RMC Sport

Aux côtés de sa meilleure amie, le patineur français Guillaume Cizeron lance sa quête d'un doublé olympique

placeholder video
Champion Olympique en 2022 à Pékin avec Gabriella Papadakis, Guillaume Cizeron forme depuis mars, un couple avec sa meilleure amie franco-canadienne Laurence Fournier-Beaudry. Ce week-end à Angers, le duo se présentera pour la première fois en compétition internationale, excités et ambitieux. 

Un medley de Madonna sur quatre minutes et quelques applaudissements encore discrets. Ce vendredi midi, Guillaume Cizeron et Laurence Fournier-Beaudry ont repris leur marque, lors d'une demi-heure d'entraînement, sur une patinoire angevine qu'ils connaissent bien et qui sera demain, leur terrain de départ en attendant Milan en février prochain. 

Une complicité naturelle mais des automatismes à travailler 

Cette saison, le duo a décidé de mettre en avant le voguing. "On a voulu apprendre des meilleurs dans ce domaine", explique Guillaume Cizeron. "S'imprégner de cette culture, de l'histoire racontée, ce style né d'un besoin d'émancipation, de rêve, de fantaisie dans des communautés en marge. Il y a le côté superficiel et glamour que l'on connait mais aussi une certaine profondeur, une raison d'être dans laquelle on peut se reconnaitre, ce besoin de se prendre pour une star le temps de quelques secondes." Cette chorégraphie, le duo la travaille depuis des mois. Il a dû changer de musique dernièrement, en remplaçant le prévu Depeche Mode par Madonna afin de s'éviter les foudres de quelques juges tatillons (le thème de la saison est "les années 1990, le sigle utilisé par le couple était sorti en toute fin 1989). Le couple a continué d'avancer dans sa recherche d'automatismes.

"Guillaume, on connait ses compétences et Laurence était dans le top 5 mondial avec son ancien partenaire mais ce n'est pas en assemblant les deux meilleurs du monde que vous gagnez", assure leur entraîneur Romain Haguenauer, proche des deux patineurs depuis plus de dix ans. "En les réunissant on ne redémarre pas de zéro mais il y a une histoire à réécrire, une autre connexion, de nouveaux horizons, même artistiques, une nouvelle identité à trouver, c'est un gros challenge mais je suis assez content du résultat." La connexion s'est faite rapidement, Laurence Fournier-Beaudry étant la meilleure amie du champion olympique en dehors de la glace. "C'est une force pour nous, c'est vraiment un projet qu'on n'aurait pas fait l'un sans l'autre", reconnaît Guillaume Cizeron. "Et puis, ça facilite les choses aussi en termes de travail, parce qu'on se connaît tellement bien qu'on est capable de s'adapter très rapidement à l'autre. Le patinage en couple demande beaucoup de communication, on a besoin de se sentir, on puise dans l'énergie de l'autre et donc je pense que ça demande une ouverture, une intimité quand même très grande sur laquelle on n'a pas eu vraiment besoin de travailler ou de forcer parce qu'elle était déjà là." 

Un plateau relevé 

Les sensations en compétition en revanche, le duo en a encore trop peu. Une compétition nationale remportée à Villard-de-Lans en août dernier avant un forfait pour ce qui devait être leur première sortie internationale en Allemagne en septembre dernier (en raison de cette réflexion "absurde" selon Haguenauer d'un juge américain concernant le choix de musique) et voilà les deux meilleurs amis sur le point d'effectuer leur première sortie mondiale sur la glace de l'IceParc d'Angers ce samedi. "On est à zéro point au ranking international donc demain (samedi), ils patineront en premier, ils ouvriront le bal", se réjouit leur entraîneur, qui s'occupe également de sept des dix meilleurs paires mondiales. "C'est ça qui est intéressant, le challenge est immense. Ils vont faire face aux triples champions en titre italiens, aux médaillés de bronze britanniques du dernier mondial. S'ils venait à se placer dans ce top 3 voire gagner, on pourrait dire qu'ils seront médaillables aux prochains Jeux." 

"S'ils font 3e aux Jeux Olympiques, ce serait du jamais vu dans toute l'histoire de notre sport" 

Des Jeux qui arriveront vite mais sur lesquels ne préfèrent pas se projeter Guillaume Cizeron et Laurence Fournier-Beaudry. "C'est encore loin, on va d'abord viser les Grands Prix" assure Cizeron "En quelques mois, il y a une énorme progression qui se fait, il y a plus de fluidité, il y a des automatismes qui arrivent, de l'aisance, on arrive à vraiment faire prendre de l'ampleur à tous les éléments, les transitions, le côté artistique, la connexion, la danse, on rajoute des détails. On va arriver à 100% à Angers avec ce qu'on a actuellement. Et on sait que naturellement, les choses vont prendre de l'ampleur par la suite." Il y aura encore quatre mois de travail pour se perfectionner en espérant, même si peu de doutes persistent, que Laurence Fournier-Beaudry obtienne son passeport français obligatoire pour l'inscription du duo aux Jeux. "On est toujours en attente pour les papiers, on croise les doigts que ce soit positif", patiente la franco-canadienne.

"Je n'ai pas de stress car je n'ai pas le contrôle dessus". "C'est une question de jours, on attend le tampon final", rassure Romain Haguenauer. Afin de former enfin une équipe construite pour remporter l'or olympique en février? "Le projet n'est pas directement lié à ça", tempère leur entraîneur. "Guillaume est un des plus beaux palmarès de l'histoire de la danse sur glace et du patinage en général, il ne reprend pas que pour le plaisir ou pour être 15e. S'ils font troisièmes aux Jeux, ce serait déjà extraordinaire et du jamais vu dans l'histoire de notre sport connaissant leur récente collaboration. Les concurrents ont parfois plus de 15 ans de partenariat ensemble, il faut s'en rendre compte. S'ils vont au Jeux c'est déjà une victoire, si c'est podium c'est du jamais vu et si victoire, ce serait un exploit dans notre sport." 

Clément Brossard