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Biathlon (Oslo): "J’ai hâte, mais en même temps je n’ai pas envie que ça se termine", confie Bescond avant sa der

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A 34 ans, Anaïs Bescond participera ce dimanche lors de la mass-start d'Oslo à sa 366e et dernière course en Coupe du monde de biathlon, avant de raccrocher. Non sans émotion, comme elle le confie à RMC Sport.

Deux piliers de l’équipe de France de biathlon, champions olympiques ensemble en 2018 sur le relais mixte vont définitivement ranger leur carabine à l’issue de la mass-start du jour à Oslo (12h50 pour les femmes et 15h pour les hommes), dernières courses de la dernière étape de la saison de Coupe du monde. Simon Desthieux a annoncé en début de semaine qu’il mettait un terme à sa carrière. Sa coéquipière Anaïs Bescond l’a imité vendredi. Les deux Bleus ont eu droit à une parade avec les autres futurs retraités du circuit samedi à l’issue des poursuites. Des dernières heures dans la peau d’une biathlète chargées d’émotions pour la doyenne de l'équipe de France.

"Je suis vraiment dans le dur, je ne dors plus depuis quelques jours et j’ai envie de pleurer tout le temps", lâche d’emblée avec son légendaire sourire Anaïs Bescond.

"Je ne me souviens que des jours de soleil. La pluie ce n’est pas grave."

Stop ou encore, la question a hanté les nuits de la Jurassienne ces dernières semaines. "A mon retour des Jeux olympiques il a fallu que je commence à réfléchir et c’était très difficile. J’étais tiraillée parce que j’avais autant de bonnes raisons de continuer que d’arrêter. J’étais même pas bien. La semaine dernière je me suis dit allez bon, j’arrête. Et annoncer ça c’est encore beaucoup d’émotions. Ça m’a soulagé de l’annoncer à l’équipe mercredi. Mais je n’arrivais pas à l’annoncer 'officiellement', je n’y arrivais pas… Mais c’est fait. Le biathlon ça a été toute ma vie d’adulte. C’est un métier passion, c’est une chance d’avoir pu vivre ça. Ça n’a pas toujours été drôle, loin de là, mais finalement je ne vais garder que les bonnes parties. Je suis comme ça, moi de la météo je ne me souviens que des jours de soleil. La pluie ce n’est pas grave, je sais que ça existe… Je suis pareil avec le biathlon. J’ai pas loin de 400 départs en Coupe du monde, donc je ne peux pas dire que j’ai eu que du kiff en 366 courses (elle prendra son 366e départ ce dimanche), mais toutes celles qui ont été bien et belles compensent largement les autres."

Dans la liste des pour et des contres, la colonne des "contre" semblait pourtant la plus remplie. "Se remettre à l’entraînement ce n’était pas du tout un contre pour moi, car j’adore m’entraîner, assure Bescond. C’est vraiment une partie du job que j’ai toujours aimé et qui va me manquer. Les courses en elles-mêmes, le fait d’avoir le dossard sur le dos et de te 'dépenailler' la tête... D’avoir les grimaces et la bouche ouverte. Ca fait pourtant si mal mais après je suis contente et ça va me manquer. Les gens que j’ai rencontrés, les amitiés que j’ai créées, les sourires et les larmes partagées ça va me manquer. La famille du biathlon va me manquer énormément."

"Je n’ai pas envie de traîner ma misère l’année prochaine"

Anaïs Bescond relève les yeux et toujours ce sourire pour lâcher: "J’ai quand même décidé d’arrêter et là en disant tout ça je me demande pourquoi (rire). Non mais ça fait 15 ans que j’ai couru ma première Coupe du monde. Ici à Oslo je partage ma chambre avec la relève, la petite Lou (Jeanmonnot), la petite jeune qui a envie et il faut leur laisser la place. L’année de trop je n’ai pas envie de la faire ce serait dommage. Je n’ai pas envie de traîner ma misère l’année prochaine et de me dire zut c’est l’année dernière que j’aurais dû arrêter."

Et au moment de se replonger dans les meilleurs moments de sa longue carrière, ce ne sont pas les trois médailles de sa folle quinzaine olympique de Pyeongchang en Corée du Sud en 2018 qui arrivent en premier. "On est à Oslo, au pied du tremplin sous le soleil, donc forcément je repense à ce podium partagé aux championnats du monde de 2016 avec Marie (Dorin-Habert) sur l’individuel (doublé or pour Dorin et argent pour Bescond)." Et les JO ? "La médaillé d’or olympique sur le relais mixte c’était énorme, celle du relais mixte des championnats du monde c’était énorme aussi. Mais cette médaille avec Marie, il y a un petit truc en plus quand même…"

Dur encore de se projeter sur la suite pour Anaïs Bescond qui aura 35 ans en mai prochain. "Ça va être enfin un peu de repos et de temps pour moi. Pour digérer tout ça parce que ça va être compliqué. Et ensuite je chercherai vraiment un projet qui m’emballera. Il y a plein de choses qui peuvent me plaire. Je n’ai pas de plan B tout de suite. Pour l’instant je ne sais pas mais j’ai plein de petites idées. Je ne voudrais pas m’éloigner complètement du biathlon, de ce sport que j’aime."

Mais avant cela, il reste donc un dernier dossard à enfiler, 12,5 derniers kilomètres à parcourir avec la combinaison bleue de l’équipe de France est une carabine dans le dos. "J’ai hâte mais en même temps je n’ai pas envie que ça se termine. Je n’ai pas envie de me dire que ce sera la dernière. Mais je suis contente, glisse-t-elle. J’ai eu un beau parcours."

Julien Richard