"Trahison", "hypocrisie" et boycott: ces représentants du mouvement sportif français vent debout contre la Fête du sport en période de coupes budgétaires

Si vous n’avez pas coché la date dans votre agenda, c’est ce dimanche que se tiendra la première Fête du sport. Plus de 5000 événements sont prévus partout en France pour cet événement lancé dans la foulée des JO 2024, qui verra notamment la rue de Rivoli à Paris transformée en "Boulevard du sport". Des parrains de grande renommée comme Marie-José Pérec ou Florent Manaudou seront présents pour animer une journée dédiée à la pratique du sport mobilisant 50 fédérations et dont le coût, deux millions d’euros, est financé par l'excédent du comité d'organisation des Jeux de Paris, via le fonds de dotation, auxquels s'ajoutent des contributions privées de partenaires. Voilà pour le programme.
"Pas de pertinence" pour la date
Concernant l’engouement, en attendant la réponse du public dimanche, le mouvement sportif est loin d'être enthousiaste. Il y a déjà cette date du 14 septembre. "En général, les fêtes du sport ont eu lieu fin juin", note Patrick Osouf, président du comité départemental olympique et sportif du Calvados. "Là, les associations ont toutes fait leur rentrée. Beaucoup de compétitions ont déjà commencé, il n'y a pas la pertinence."
Si le choix de la date peut sembler anecdotique, les Comités olympique et paralympique dénoncent surtout le fait que le sport, depuis les JO 2024, a "été fragilisé par les coupes budgétaires", dans une tribune signée par leurs présidentes respectives Amélie Oudéa-Castéra et Marie-Amelie Le Fur, publiée dans plusieurs médias vendredi.
"Pour nous, ce n'est pas une fête"
"Nous avons vécu cette annonce de la Fête du sport comme une incompréhension, voire une trahison par rapport à toutes les mesures qui ont été prises contre le sport", soupire Eric Morin, président du comité départemental olympique et sportif de la Manche. "J'emploie ce mot assez fort sans aucune polémique, mais c'est un constat. Quand on voit toutes les réductions qu'il y a au niveau des aides…" Particulièrement déçu par la réduction du budget alloué aux sports, le comité départemental de la Manche a pris la décision de ne pas participer à la Fête du sport." "Pour nous, ce n'est pas une fête", regrette Eric Morin.
Outre la proposition de porter un brassard rouge en signe de protestation, un appel au boycott de l'événement a été lancé par le président PS du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, pour protester contre "le choix incompréhensible" du gouvernement "de réduire le budget du sport" et notamment l'exclusion des enfants de 6 à 14 ans du "pass Sport", réservé désormais aux ados. Des décisions qui, un an après la parenthèse olympique, passent mal et provoque un vrai malaise à l'heure de célébrer le sport dimanche.
"Marre de faire semblant"
Du côté du comité départemental olympique et sportif du Calvados, c’est aussi la soupe à la grimace: "Je trouve ça complètement hypocrite", estime son président Patrick Osouf. "Au niveau du Calvados, on ne participera pas, parce qu'on en a un petit peu marre de faire semblant. On ne sait pas de quoi va être fait demain. Il y a plein de signaux très, très inquiétants pour le monde sportif. Quand on voit les athlètes qui sont abandonnés, surtout ceux qui étaient dans le domaine des paralympiques, qui ne sont plus du tout aidés, qui sont livrés à eux-mêmes, c'est scandaleux."
S’il ne veut pas occulter les problèmes financiers, Jean-Philippe Guignard, président du comité départemental olympique et sportif de Vendée, est plus nuancé : "J'évite de parler de mots de fête, parce qu'on n'est pas dans une période de fête actuellement au niveau du sport. Mais je ne veux pas participer au mouvement de boycott parce que j'estime qu'on doit être au-dessus de ça. Notre objectif est de promouvoir l'activité physique et sportive auprès du plus grand nombre. Donc, tout ce qui peut concourir à la promotion du sport, à la promotion des activités physiques, nous, le comité olympique de la Vendée, on y participera et on l'encouragera."