"Encore des courses pour aller chercher des médailles", la promesse de Clément Noël aux Mondiaux de ski

Clément Noël, ce n’est clairement pas le résultat espéré ce mercredi…
Clément Noël: Je ne peux pas dire le contraire, on n’était pas venu pour ça. On était venu, pour prendre des risques, essayer d’aller chercher la médaille. Il y a que ça qui compte sur une course par équipe. On ne retient jamais celui qui aura fait cinquième. Nils m’avait placé idéalement pour aller chercher, pour aller chasser. Il y avait peu d’écart, donc fallait jouer. Je ne suis pas très content de la manière dont j’ai skié. J’avais un feeling moyen sur la neige et je n’ai pas réussi à calmer mon ski. J’étais un peu tôt sur la trajectoire, un peu mal à l’aise, un peu aérien. C’est la première fois de la saison que l’on a de la neige salée comme ça. Je ne me suis pas adapté de la meilleure des manières. Une fois que c’est fait on ne va pas ressasser pendant des heures. C’est la course et les erreurs ça arrive. Bon c’est un discours un peu de perdant de dire ça. Bien sûr qu’on avait envie de faire autrement, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus. Une fois que c’est passé, c’est passé. Je n’ai pas été très bon. Je pénalise l’équipe. Je sais que Nils ne m’en veut pas, on a tous les deux donnés notre meilleur.
De savoir que Nils Allègre vous avait plutôt bien positionné et que vous deviez finir derrière, ça a joué dans la tête?
Clément Noël: C’est un sentiment hyper bizarre. Ce matin, je regardais la course et je me disais je vais le faire cet après-midi, c’est aussi ma course. C’était aussi hyper stressant devant la télévision. J’avais un peu de tension mais au départ j’ai évacué tout ça. Je me suis concentré sur moi. Ça reste une manche de slalom, comme j’ai l’habitude de faire. On sait au fond de nous qu’il y a quelqu’un qui attend et qui compte sur nous. Maintenant, il y a toujours des gens qui comptent sur nous, même lors d’une course individuelle. On laisse ça de côté et on essaye de faire le maximum.
Nils, on vous a vu sur l’écran géant assez stressé avant le départ de Clément…
Nils Allègre: Il ne m’a pas pris sur le meilleur angle le caméraman (rires). Forcément oui un peu stressé, mais ce n’est pas du stress qu’on arrive à gérer comme quand on est au départ. Là c’est différent mais c’était aussi beaucoup de plaisir. C’était de la tension parce que je savais qu’avec le niveau de Clément on pouvait rêver. Et donc c’est de la bonne tension. Et ça ne se termine pas forcément bien mais c’est le jeu. Comme Clément l’a dit, c’est le slalom, il a eu le bon état d’esprit, la bonne manière de faire et les fautes ça fait partie du ski. Si on ne les accepte pas on ne peut aller chercher devant.
D’entendre que Clément s’en veut presque d’avoir loupé, de l’entendre aussi à demi-mot s’excuser, ce sont des images et des propos rares dans ce sport?
Nils Allègre: J’espère qu’il ne le pense pas. Ce n’est pas comme si j’étais premier de la manche de descente et qu’il avait un boulevard d’avance. Là il était en position de chasseur, et il fallait envoyer du gros pour aller chercher devant et ça passait qu’en envoyant et c’est la manière dont il a skié. C’est le slalom, on enfourche. Ça leur arrive. Moi ça fait longtemps que je n’ai pas fait de slalom (rires). C’est comme ça.
Les Suisses signent un triplé sur ce combiné. La France, elle, n’a toujours pas de médaille. C’est frustrant?
Clément Noël: Oui, bien sûr que ça l’est. Après, c’est comme ça. Les Suisses avec leur équipe ce n’est pas une surprise qu’ils soient sur tous les podiums. Cette année, ils ont trusté les podiums en vitesse, en géant, en slalom. Ils ont la meilleure équipe du monde. Nous on fait avec nos armes. On a beaucoup de blessés surtout en vitesse. La dynamique n’est pas la même. On a beaucoup de talents, de personnes qui peuvent aller vite. Aujourd’hui, on a essayé de jouer notre carte. On n’a pas à rougir, on a fait ce qu’on pouvait. Malheureusement, ça n’a pas suffi. Pour aller chercher les Suisses devant il fallait prendre des risques. Bravo à eux. Ils le méritent. Ils bossent bien. Ils ont apparemment beaucoup de qualité dans leur équipe, que ce soit chez les coureurs comme le staff. Après, il nous reste encore des courses pour aller chercher des médailles. Moi, il me reste encore une chance, les géantistes, ils ont aussi montré de belles choses cette saison. Donc pour la vitesse c’est fini, mais il y a encore la fin de saison. Ils ne sont pas abattus et loin de là. Ils ont fait des choses qui étaient hyper intéressantes, même si ça n’a pas suffi pour aller sur la boîte. Mais nous on va essayer de faire honneur et de faire au mieux.
Clément, est-ce que vous sentez une sorte de pression supplémentaire de vous dire que les chances de médailles peuvent reposer sur toi?
Clément Noël: Non, moi ça ne m’intéresse pas. Je serais bien plus heureux si les Français avaient fait des médailles parce qu’on est une équipe et que ça joue sur la dynamique globale du groupe. Mais moi mon travail c’est de faire du mieux que je peux aujourd’hui et dimanche. Le reste, je n’ai pas le contrôle dessus. Si les autres sont bons tant mieux, je suis content pour l’équipe. Après, si on n’a pas réussi à faire de médailles, c’est hors de mon contrôle. Tout ce que je veux c’est être bon dimanche. S’il y a médaille avant ou non, moi ça ne change pas le boulot que j’ai à faire.
À la différence de Clément qui commence ses Mondiaux, pour vous Nils c’est la fin. Quel bilan, tirez-vous de ces championnats?
Nils Allègre: C’est un bilan mitigé. Mon Super G, je ne vais pas me cacher, je passe à côté. Je relève la tête quand même sur la descente. Comme a dit Clément, tout n’est pas mauvais, ça c’est clair. Je suis dans le ski en descente, juste derrière le top 3 qui était un cran au-dessus pour moi. Aujourd’hui, je fais une descente honnête on va dire. Avec la dynamique dans laquelle j’étais, j’ai l’impression que ça me relance un peu. Je vais retenir le positif de ces Mondiaux.