Kitzbühel : la Streif, cette piste qui fait peur aux skieurs

Un paradis, mais aussi un enfer. La Streif, piste de Kitzbühel que les descendeurs dévaleront ce samedi (11h45), est un monstre à deux têtes. La Mecque du ski, mais aussi l’épreuve de Coupe du monde qui effraie le plus. La Streif, c'est comme plonger dans un volcan en éruption disait l'ancien skieur autrichien Stephan Eberharter. Au départ, la peur accompagne tout le monde. « Tu sais que c’est bientôt ton tour. Tu commences un peu à avoir des nœuds dans l’estomac et il faut savoir les gérer », raconte le Français Guillermo Fayed.
« J’ai eu peur, reconnaît Luc Alphand, trois fois vainqueur à Kitz (deux fois en 1995 et une fois en 1997). Tu arrives ici, tu te dis : "Oh c’est difficile". Tu te mets au départ, tu te dis "Ouh là, ça va être chaud". Quand tu n’es pas en confiance, tu doutes. C’est l’une des rares courses sur le circuit où il y a un peu de silence dans la cabane de départ. Il y a une sorte de sérénité, pas trop de bruit. Par contre, quand tu arrives en confiance, après tu peux attaquer la piste, ce n’est pas elle qui te saute au visage. »
Théaux : « On est à moitié en l’air, limite en lévitation »
Pourtant, cette peur ressentie dans le mur de départ ne s’estompe pas lorsque les skieurs s’élancent. Au contraire. Avec un passage de 0 à 100km/h en six secondes après le départ, avant le saut de la Mausefalle, le risque est maximal. « C’est un saut dans un trou de souris, résume Fayed. Tu n’as pas trop le droit à l’erreur même si maintenant on a un bout de ligne droite. Il faut partir un peu comme un lion. Tu n’as pas trop le droit à l’erreur là-bas donc tu le sais. Tu fais un beau saut entre 40 et 50 mètres, tu en es à cinq secondes de course. Et derrière, ça accélère fort. C’est un passage vraiment sympa mais on le respecte, il ne faut pas faire n’importe quoi. »
Les difficultés s'enchaînent ensuite jusqu'au schuss final ... à 140km/h, avec des mouvements de terrain qui malmènent les skieurs. « On est à moitié en l’air, limite en lévitation, comme un bateau qui tape sur les petites vagues, explique Adrien Théaux. Nous, c’est un peu la même chose sauf qu’on a les skis accrochés à nos pieds et on espère que ça tienne. »
Fayed : « Tu passes vite du plaisir à l’enfer »
Tenir pour voir le clou du spectacle, une raquette d'arrivée où attendent près de 50 000 spectateurs. Et vivre des sensations inoubliables. « C’est quand même extrême, souffle Fayed. On doit gérer la peur, la dominer et ne pas se laisser impressionner. C’est un petit combat envers soi-même. Quoi qu’il arrive, une fois qu’on est debout en bas, c’est déjà bien. Tu passes vite du plaisir à l’enfer, c’est comme l’amour (rires). De l’amour à la haine… »