D’anciens joueurs de football américain portent plainte contre Netflix à cause de la série "Last Chance U"

Foot US - Image d'illustration - Icon
Accusé d'exploiter ses talents à des fins de divertissement, Netflix se retrouve au centre d'une bataille juridique impliquant six anciens joueurs de football américain ayant participé à la série documentaire "Last Chance U". Les plaignants dénoncent une exploitation de leur image et demandent 30 millions de dollars en dommages et intérêts, précisant n’avoir reçu aucune compensation pour leur présence dans la série. Selon eux, Netflix et Condé Nast Entertainment ont représenté ces joueurs de manière "fausse, offensante et préjudiciable".
La série, qui raconte les parcours des joueurs de football universitaire cherchant une seconde chance, aurait, selon les plaignants, déformé leurs histoires et porté atteinte à leur carrière.
Les accusés incluent aussi Greg Whiteley, réalisateur et producteur exécutif de la série, ainsi que l'East Mississippi Community College (EMCC) et la National Junior College Athletic Association. Les joueurs affirment que la série a manipulé leurs récits, nuisant à leur avenir professionnel.
L'affaire se concentre particulièrement sur Ronald Ollie, dont l’image dans le documentaire aurait ruiné ses ambitions professionnelles. La plainte indique que la série l’a dépeint comme un "paresseux" et "un joueur manquant d'éthique", ce qui aurait conduit à sa libération des Raiders d'Oakland en 2019 et freiné l'intérêt des Ravens de Baltimore. "L'idée qu'Ollie était un fainéant est totalement fausse", estiment les plaignants, précisant que cette représentation a saboté son avenir.
John Franklin III, Cary Sidney Reavis II, Deandre Johnson, Tim Bonner et Isaiah Wright se sont joints à la plainte, soulignant qu’ils ont été contraints de signer des contrats sans en connaître pleinement les termes, notamment la manière dont leur image serait exploitée à des fins commerciales.
"Ils ont profité de la vie privée de ces jeunes hommes"
Alors que Netflix, EMCC et les producteurs ont bénéficié des retombées financières de la série et des produits dérivés, les joueurs n’ont perçu aucune compensation. L'avocat des plaignants, John Pierce, a dénoncé l’attitude des accusés : "Ils ont profité de la vie privée de ces jeunes hommes, déformé leurs histoires et empoché les bénéfices sans en assumer aucune responsabilité."
Les plaignants ajoutent qu’ils n’ont pas eu la possibilité de consulter un avocat ni de lire les contrats dans leur intégralité avant de signer. Ils affirment avoir été manipulés pour accepter une situation qui n’a jamais été clairement expliquée. Les joueurs ne savaient pas que le documentaire serait commercialisé. La plainte souligne également qu’East Mississippi aurait tiré profit de produits dérivés mettant en scène les joueurs, sans leur verser de compensation.
Aucun commentaire n’a été fait par Netflix concernant cette plainte, et les autres accusés n’ont pas encore réagi officiellement. Cette affaire ternit l’image de la série, autrefois saluée pour sa représentation brute et honnête du football junior.
"Last Chance U", qui a duré cinq saisons avant de se conclure en 2020, a captivé les téléspectateurs en montrant les luttes et les triomphes des étudiants-athlètes. Cependant, cette procédure judiciaire soulève des interrogations sur l’éthique des documentaires sportifs, notamment sur la frontière entre la réalité et la narration construite pour captiver un public. Avec la multiplication des documentaires sur les plateformes de streaming, le procès contre "Last Chance U" ouvre un débat crucial sur le divertissement et l’exploitation des sportifs.