNOSF, étaient présentes physiquement, quinze autres en visio-conférence. Présentée initialement comme la réunion des opposants à Brigitte Henriques, plusieurs "pro Henriques" étaient bien là. Une partie du bureau exécutif du CNOSF s'était par exemple rendu porte de Châtillon (Paris), comme le vice-président Sébastien Poirier ou le trésorier Michel Callot.
Quatre heure quinze d'échanges que les participants ont qualifié de "consensuels", avec un peu de friction tout de même en début de réunion. "On a parfois parlé de putsch, mais ce n’est pas du tout ce que j’ai ressenti en franchissant la porte, en saluant mes collègues et en écoutant le début de la réunion, assure Michel Callot, soutien de Brigitte Henriques. Le ton n'est jamais monté, chacun s'est exprimé avec beaucoup de calme et avec de la courtoisie les uns envers les autres. Ce qu’il en est sorti, c’était sans doute la nécessité pour Sébastien Poirier et moi-même de pouvoir entendre les messages portés par un certain nombre de fédérations, entendre aussi les encouragements d’autres fédérations. S'imprégner aussi d’une inquiétude assez normale dans le mouvement sportif et qui nous responsabilise par rapport aux actions à conduire dans les prochains jours et les prochaines semaines."
Brigitte Henriques toujours la femme de la situation ?
La réunion était initiée par André Leclercq, président du comité France Coubertin. Avec au cœur des discussions, la méthode de gouvernance de la présidente Brigitte Henriques. "Des personnes ont dit qu'il fallait qu'elle écoute et entende d'avantage, raconte André Leclercq. Il faut un groupe autour d'elle qui est capable de faire des propositions, réorganiser un peu la gouvernance et de faire en sorte que le système se mette à fonctionner plus normalement."
Pas de putsch donc, et Brigitte Henriques toujours la femme de la situation ? "Pour le moment oui, tempère André Leclercq. Pour le moment... On verra bien. On verra selon l'évolution. Si ça n'évolue pas, il y aura d'autres propositions qui seront faites. Mais pour le moment on est contents de s'être reparlés. Il faut se parler. Le point numéro 1 c'est d'être contents de s'être reparlés ! Il n'y a pas de putschistes ou je ne sais quoi. Ça râle, évidemment que ça râle et c'est normal. La situation n'a jamais été aussi mauvaise quand même, donc oui ça râle. Mais on se parle, on essaye de se refaire confiance pour redémarrer dans des conditions un peu plus normales en termes de fonctionnement d'une association."
Le mouvement olympique est "toujours fracturé, mais se donne une chance de ne plus l'être"
Une réunion qui aura également permis à Didier Séminet, l'ancien secrétaire général du CNOSF, limogé par Brigitte Henriques et visé par une plainte de la présidente pour violences psychologiques de s'exprimer. "J'ai apprécié le soutien que j'ai reçu de mes collègues dans une situation qui est un peu compliquée personnellement. J'en ai marre que mon nom soit associé à des choses que je ne peux pas accepter. Violences psychologiques ? Je suis juste un gars qui avait envie de filer un coup de main au mouvement sportif français, sans doute avec trop de naïveté, mais en tout cas avec envie."
Et de constater lui aussi que si "la crise est très profonde, je pense que par la volonté de chacun on est capables de sortir quelque chose. Ce qui est intéressant c'est qu'il y a des volontés communes d'aller dans un sens collectif, d'essayer de trouver une solution. Le mouvement sportif se prend en main pour essayer de trouver une solution qui permettra de sortir d'une crise inédite. Évidemment que ça a fritté un peu, évidemment qu'on s'est dit des choses... Mais on veut vraiment montrer une image collective d'un groupe qui a envie d'aider le mouvement sportif à sortir de cette crise et on ne peut pas nous en vouloir de ne parler d'une seule voix ce soir."
De là à dire que le mouvement olympique français n'est plus fracturé, la marche est encore bien trop grande. "Il est toujours fracturé, concède André Leclercq. Mais il se donne une chance de ne plus l'être. Il a envie de réparer ses blessures. Ce n'est pas possible autrement, on ne peut pas laisser les choses en l'état. On ne peut pas imaginer les Jeux olympiques avec un bordel pareil. Pour la sérénité il faudra attendre un peu... Mais on était tous autour de la table, avec des opinions différentes, et on sort tous avec la volonté de travailler ensemble à la restauration de la confiance du sport français."
Un calme apparent... avant la tempête ? "Le volcan va exploser, c’est sûr", pense un des participants à cette réunion. Et l’évolution de la situation de la présidente du CNOSF, absente à cette réunion, dans les affaires en cours à la fédération française de football à l'époque où elle occupait le poste de vice-présidente sera scrutée de près par ses opposants.