Grange : "Je me disais qu’en course, je n’y arrivais plus"

- - AFP
Quatre ans après son sacre à Garmisch-Partenkirchen, Jean-Baptiste Grange a remporté dimanche soir le titre de champion du monde de slalom à Beaver Creek. Après des années de blessures et de galère, le skieur n’en revient toujours pas.
Jean-Baptiste, cette médaille d’or a un goût particulier…
Oui c’est sûr. Après, celle d’avant n’était pas non plus facile à aller chercher : il fallait le faire une première fois. C’est vrai qu’une fois que tu l’as fait, c’est différent. Je n’enlève rien à Marcel (Hirscher) mais quand tu as plusieurs fois des médailles, tu abordes les choses un peu plus sereinement. J’étais stressé parce que je ne faisais pas une saison sensationnelle : je n’étais pas là où je voulais être. Et je restais sur deux mauvaises courses (21e à Kitzbühel et 26e à Schladming ndlr) donc pas en confiance. Donc de là à gagner… Je ne m’y attendais pas du tout.
Aviez-vous pensé à renoncer après vos deux dernières courses ratées ?
Ça a été dur : je n’étais pas bien. Je me souviens avoir eu ma mère au téléphone et lui avoir dit ‘’ça commence à me gonfler’’. Après c’est normal, tout de suite après la course, tu as envie de tout jeter et de dire ‘’bon maintenant je ne m’emmerde plus avec tout ça et ça ira mieux’’. Mais je me suis reposé, re-préparé physiquement, entrainé. J’étais avec Jul (Lizeroux) : il a aussi une importance dans tout le groupe. Il était comme un dingue que je sois de nouveau champion du monde. Il a connu ce que j’ai connu, voire pire. On sait tout le travail qu’il y a derrière. On s’est préparés ensemble. Il y a eu aussi un beau boulot de la part des coaches.
Comment repartir pour une telle compétition ?
Ce n’est pas simple parce qu’on prend une petite claque à Schladming. A chaque fois il faut repartir. On avait pris une claque aussi en début de saison après les deux premiers slaloms. A chaque fois, on a réagi. Je skiais bien mais je skie bien depuis un moment et je me disais ‘’en course, je n’y arrive plus, je ne sais pas si j’ai encore la force’’. Parce que c’est ce que tu as dans le ventre qui te permet d’aller chercher une médaille ou un podium.
Que penser de la contre-performance du favori Marcel Hirscher ?
Ça ne se fait pas juste en claquant des doigts. Et ce que fait Marcel (Hirscher, qui a enfourché ndlr), chapeau. Ou même Pintu (Alexis Pinturault, lui aussi disqualifié ndlr) : il arrive avec beaucoup de pression, il est encore jeune, on lui parle de gros globe ou de faire quatre médailles aux championnats du monde. Il repart avec une médaille de bronze. L’apprentissage n’est jamais évident. Même Marcel en a bavé au début.
Julien Lizeroux était en pleurs…
On est revenus de blessure un peu ensemble : on a fait notre retour sur les skis à un mois d’intervalle fin 2012. Après, on a des caractères vraiment différents mais je pense qu’on se complète bien.
Pourquoi s’accroche-t-on dans ces moments-là ?
Parfois il faut laisser passer un peu de temps parce que tu n’as pas envie de t’accrocher, tu en as marre. Après tu t’accroches parce que le ski, c’est une passion à la base. Il y a la passion de la compétition aussi. Ça t’aide à t’avancer même si parfois, ça t’auto-détruit aussi parce que tu n’arrives pas à faire ce que tu veux.
Etes-vous fier de vous ?