RMC Sport

Biathlon: Fourcade en a "marre de se prendre la porte dans les dents"

placeholder video
Seulement 39e de l'individuel ce mercredi aux Mondiaux d'Östersund, Martin Fourcade est apparu très touché au moment d'évoquer sa période compliquée. Et laisse planer le doute sur sa fin de saison.

Il n’y a pas eu de miracle pour Martin Fourcade. Le quintuple champion olympique a pris la 39e place de l’individuel 20km des championnats du monde de biathlon à Ostersund, à 5'46 du vainqueur, l’Allemand Arnd Peiffer. Avec quatre fautes au tir, le triple champion du monde et champion olympique de la spécialité n’a jamais été dans la course pour monter, pour la première fois de ces Mondiaux, sur le podium. Le Français, très touché après ce nouveau revers, a livré sa "frustration" sur cette "période compliquée".

Martin Fourcade, qui veut se tourner sur le relais garçons samedi mais laisse planer le doute sur sa participation à la mass start dimanche, dernière course de ces Mondiaux... mais également sur la dernière étape de Coupe du monde à Oslo la semaine prochaine. 

Martin Fourcade, on a vu qu’il avait de grosses rafales de vent au tir…

(Il coupe) Je ne l’ai pas vue la rafale, elle y était peut-être mais ce n'est pas ce qui a coûté ma course aujourd’hui. J’ai essayé de partir fort, un peu plus fort que ce que j’avais pu faire sur le sprint, et c’est vrai que j’étais déjà très loin aux premiers intermédiaires. Et après, avec une faute d’entrée de jeu, vu les renseignements que j’avais sur la piste, je savais que c’était compromis pour un podium. C’est vrai que, même si on ne se bat pas uniquement pour le podium, c’est, sur des championnats, ce qui nous tient quand même. Je me suis vite passé au relais, car j’ai a priori... J’ai du mal à enchaîner les courses, cela me coûte physiquement cette année, et du coup je n’ai pas voulu trop en laisser pour être en forme pour le relais. 

Etes-vous résigné?

Résigné… à long terme non, à court terme c’est forcément très frustrant, c’est difficile. Mais je ne vais pas pleurer, il y a des choses bien plus graves. Oui, sportivement, c’est une période compliquée pour moi, une année compliquée, et j’ai envie de tourner la page de cette année-là. La saison n’est pas terminée. Comme je le disais, il y a déjà le relais qui arrive samedi. Mais c’est difficile de se prendre ça dans la figure à chaque fois. Parce que je me remotive, parce qu’il y a une remise en question, et c’est vrai qu’à chaque fois on espère que cela se débloque. Pour l‘instant, ce n’est pas le cas. Forcément, oui, il y a une sorte de résignation pour cet hiver, qui est difficile à vivre. 

Vous allez basculer sur le relais et la mass start, est-ce facile de se remobiliser après toutes ces claques? 

Pour l’instant je suis concentré sur le relais. C’est une course un peu différente, déjà sur un format plus court, avec un supplément d’âme. Je le vois comme ça. Cette course, je ne la fais pas pour moi sinon je ne serais sans doute pas là samedi. Je la fais pour l’équipe, et j’ai envie d’être sur ce relais pour apporter à l’équipe ce que je peux lui apporter. Parce que malgré mon hiver compliqué, j’ai clairement ma place dans cette équipe. Et au-delà d’avoir ma place, j’ai clairement une responsabilité dans cette équipe. 

Aujourd’hui, il n’y avait pas les sensations, mais on avait l’impression que vous les retrouviez un peu sur la poursuite…

Non. Sur la poursuite, je n’ai pas de gros espoirs, j’ai fait des tours plus doucement sur les premiers, donc forcément j’avais un peu plus de réserve sur la fin de la course. C’est un hiver compliqué, physiquement cela ne répond pas comme je veux. On se met à se poser beaucoup de questions dans la tête, c’est un cercle ultra vicieux. J’ai besoin que cette dynamique s’arrête. J’aimerais qu’elle s’enraille.

Vincent Vittoz, votre entraîneur, craignait avant cette course que vous ayez lâché dans ta tête?

Forcément un petit peu parce qu’il y a, à chaque fois depuis le début de saison, beaucoup de motivation. Je ne me bats pas pour une place, je me bats aussi pour des sensations, une vitesse de déplacement. J’ai l’impression qu’il n’y a que moi qui regarde la feuille de résultat avec honnêteté en me disant que c’est très mauvais, là où tout le monde me dit 'ah bah c’était bien sur le dernier tour, t’es quand même quatrième, t’as moyen de jouer le titre…' Oui tout ça je l’entends et j’en suis conscient, mais je suis le seul athlète qui navigue à une minute derrière ce qu’il faisait la saison dernière. Sans parler de lâcher la cagette ou pas, c’est une situation super dure à vivre. Etre 30% en dessous de ce que l’on faisait l’année précédente avec un entraînement qui ne le laissait pas supposer... Ça c’est dur à encaisser et j’ai l’impression que beaucoup de monde essaie de trouver des facteurs atténuants, mais pour moi, dans le plaisir que je prends en compétition, il n’y a pas de facteur atténuant. J’en ai marre d’à chaque fois ouvrir la porte, et à chaque fois me la reprendre dans les dents, à chaque compétition.

Serez-vous à Oslo la semaine prochaine (dernière étape de la Coupe du monde en Norvège)?

Je ne sais pas… Je serai au relais samedi.

Et sur la mass start dimanche?

Je serai au relais samedi, après… Aujourd’hui je me concentre sur le relais. Je sais que s'il n’y avait pas eu le relais, ce soir, le questionnement sur la suite de la saison aurait été… je me serais posé la question. Mais là, il n’y a pas de question à se poser car il y a le relais samedi et on se la posera après le relais.

Anthony Rech et Julien Richard à Ostersund