
Biathlon: Fourcade ira "au plus tard, jusqu’en 2022"

Martin Fourcade - AFP
Martin Fourcade, après une dernière saison compliquée, comment abordez-vous votre retour à la compétition?
Pendant 10 ans, j’ai gagné, et une fois que la victoire était passée, je mettais tout de suite ces sensations de côté pour me focaliser sur ce qui était à venir. Finalement, j’ai fait un peu pareil avec la défaite. J’ai analysé ce qui n’avait marché pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Aujourd’hui, je ne me trimballe pas avec le fardeau d’une saison loupée, c’est vraiment quelque chose qui est derrière moi, que j’essaie d’occulter pour me projeter sur les belles compétitions à faire cet hiver.
Comment s’est passée votre préparation cet été?
J’ai fait une reprise plus progressive et je suis retourné sur des bases d’entraînement que je connaissais, qui me réussissaient. Le mois d’août a été assez chargé avec beaucoup d’entraînements et l’événement que j’ai organisé. Cet automne, je mise sur le qualitatif en essayant de préserver du repos et de la fraîcheur. C’est ce qui m’a manqué à l’entame de la saison dernière. S’il y a une erreur que je n’avais pas envie de reproduire, c’était celle d’arriver au tout début de l’hiver avec cette envie de tout casser, ne pas avoir cette lassitude d’avoir tout donné à l’automne et de se sentir en bout de course dès le début de l’hiver.
Avec le recul, avez-vous pu identifier les raisons de vos échecs l’an dernier?
J’ai essayé d’analyser, de poser des mots mais c’est difficile car ça reste des suppositions. J’ai été pris dans un timing sans autre choix que de courir, de rajouter de la fatigue à la fatigue. Je n’aime pas le mot burn-out car ça évoque une grosse fatigue mentale. C’était, je pense, une surcharge. Pas que d’entraînement mais de sollicitations, d’impératifs familiaux avec deux petites filles à la maison. Ça fait dix ans que je ne me ménage pas, que je donne énormément sur la piste et en dehors pour les partenaires, promouvoir la discipline… Mon corps m’a fait comprendre qu’il avait besoin de cette respiration au printemps.
Vous venez d’avoir 31 ans. La retraite, y pensez-vous?
Pas quotidiennement. Ce qui est sûr, c’est qu’au plus tard dans ma carrière, j’irai jusqu’en 2022. J’aurai 33 ans, j’aurai fait le tour de ce que j’ai à vivre sur la piste et il y a tellement de belles pistes à explorer que j’aurai envie de profiter de cette curiosité, de cette ouverture, de passer plus de temps avec mes filles. A la fin de la saison, en avril 2020, je ferai mon choix de savoir si je repars sur un objectif des Jeux olympiques d'hiver de Pékin 2022 ou si j’arrête. Mais quand je m’entraîne, je ne pense pas ça. Je pense uniquement à la saison qui arrive.
Vous êtes-vous fixé un objectif pour la saison à venir?
Non, pas plus qu'à Sotchi l’an dernier. Je n’avais déjà pas vraiment d’objectif si ce n’est être le meilleur athlète possible, ce qui signifiait gagner tout l’hiver, être performant sur les championnats du monde et sur le classement général de la Coupe du monde. J’ai envie d’aborder cette nouvelle saison avec le même état d’esprit.
Quels seront vos principaux concurrents?
Johannes Boe a montré l’an dernier qu’il était très fort et qu’il sera l’homme à battre cet hiver. Derrière, il y a une équipe de France extrêmement ambitieuse et douée avec quelques individualités qui peuvent tirer leur épingle du jeu. Dans le top 15 de l’an dernier, on connaît les 3 ou 4 potentiels vainqueurs de l’hiver prochain.
Quel est votre regard sur le calendrier mis en place par la Fédération internationale, dont l’éventualité de rajouter une épreuve en début de saison?
On a un calendrier bien chargé avec de belles épreuves, de belles classiques. La Fédération internationale veut dynamiser l’ouverture de la saison de la Coupe du monde, c’est une super chose. Savoir s’il y aura une épreuve en plus ou non… Je ne suis pas en confrontation du tout avec la Fédération internationale, qui a de super idées. Personnellement, je suis pour un système de finale qui se rapprocherait plus d’un Masters de tennis, quelque chose de plus premium plutôt que de rajouter une étape en début de Coupe du monde.
Sortons du biathlon pour évoquer le CIO. Succéder à Tony Estanguet, cela vous plairait vraiment?
Ça m’intéresse énormément. Ce projet, je le construis depuis des années pour essayer d’arriver légitime à Pékin, en 2022, le jour où je me présenterai pour être représentant des athlètes au CIO. Le sport aujourd’hui est un écosystème complexe avec énormément d’enjeux, d’intérêts qu’ils soient financiers, sportifs ou environnementaux. J’ai envie d’apporter mon expérience et ma motivation pour faire en sorte que les événements et enjeux sportifs de demain soient encore mieux gérés qu’ils le sont aujourd’hui.